6. COMMENCEMENT D'UNE EBAUCHE

1.4K 104 202
                                    

Nora

Vanessa rentre ce week-end à Lausanne pour rendre visite à sa famille et ses proches. Nous avons prévu de nous retrouver samedi soir.

-  Dis-moi que je peux dormir chez toi ce soir, m'avait-elle demandé au téléphone samedi matin.

-  Bien sûr avec plaisir, ai-je répondu enthousiasmée par cette idée.

-  Je devais dormir chez mes parents cette nuit, mais retiens-toi bien, après le petit déjeuner, ma petite sœur a annoncé ses fiançailles !

-  Sérieux ? Wahouu je suis ravie pour elle ! Tu lui présenteras tous mes vœux de...

-  Arrête ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, m'a-t-elle dit à cran.

-  Oulaaa, qu'est-ce qui se passe, ai-je demandé.

-  Depuis cette annonce, toute la famille est sur mon dos. Vanes et toi ? As-tu quelque chose à nous annoncer ? Bref, je ne te dis pas la pression qui s'exerce sur moi. Donc, si je peux crécher chez toi, histoire d'avoir au moins quelques heures de répit le soir, ça m'arrangerait bien.

-  Je vois. Pas de souci. Viens quand tu veux, je te laisserai la clef sous le paillasson car je dois passer au bureau aujourd'hui.

-  Ouf, tu n'imagines pas le soulagement. Et puis, ça nous laissera amplement le temps de papoter, a-t-elle suggéré.

-  Ouiiiii ! Je me réjouis ! Hey attends, as-tu quelque chose à m'annoncer, ai-je ajouté rieuse.

-  Rohhh quelle peste, me lança Vanessa avant de me raccrocher au nez.

Nous ne nous sommes pas croisées depuis son anniversaire et j'avais hâte de la revoir. Ne serait-ce que pour partager un moment avec elle, entre filles et pour nous faire des confidences comme autrefois. Avec elle, je serai éternellement dans l'adolescence.

Habituellement, je ne travaille pas le week-end mais il m'arrive de faire de rares exceptions et de m'y rendre. Par exemple, lorsque j'ai accumulé du retard dans mes projets. A une certaine période de ma vie, j'y passais régulièrement le week-end pour fuir mon quotidien. Signe incontestable qu'entre Daniel et moi ça n'allait plus. Je préférais me terrer au travail plutôt que de rester en sa compagnie.

Les engueulades à n'en plus finir étaient devenues récurrentes. Il n'y avait plus de sentiments, de loyauté ni d'empathie entre nous. Un rien pouvait nous mener à une dispute qui se prolongeait à pas d'heure. Tout était synonyme de négociations sans fin. Il n'y avait plus de spontanéité, plus d'instinct, plus de plaisir et aucune jovialité. Nous étions deux colocataires habitant sous le même toit sans aucun intérêt l'un pour l'autre. Je n'en pouvais plus de cette comédie.

Après deux heures de travail sur les plans d'une villa, j'entends résonner des pas dans le couloir. D'après la démarche nonchalante, je reconnus immédiatement les pas d'Yves mon supérieur, fils de mon patron.

-  Hey t'es là toi, me demande-t-il surpris de me voir un samedi au bureau.

-  Salut ! Oui, je suis venue pour finir le projet de la Villa Rapin car les travaux ont été avancés et doivent commencer officiellement la semaine prochaine.

-  Ahhhh ok, bien Nora, m'encourage-t-il.

-  Et toi ? Qu'es-tu venu faire ici le week-end ? Finis-je par demander curieuse.

-  Pour tout t'avouer, nous sommes sur un gros projet et j'ai voulu en mesurer l'ampleur en étudiant le dossier au calme, m'explique-t-il.

-  Ahhhhh c'est une très bonne nouvelle ! Ton père doit être enchanté.

ACCORDE-MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant