Mon lycanthrope favori

Chapitre XLV : La lumière sur une zone d'ombre

Après un assez long et délicieux moment passé ensemble, Amaryllis et moi redescendons au rez-de-chaussée.
Malgré ma forme humaine et le fait que j'ai subi une attaque à l'argent, ma jambe est en bonne voie de guérison. Je récupère assez vite, même pour un loup-garou. Mais je ne suis pas vraiment surpris, vu la réaction de mon père lors de ma première transformation il y a plusieurs mois...C'est vrai qu'elle était plutôt puissante, quand on y réfléchit à deux fois. Au risque de me répéter, normalement, pendant notre première pleine Lune, lors de notre première transformation, on devient un loup hybride, la forme que j'appelle le loup bipède moche et accessoirement hybride, alors que moi, je suis devenu directement un loup. Sans transition.
D'après mon père et mon grand-père, c'est une marque de puissance et de potentiel caché très rare chez les lycanthropes. Et depuis là, mon grand-père dit que c'est moi qui ai vraiment l'étoffe pour devenir le prochain alpha des Primus.
Il est vrai, sans me vanter, qu'en à peine quelques semaines d'entraînement, j'atteignais le niveau de Greg, qui a eu sa première transformation il y a plus de dix ans et après quelques mois, j'atteignais Georges, dans le même cas que Greg avec quelques années de plus. Mais psychologiquement, comme je le disais une fois à James, je suis encore plus humain que loup-garou. Et je pense que je ne démorderai jamais de cette idée comme quoi ma nature de lycanthrope est une, ou ma seconde nature et non pas ma vraie nature. Ma vraie nature est plutôt composée des deux...

On s'assied sur le canapé foncé du salon et on attend.
Ma grand-mère arrive lentement par la porte, qu'elle a ouverte. Elle saigne un peu à la tempe mais rien de grave.
Quand soudain, à sa suite débarquent dans un chaos sans dessus ni dessous les membres de ma famille au complet avec un air épuisé, dégoulinants de sueur et sentant le bouc sauvage du fin fond de la montagne encore jamais explorée. Ils sentent également le sang à plein nez, si fort que même une humaine comme Amaryllis devrait le sentir, et leur fourrure est à certains endroits pour certains lycanthropes tachée de globules rouges en abondance. Maurice, Maria et Greg étaient sous leur forme de loup et Georges et son père Valentino, de loup bipède hybride, et moche, et ils sont tous en train de reprendre petit à petit leur apparence humaine, sauf mon grand-père et mon deuxième oncle Eric, qui soutiennent par les bras une troisième personne.
Mon père.
Blessé. Beaucoup blessé. Saignant de partout...Du front, de la bouche, aux bras, au torse que je vois à travers sa chemise déchiquetée, aux jambes...

-Papa ! m'exclamais-je.
-Mon fils, dit-il en essayant de faire un sourire pour me rassurer mais qui ressemble à une grimace pour m'effrayer tanr il a mal, au point de ne pas pouvoir étirer ses lèvres en un sourire. Ça va ? Ta jambe ?
-Oui, je vais bien ! Je...
Je lui montre mon bandage à peine rosé par le sang de ma plaie presque déjà cicatrisée malgré la lame en argent massif.
-Et toi ? Que...Que s'est-il passé pour que vous vous retrouviez tous aussi...Blessés et amochés ?
-Sympa, le compliment, me tance alors Georges avec un rictus un peu narquois dans la forme mais pas vraiment dans le fond.
-Anna, dit simplement mon père.
Son père et son frère le déposent sur le fauteuil le plus confortable du salon, pour qu'il puisse se régénérer petit à petit. Mais si c'est aussi une arme blanche en argent qui l'a atteint autant de fois, il a peu de chances de guérir de suite...
-Comment ça, Anna ? Cette petite si naïve et innocente ?
-Elle cache très bien son jeu, dit Valentino, pas mal blessé aussi mais pas autant que mon père. Surtout pour son âge.
-Mais...Il n'éname jamais d'elles des effluves de stress, de mensonge ou de tromperie, rétorquais-je. Elle est pure et sincère, cette petite.
-Non, c'est presque une démone ! me soutient mon oncle en me prenant par les épaules.

-Vous faites erreur.
Cette voix...
-Anna est bel et bien pure, innocente et naïve.
Amaryllis ? Un air triste sur son visage a remplacé la mine choquée de voir ma famille au complet aussi blessée. Mais que dit-elle ? Mon grand-père s'assied alors sur une chaise en bois qu'il vient de tirer par le dossier avec une main.
-Amaryllis, je sais que ce soir, les informations sont déjà bien saturées en densité et en choc mais je te demanderais de nous raconter à tous, pendant nos longs temps de régénération. Il faut que nous sachions. Pour le bien de toutes les meutes.
-Je sais...Je vais tout vous dire. Si je m'en souviens. Je n'ai pris aucune note par peur d'être découverte mais j'espère que je vous serai utile...
Amaryllis me l'a dit tout à l'heure. Elle se sentait inutile dans cette meute exceptionnelle composée de loups-garous. Alors cette occasion en or, présentée à elle, elle l'a pris la main bien tendue en avant.