Chapitre 27

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Pdv inconnu

Je suis née dans le globe et j'y ai grandi. Mon père, qui était sur terre et est mort quand il avait vingt-quatre ans n'a cessé de me raconter sa vie, la première j'entends, lors de nos soirées d'hiver. Il me disait à quel point l'homme était destructeur, à quel point il ne se souciait pas du monde qui l'entourait et qu'il le détruisait sans aucun remord. Il me disait que, sur terre, la seule chose qui valait la peine était les enfants, ou plutôt leur innocence et leur simplicité d'esprit. Qu'une boîte de chocolat et des crayons de couleur faisait le bonheur de certains. Mes parents ont donc décidés que, pour se rappeler que l'enfance est la meilleure des périodes, ils m'apelleraient Winnie. Mais ma mère ayant un penchant pour les "y", le Winnie initial s'est transformé en Winny.

Lorsque j'ai eu quinze ans, ma mère est morte. En temps normal, on vit vieux ici, mais les pouvoirs de certains s'affaiblissent sans qu'on en connaisse la raison provoquant la mort de la personne concernée.

À partir de ce moment là, je ne restais plus chez mes parents et je me suis trouvée un appartement non loin, j'ai commencé à travailler en temps que serveuse, métier que j'ai lâché peu après.

Sans que je ne le voie, mon père s'est laissé dépérir. Il est mort quelques semaines après et, en l'espace de deux mois, j'ai perdu mes deux parents.

Ma vie s'était effondrée comme un vulgaire château de carte sur lequel on aurait soufflé et qui n'aurait eu aucune résistance au vent.

Je me suis réfugiée dans la seule chose que je connaissais, est à dire la musique, et j'ai mixé ainsi que créée une cinquantaine de morceaux que je me suis ensuite empressé d'enfermer dans un coffre fort.

Une méthode dont j'avais entendu parler consistait à écrire tout ce que l'on ressentait et à ensuite détruire ce que l'on avait écrit. On disait que ça permettait de détruire ses problèmes. Le problème, justement, c'est que je n'avais pas réussi à me résoudre à tout détruire. Alors je les avait enfermé dans une malle que j'avais caché dans mon sous-sol et que je n'ai plus jamais ouverte.

-Win, c'est à toi.

Je tournais la tête vers Kilian et après avoir hoché la tête j'observais quelques instants les caméras montrant la salle.

La foule semblait totalement électrisée et j'allais devoir me montrer à la hauteur de mon prédécesseur.

J'attrapais la poignée et ouvrais, la porte, pas trop en grand afin qu'elle n'attire pas trop l'attention avec la lumière qui passait par l'entrebâillement. Une fois fait, j'avançais dans la foule mais quelqu'un tapota mon épaule et je me retournais.

Une fille mi-blonde mi-brune me faisait face et restait totalement muette en m'observant. J'avais l'habitude de faire cet effet, mes yeux violet et mes cheveux n'aidaient en rien la chose.

-Un problème ? Je lui demandais alors qu'elle n'avait toujours pas réagis.

Nous eûmes une petite conversation et après lui avoir expliqué quelques trucs sur la boite, j'allais en direction de la scène. Elle me rappela en me demandant où était le bar et je lui répondais:

-Des gens qui viennent pour se bourrer la gueule, j'en ai déjà vu beaucoup, mais toi, t'as un truc qui me fait dire que l'alcool c'est pas pour toi. Mais pour info, longe les murs, tu trouveras bien.

Je ne lui laissais pas le temps de répondre et allais me positionner à mon poste pour l'heure qui suivrait.

Sur scène, seule avec ma musique, je me sentais à ma place, c'est pour ça que j'avais accepté ce job. Lorsque Kilian m'avait entendu chanter et m'avait demandé si un boulot m'intéressait, je n'avais pu résister à l'envie de dire oui. À partir de ce moment, ma vie était repartie et j'avais de nouveau un but. J'ai composé des morceaux et au départ, kilian me faisait jouer de une à deux heure du matin, parce que je n'écrivais que des choses déprimantes et que je n'arrivais pas à mettre d'ambiance.

thanàsimaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant