Chapitre 44

9 0 0
                                    

Pdv Josh

Assis comme chaque matin depuis maintenant deux mois, sur ce banc, je pense.

Les yeux dans le vide, les épaules voûtées comme si tous les malheurs du monde s'étaient abattus sur moi, je pense.

Il est six heures du matin, et comme l'âme en peine que je suis, je pense.

Je devrais avoir froid, il fait à peine dix degrés, mais le t-shirt à manche courtes que je porte me suffit amplement. Je pense...

Je pense, et je pense, et je pense.

Je ne ressens rien. Tout me passe au travers, et j'arrive enfin à comprendre l'état dans lequel se trouvait Caren.

Mon regard se relève et s'accroche au nom inscrit sur la pierre grise devant moi: Caren Tryviane.

Voir ce nom, ici, ne me fait rien. Il ne me donne pas envie de pleurer, de me plaindre, ou de crier au monde une injustice. Parce que je suis vide.

Complètement vide.

Je n'arrive pas vraiment à réaliser qu'ici, sous mes pieds, se trouve le corps de celle qui était ma meilleure amie. Ma seule amie à vrai dire.

Je détourne la tête alors qu'un bruit de portail qui s'ouvre se fait entendre. Un silhouette familière se dévoile à mes rétines.

Ma mère s'approche, doucement, comme si elle avait peur de ma réaction. Après tout, je peux comprendre. Ça fait deux mois que je fuis tout contact humain.

Lorsqu'elle comprend que je ne suis pas décidé à m'en aller, elle vient s'asseoir à côté de moi, conservant tout de même une certaine distance.

Nous restons quelques instants silencieux, immobiles, et je pense, encore et encore, en boucle, sans vraiment le souhaiter.

-Je comprends que tu sois en deuil Josh, mais ce n'est pas bon de venir tous les matins.

Je manque de secouer la tête afin de réfuter ses propos mais me rétracte. C'est faux, je ne  suis pas là tous les matins, seulement un sur deux. Dans la même optique, je vais voir Lily. Celle qui a fait si vite, battre mon cœur pour ensuite, tout aussi rapidement et sans en avoir conscience, le déposer à mes pieds, brisé en des milliers de morceaux.

Je ne lui en tiens pas rigueur parce qu'en mourrant, elle n'a pas seulement détruit mon coeur, mais aussi les dernières brides de ressenti que je pouvais avoir. J'ai arrêté de vivre en même temps qu'elle. Et je ne lui en veux pas, parce que je suis vide.

Bien sûr, tout cela, je ne le répète pas à ma mère: elle pense que Lily n'a été que de passage dans ma vie, qu'elle m'a aidé à remonter la pente, que je ne me souciais pas réellement d'elle, alors qu'en réalité, elle m'a entraîné dans sa chute.

Elle a été le coup de grâce porté à mon âme.

-Ce n'est pas bon, répète-t-elle, d'une voix brisée, un sanglot lui broyant les cordes vocales. Je te vois dépérir et je ne sais pas quoi faire pour t'aider.

Rien, ai-je envie de lui répondre. Ne fais rien et laisse moi me consumer à petit feu. Mais je sais que ça la détruirait d'entendre ça.

-Laisse moi si tu veux t'en aller, moi je reste.

Un frisson que je suis surpris de ressentir me traverse de part-en-part et mon regard s'accroche à la pierre tombale. J'en sourirais presque, ironique. Si on m'avait dit un jour que mes pensées seraient similaires aux siennes, j'aurais sans doute ris. Mais c'était pourtant vrai et je fus presque alarmé de voir à quel point j'étais tombé bas.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 21, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

thanàsimaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant