Je rentre, dépité et déprimé, déçu de moi-même.
J'ai fui Amaryllis. J'ai couru, cachant les larmes qui me montaient aux yeux. Elle ne doit rien avoir compris.
Je m'en veux. Terriblement...
Comment ai-je pu laisser mes émotions me faire prendre mes jambes à mon cou ? Je ne sais pas...Encore un mystère de la vie lié à ma tendre Amaryllis.Demain, je ne saurai pas la regarder dans les yeux...
Quand je passe la porte de mon logement, mon père m'accueille avec un grand sourire avant de remarquer ma mine plus que déconfite.
-Alexis, ça va ?
Gary sort alors en une seconde de la cuisine.
-Alexis, tu...
-Ça...Ça a marché ? demande mon père avec un dernier pet d'espoir.Je lève vers lui des yeux vidés de toute vie dans un regard sombre, aussi obscur que la cave chez mes grands-parents.
-Non. Non...Ça n'a pas marché...Mes sentiments se mêlent ensemble et me troublent. J'assène alors un coup de poing d'une violence inouïe sur la table en bois de la cuisine, qui se brise sous la force du choc soudain, et je laisse ma rage, ma colère, ma haine, ma frustration et ma tristesse infinie hurler à ma place.
-Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça a échoué ? Pourquoi ça n'a pas marché ? Pourquoi ? Pour quelle raison ? Amaryllis...Amaryllis !
Je me mets soudainement à pleurer à chaudes et abondantes larmes, des gouttes d'eau salée sincères et montrant que mon cœur a été profondément blessé. Je vais m'asseoir sans réfléchir dans un coin de la cuisine et mets mes paumes devant mes yeux se vidant de leur eau, mouillant mon haut et mes joues. Je hurle. Les sons deviennent sourds autour de moi. Je n'entends pas, je n'entends plus ce que me disent mon père et Gary, inquiets pour moi.J'ai mal, très mal, j'ai l'impression qu'on m'a arraché le cœur...En entier, lentement, comme une torture inévitable...Ma poitrine me fait souffrir aussi, elle me brûle de passion et de rage mêlées.
Je sens mes yeux et mes canines de demi-loup apparaître et je hurle toujours plus fort, mes cordes vocales aidées par cette semi-transformation en loup-garou.Mon père et Gary, comprenant qu'il ne pouvaient rien faire pour réellement me rassurer et me consoler, vont s'asseoir sur les chaises de la cuisine, devant une table de bois détruite et ses débris voltigeant un peu partout, le temps que je me calme un peu.
Une fois cela fait, bien que je hoquète toujours un peu à cause de mes pleurs, je me lève avec difficulté et vais vers eux.
-Pardon, Papa, pour la table...
-Ça va, grommèle-t-il un peu tout en me faisant comprendre que je ne devrais pas me laisser aller à mes pulsions. Tant que c'est sur un objet inanimé que tu passes tes nerfs...On ira racheter une table demain.
-Oui, j'acquiesce avec humilité.
Je m'assieds sur une des chaises qui trône au milieu des déchets de bois de la table cassée en mille morceaux.
-Ça va aller ? se soucie Gary. Tu peux nous raconter ?
-Oui, je...Je crois, bredouillais-je un peu.
Mon père me fixe alors, insistant du regard. Je commence alors mon récit, souvenir dur pour moi à évoquer :
-Ça a échoué. Je l'ai mordue, elle saignait...J'ai fait comme Xavier m'a dit de faire. Mais ça n'a pas marché.
Je sens encore mes larmes me monter aux yeux, des yeux encore mouillés de tout à l'heure.
Xavier Iyatus est un des scientifiques les plus renommés dans le monde des loups-garous. Il fait partie d'une meute mais tout le monde sait qu'il est plutôt du type loup solitaire qhe solidaire. Il est au service des Primus, et particulièrement de son alpha actuel, mon grand-père, depuis des années. C'est lui qui a fait les recherches concernant la mémoire de Gary, disparue puis ressurgie après la confrontation inattendue avec mes oncles et mon père.-Mais pourquoi ? demandais-je en levant les yeux tour à tour vers mon père puis vers Gary.
Gary prend un air embarassé et mon père dit :
-Je ne comprends pas non plus. Pourtant, les analyses de Xavier sont formelles.
-Je sais...C'est ça, le pire ! dis-je en mettant mon visage dans mes mains, désespéré.
Mon père reprend alors, avec un ton de professionnel de la santé :
-Xavier était très clair. Dans le sang et la salive des Primus, il y a leurs gènes et donc des anticorps spécifiques qui apparemment neutralisent les effets d'une certaine quantité de poisons et toxines, dont beaucoup artificiels. C'est aussi ce que Gary nous a confirmé. N'est-ce pas ?
Mon père jette un regard en biais à ma doublure qui s'empresse de confirmer :
-Oui ! Avant de me faire respirer une matière toxique dans un mouchoir, j'ai vu Amaryllis et entendu le scientifique fou dire que si j'allais tout oublier, c'est parce que je n'avais ni sang si salive des Primus.
Mon père se renfrogne et moi, je joins mes mains sous la table et serre fort mes doigts les uns contre les autres. Je me sens de moins en moins bien.
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Mon lycanthrope favori
WerewolfQue se passe-t-il quand on pense que toute sa famille est composée de loups-garous et qu'on a l'impression que c'est un secret familial alors qu'on voit mille et un indices au quotidien ? Que se passe-t-il quand, à notre plus grande horreur, on se d...