2. NORA

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NORA

Ces mains qui me massent avec dextérité sont un vrai délice. Devant moi se présente un cadre idyllique. A travers la grande baie vitrée, des montagnes couvertes de neige blanche se dessinent.

La pureté de cette peinture vivante que nous offre la nature suisse est propice à la détente. Je m'endors presque tellement que c'est agréable. Toutes les tensions qui m'habitent se dissipent peu à peu.

- Maman a vu Daniel, me souffle ma petite sœur Sara.

-  Ah bon ? Sympa, réponds-je indifférente.

-  Il semblait être en forme et...commence-t-elle avec hésitation.

-  Oui ? Et... quoi ? Tu peux me parler de lui, hein.

-  Et il n'était pas seul, finit-elle par ajouter.

-  D'accord, dis-je en soupirant. Je n'avais pas envie de parler de lui. Je voulais juste profiter de ce merveilleux massage.

-  Accompagné par une femme, je veux dire, ajoute-elle.

Silence. Que répondre à ça ? Il y a toujours une gêne lorsque mon ex est évoqué. Cette histoire est terminé. Pourquoi faut-il à chaque fois que tout mon entourage me ramène à lui? Que dire ? Que je n'en n'ai rien à faire.

Clairement, ils ne me pensent pas capable de passer à autre chose. J'essaie de prendre un ton qui se veut détaché, histoire de lui faire comprendre que le deuil de cette histoire est fait.

-  Je suis ravie pour lui, dis-je sincèrement.

-  Ça ne t'intéresse pas de savoir à quoi elle ressemble ou peut-être de qui il s'agit ?

-  Non. Pourquoi je la connais ? L'interroge-je perplexe.

-  Ah ah ! Tu vois je t'ai eue, crie-t-elle en me pointant du doigt. Tu n'es pas aussi indifférente que tu t'obstines à nous le faire croire.

-  Pfffffffffffff...

Quelle peste elle peut être par moment. Je me lève de cette table et dis respectueusement à la masseuse que son travail est à présent fini. Gâché par cette discussion. Je veux que ma sœur comprenne sérieusement ce que j'en pense, une fois pour toute !

Je n'en peux plus des messes basses et des pincettes que prend mon entourage lorsqu'il s'agit de Daniel. C'est très lourd pour moi, de ressentir leurs craintes lorsqu'il est question de lui.

Je crois qu'ils n'ont pas encore compris que cette séparation était nécessaire pour nous deux. Nous sommes restés douze ans ensemble et c'est pour cette raison, qu'ils ont encore de la difficulté à nous dissocier l'un de l'autre.

Daniel est pour tous, un membre de la famille. Je sais qu'ils aiment avoir de ses nouvelles et cela ne me pose absolument pas de problème. Je prends mon souffle et me lance afin de clarifier la chose une bonne fois pour toute.

-  Daniel et moi c'est du passé. Je n'ai plus de sentiment amoureux pour lui. Il faut que tu saches que déjà bien avant que nous nous séparions, je n'en avais plus. Je ne te dis pas cela pour essayer de tempérer ou de te rassurer. Crois-moi c'est véridique.

-  Mais je n'arrive pas à croire que tu restes indifférente. Que tu ne ressens plus rien pour lui. Après toutes ces années de concubinage, ajoute-t-elle dubitative.

-  Bien sûre que je l'aimerai toujours, comme un être qui m'est cher. Mais plus comme l'homme de ma vie. Tu comprends, dis-je en douceur.

-  Ok, ok, ok ! Répond-elle comme pour capituler puis reprends avec un air malicieux : Donc, ça ne te ferait rien d'apprendre que sa nouvelle copine te ressemble.

ACCORDE-MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant