ACCORDE-MOI

13. DÉRAPAGE OCCASIONNEL

Semi allongée sur un canapé en rotin, je profite du soleil tout en mangeant une pomme. Pendant ce temps, assise à côté de moi Vanessa se met du vernis à ongles. Sur le balcon, les oiseaux chantent autour de nous et donnent une impression de sérénité. En ce mois de mars, le printemps s'éveille.

- Vanessa, j'ai une question à te poser.

- Oula, quand tu parles comme ça, ce n'est pas bon signe. Qu'est-ce qui se passe ?

- Lorsque que tu vois Emil, comment ça se passe entre vous deux ?

- Je le connais depuis très longtemps alors c'est assez naturel. On ne se pose pas de questions, on suit nos envies tout simplement.

- Ah d'accord, donc ce n'est pas comparable.

- Comparable à quoi ou à qui ? demande-t-elle.

Merde! Elle m'a eu, j'essaie de réfléchir à ce que je peux dire sans qu'elle ne saisisse la raison de ma question.

- Enfin je veux dire, puisque tu sais pas mal de chose sur lui... bah c'est certainement pour ça que cet accord marche à merveille, parce que vous êtes en confiance.

- Oui c'est vrai mais pourquoi tu me parles de ça ?

- Je voulais savoir où est-ce que vous en étiez dans votre relation... je m'intéresse à vous et tout ça... ma meilleure amie et mon cousin... bref, tu vois.

-  Hum, hum. Toi tu me caches quelque chose !

- Mais non pas du tout !

Je meurs d'envie de lui avouer mes peurs qui concerne Alan mais puisque j'ai promis à Vanessa de ne plus l'approcher... je n'ose pas lui faire part de tout ça. Je ne veux pas la décevoir parce que je lui ai dit que je ne comptais pas le revoir. Depuis, il s'en est passé des choses avec Alan et elle risque de m'en vouloir car j'ai gardé tout ceci pour moi.

- Tu mens ! Je te connais !

Je lève les yeux au ciel et me couvre les oreilles de mes mains. Aie, aie, aie, je me suis fait avoir en beauté.

- C'est bien ce que je pensais ! Ce n'est pas par hasard que tu me poses cette question.

- Tu as raison. Oui, il y a un homme mais je cogite trop, je ne sais pas quelles sont les règles à suivre avec un amant. Je pensais que tu pourrais m'éclairer mais le cas n'est pas semblable, car je ne sais rien de lui et ça m'inquiète.

- C'est Thomas ?

- Mais ! Est-ce que tu as entendu les craintes que je viens de te confier ?

-  Monsieur chocolat amer alors ! Putain, c'est lui ? Et tu ne m'en as pas parlé en plus! Non mais je n'y crois pas ! Tu l'as revu !

-  Attends une minute avant de t'emballer comme ça !

-  Alors vas-y, je t'écoute ! dit-elle en croisant les bras. Mais n'oublie rien, je veux que tu me racontes ce qu'il s'est passé dans les moindres détails.

Je me penche vers elle et lui explique mes péripéties avec Alan. Je lui avoue tout. Son lien avec mon travail, notre dérapage dans mon bureau, le rendez-vous inattendu d'hier au restaurant. Vanessa m'écoute attentivement. De temps en temps elle écarquille les yeux, ouvre grand la bouche, lance des « Mais non ? Arrête ? T'es sérieuse ». A la fin de mon récit, elle reste silencieuse avant de prendre la parole. Je vois bien qu'elle cherche les mots pour ne pas m'heurter.

- Nora, il te plaît cet homme non ?

- Bah oui, il est beau comme un dieu.

- Mais au-delà de ça ?