Je raccroche, un peu perturbée par cette conversation surréaliste. Une bonne chose de fait néanmoins. Si je me retrouve en face de l'autre abruti, je ne suis pas sûre de maîtriser ma colère ! J'ai réagi parce qu'il avait insulté Angie mais en y réfléchissant c'est aussi insultant pour moi qu'il puisse se permettre ça ! Et en plus c'est de ma faute puisque, visiblement, je l'ai laissé faire ! Je ne suis pas dupe : Angie a cherché à minimiser ma responsabilité...
Bon... Maintenant, comment je vais pouvoir trouver la raison de notre rupture ? Elle ne me le dira jamais, ça c'est sûr. Je... Voilà qu'on sonne à la porte. J'ai la tentation de faire la sourde oreille. Mais bon, j'y vais quand même.
C'est à Samaëlle que j'ouvre la porte. Elle me sourit mais je n'ai pas envie de le lui rendre.
— Bonjour, Jordan.
— Bonjour. Je n'ai aucune envie de te voir, Samaëlle.
— Ah ? Euh... Pourquoi ?
— Pourquoi ? Tu as vu comment vous traitez Angie ?
— Je n'ai rien dit.
— Tu ne l'as pas défendue non plus. Et ton attitude avec elle est irrespectueuse !
— Euh... OK. Je peux entrer ? On peut en parler ?
J'hésite un instant et je finis par la laisser entrer. Elle prend place sur le canapé et je lui fais face depuis le fauteuil. Elle a l'air déçue que je ne me sois pas assise à côté d'elle. J'attaque bille en tête :
— Je n'aime pas ta façon de me faire du rentre-dedans alors que tu sais que je suis avec Angie.
— Jusqu'à présent, ça avait plutôt l'air de t'amuser et de te flatter même.
— Est-ce qu'on avait une liaison ?
Elle hésite à me répondre et je n'aime pas ça. Comment être sûre qu'elle me dira la vérité ?
— Non.
— Pourquoi avoir hésité ?
Son regard est fuyant et elle ne me répond pas. Je retiens encore toute cette colère en moi. Mais elle me pousse à trancher dans le vif.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Soit je suis convaincue que tu peux désormais te comporter correctement avec Angie et que tu es honnête avec moi... Soit je coupe les ponts.
— Tu oublies qu'on bosse ensemble !
— On bossait. J'ai engagé les démarches pour liquider cette partie de mon passé.
Le masque tombe, elle a l'air subitement complètement affolée :
— Jordan ! Tu plaisantes ? Tu ne peux pas abandonner ta carrière comme ça !
— Si je peux. D'abord parce que ma mémoire est défaillante. J'ai jeté un œil aux livres de droit dans mon bureau. Cela ne me parle absolument pas. Et c'est d'un rébarbatif ! Ensuite, il est hors de question que je côtoie des personnes qui ne respectent pas la femme que j'ai choisie. Tu es prévenue.
— Mais tu ne peux pas tout lâcher pour elle. Elle ne compte pas pour toi.
— Vraiment ? C'est ce que tu crois ?
— C'est ce que tu nous as toujours dit.
— Et vous m'avez crue ? Alors que je suis toujours avec elle ? Que je l'emmenais toujours avec moi ?
— Ça t'amusait qu'on la mette mal à l'aise !
— Je ne sais pas pourquoi j'ai laissé faire ça et si cela m'amusait. C'était méprisable et vous n'auriez pas dû vous y prêter !
— Elle n'était pas de notre milieu.
— C'est ça ton excuse ? Je ne sais pas qui j'étais avant. Mais aujourd'hui, je suis sûre qu'on n'a rien à faire ensemble. Je crois qu'il est temps que tu partes.
— Non, attends ! Je... Je ne veux pas te perdre.
Sa dernière phrase est à peine murmurée. Elle a perdu toute son assurance et semble vraiment paniquée à l'idée que je l'éjecte de ma vie.
— Je suis désolée. Je n'ai pas l'intention de garder dans ma vie des personnes négatives et moins encore qui risquent de faire du mal à Angie.
— Je changerai, Jordan. Laisse-moi une chance.
— Une chance de quoi ?
— De continuer à faire partie de ta vie...
Je n'aime pas ce que j'entends. Ce que je comprends. Dans ces conditions, lui permettre de rester dans notre vie est voué à l'échec.
— Samaëlle... Tu es amoureuse de moi ?
Elle ne répond pas et évite mon regard.
— Tu l'as toujours su et cela ne te dérangeait pas.
— Et toi ?
— J'ai toujours pensé que tu te lasserais d'elle et que j'aurai ma chance.
— Elle s'appelle Angie. Et je ne m'en lasserai pas. Tu n'auras jamais ta chance et tu ne pourras jamais apprécier Angie. Ce n'est pas possible.
— Je... Laisse-moi essayer. Je vais faire des efforts, je te promets.
— Mais quel intérêt ? Si tu m'aimes vraiment, tu vas juste souffrir inutilement !
— Laisse-moi une chance, Jordan. Une chance de devenir ton amie... et celle d'Angie. Je veux, j'ai besoin de te garder dans ma vie.
Sa détresse visible me touche plus que je ne le voudrais. Mais je ne peux prendre le risque qu'Angie le prenne mal, ou le vive mal.
— Écoute, je vais en parler avec Angie. Si elle est d'accord, on fera un essai. Je ne peux pas te promettre plus.
— OK. Je comprends. Si... si elle n'était pas d'accord, je souhaite lui parler.
— On verra.
Je vois bien qu'elle est au bord des larmes et je suis à deux doigts de la réconforter, de lui dire que je vais faire ce qu'il faut pour lui donner une chance. Mais je refuse de voir à nouveau la douleur dans les yeux d'Angie et elle est ma priorité désormais. Samaëlle prend congé.
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La roue du destin - Coma !
Ficción GeneralIl paraît que je m'appelle Jordan. Je suis sortie du coma sans aucun souvenir. Mon cerveau et mon corps sont en bon état mais je ne sais pas qui je suis. Je vais devoir interagir avec des personnes que je ne connais pas : collègues, connaissances...