Chapitre 14

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Le réveil fut diffcile.
De fortes courbatures entravaient mes membres à cause des deux jours de marche et des nombreux efforts auxquels j'ai eu recours – grimper aux arbres, traîner le poids lourd qu'était Dante, combattre un fichu monstre bizarre à quatre yeux et un Orc de plus de deux mètres de haut.
Malheureusement pour moi, Lux était extrêmement énergique le matin car la chambre baignait de lumière.
On tambourina à la porte et un " Debout feignasse ! " étouffé par le bois retentit. À croire que Dante était également en super forme...
Je grognai en me redressant difficilement sur ma couche et allai ouvrir la porte qui tremblait sous les coups continus de l'Elfe.

— Fermes-la, veux-tu ? grognai-je en sortant de la chambre, une Lux resplendissante juchée sur mon épaule.
— Tu m'excuseras, mais je pouvais plus supporter l'autre connard d'Humain, râla-t-il. Il est super raciste, imbu de lui-même, croit que tout lui appartient et considère que tout le monde lui est inférieur !
— Ça me rappelle quelqu'un, répondis-je en lui lançant du coin de l'œil un regard goguenard.

Il fit mine de ne pas m'entendre et accéléra le pas afin de rejoindre la salle principale où nous sommes arrivés la veille.
Je le suivis à mon rythme, tandis que de nombreuses douleurs me lançaient au niveau des jambes.
Lux ricana sur mon épaule.

— Ça doit lui changer d'être dans une situation d'égalité avec des personnes d'une autre catégorie sociale que la sienne.
— Ouais, répondis-je, laconique. Il est le fils d'une des plus grandes familles de riches marchands de notre de village natal, voire peut-être même tout le désert d'Alfheim. Il a plutôt l'habitude que tout le monde lui obéisse au doigt et l'œil plutôt que de se rebeller face à lui. Au moins, ça lui apprendra les bonnes manières et saura ce que ça fait d'être remis à sa place.

Au rez-de-chaussé, la grande porte sculptée par laquelle était sorti Maître Einherji la veille était grande ouverte sur une salle de restauration.  À ma surprise, j'aperçus qu'elle était pleine !
Dante nous attendait à l'entrée, les bras croisés, le pied tapotant énergiquement le sol et le regard noir.

— Grouillez-vous, il va finir par plus y avoir de place ! s'exclama-t-il une fois arrivés à ses côtés.

Un plateau entre les mains et assis à une table miraculeusement vide, je pus commencer à manger. Lux piochait de temps en temps quelques aliments dans mon bol de viande de cerf à la crème.

— Je me demande quand même comment ça se fait qu'il y est autant de monde. Nous n'étions qu'une dizaine hier, dis-je.
— Ce sont des élèves plus anciens qui travaillent maintenant en tant qu'assassins et qui n'ont que l'Institut comme seul refuge, répondit la jeune Orc timide en arrivant derrière moi. Puis-je m'asseoir ici ? Il n'y a pas d'autres places et...
— Oui, bien sûr, répondit précipitamment Lux en lui faisant un grand sourire.

La nouvelle venue s'essaya à mes côtés et Dante, face à moi, l'observa suspicieusement.

 — Tu ressembles à Garr'uh, lâcha-t-il sans préambule en plissant les yeux. Tu es sa fille ? Il nous a dit qu'en général, les nouvelles recrues de l'Institut se faisaient de parents en enfants.

L'Orc rougit légèrement sous le regard fixe de Dante.

— O...Oui, c'est bien mon père... Mais ça me gêne qu'on le sache, répondit-elle en se dandinant avec gêne, le regard fixé sur son bol. Je me nomme Kal'ah, enchantée de faire votre connaissance.
— Je suis Dante, et voici Machiavel et sa fée de compagnie, Lux.
— Eh ! Respectes-moi un peu, sans moi tu serais toujours entrain de baver sur le dos de Machiavel ! Espèce de...

Lux n'eut pas fini le temps de finir sa phrase qu'un plateau se posa lourdement sur la table en bois alors que la Naine brune s'essaya face à Kal'ah.

— Salut. J'suis Dague, enchantée, blablabla...

Et sans un regard vers nous, elle commença à manger.
OK...

— Non mais pour qui tu te prends, toi ? s'exclama Dante, qui voulait visiblement chercher des problèmes partout où il pouvait en trouver.

Dague l'ignora.

— Excusez-la, intervint Kal'ah avec une grimace. Elle n'aime pas vraiment les gens, surtout les Elfes, alors...

Dante grommela et mit son nez dans sa soupe, vaincu par cet argument, à croire qu'entre racistes ils se comprenaient.
Je me tournai vers l'Orc.

— Comme tu as l'air de savoir beaucoup de choses sur l'Institut, sais-tu ce qui nous attend aujourd'hui ?
— Oh, oui ! sourit-elle, dévoilant ses défenses inférieures bien aiguisées et pas encore sculptées. Normalement, on devrait avoir notre premier cours de combat pour continuer à nous tester, suivit d'une remise en forme pour commencer les premiers cours de combat rapproché pour combler les lacunes. Les après-midi sont, en général, réservés à des exercices pratiques. Mais vu que c'est le premier jour pour nous, nous n'en auront pas, mais tout dépend du professeur sur lequel on va tomber...

La dernière phrase semblait bizarrement vraiment cruciale et une montée d'angoisse monta en moi. Ils n'embauchaient quand même pas des psychopathes pour enseigner à de jeunes enfants innocents l'art et la manière de savoir tuer en toute discrétion, si ?

MachiavelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant