chapitre 3 (1)

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Les jours qui suivirent, je me promenais. La gentille infirmière venait me voir toutes les heures et me racontait les potins de l'hôpital: j'avais donc appris que Marjorie, une des collègues de Myriam, s'était coincée le pied dans une porte en voulant la fermer. J'en avais rit pendant dix minutes.

J'aimais bien ma nouvelle condition, je m'amusais souvent en me baladant dans l'hôpital, de répondre aux gens qui parlaient a quelqu'un d'autres. Je m'invitais dans les conversations et pouvais dire n'importe quoi, personne ne s'en occupait. À un moment, j'avais même dragué le concierge qui avait répondu à mes avances en dansant avec son manche à balai l'air de dire : désolé, je suis balaitophile.

J'avais aussi fais la rencontre de Lily, une jeune cancéreuse de 18 ans. Elle parlait souvent toute seule. Je lui répondais donc. J'avais l'impression qu'elle me sentait et des que j'arrivais, elle semblait heureuse. Et elle me parlait comme si j'étais vraiment là, attendant mes réponses. On pouvait donc dire que je m'étais fais une amie.

Les moments les plus douloureux restaient quand même lorsque Josh me rendait visite. Il faisait ce qu'il pouvait pour me montrer qu'il allait bien, mais ça ne me trompait pas. Il allait de plus en plus mal au fur et à mesure que le temps passait et qu'il réalisait que je ne voulais pas me réveiller. Il me prenait souvent la main, s'asseyant a  côté de moi, et quand il partait, il m'embrassait sur la joue. J'avais tout le temps l'impression qu'il se retenait de dire quelque chose, attendant sans doute que je me réveille même s'il savait que ce ne serait pas le cas, emportant donc son secret et piétinant ma curiosité à chaque fois.

Je m'arrangeais toujours pour, à la visite de Myriam, être dans ma chambre. J'aimais bien nos moments toutes les deux et même si elle ne savait pas que je l'écoutait et qu'elle agissait peut être comme ça avec tous les patients ça me faisait du bien.

Comme à chaque fois, elle s'assit a côté de moi et me prit la main.

-Bonjour ma belle ! Elle m'a sourit. Alors ! Tu sais, ma collègue Marjorie ! Et bien, elle sort avec Marc, notre concierge ! Tu y crois, toi !? Je les ai surpris à s'embrasser dans le placard à balais hier.

Effectivement, je n'y croyais pas, j'étais morte de rire ( façon de parler bien entendu ). L'infirmière maladroite et le balaitophile, je n'y aurais pas crus ! Mais voilà pourquoi il dansait ! Le mystère du balai est résolu !

-Tu sais, je pense que tu m'écoute. J'ai toujours crus, et je le crois encore, qu'une personne dans le coma nous écoutais. Alors j'espère que c'est ton cas parce que ce que je vais te dire, je ne suis pas autorisée à le faire. Pour un accident comme celui-ci, tu devrais déjà t'être réveillée. Alors, si ce n'est pas le cas, c'est que tu ne le désire pas. Donc, je ne sais pas pourquoi, mais la seule chose que tu ais à faire, c'est te laisser aller. Perdre le contrôle. Après je ne sais pas vraiment si toutes mes infos sont vérifiées comme je ne suis jamais passée par là mais voilà, je t'ai dis ce que je savais.  

-Merci, soufflais-je, étonnée du geste qu'elle venait de faire. 

Elle m'offrait clairement ce que je voulais, alors pourquoi je me sentais mal ? Pourquoi j'avais cette boule dans la poitrine ? Pourquoi d'un coup, je n'avais plus envie de partir ? Après tout, j'étais jeune, j'aurai le temps d'apprécier la vie, non ? Un visage m'apparut soudain, celui de Josh. Si je partait, lui aussi serait dévasté. Je n'avais pas le droit de me montrer aussi égoïste, j'avais ce qui se rapprochait d'amis alors que certains étaient seuls. Entre temps, Myriam avait quitté ma chambre, me laissant en plein débat intérieur. 

L'heure d'après, mes parents entrèrent, ma mère pleura comme d'habitude, lorsqu'elle me vit allongée, encore endormie, et mon père dût la prendre dans ses bras comme à chaque fois. 

thanàsimaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant