ACCORDE-MOI

10. SURPRISE, SURPRISE

Alan

Dans l'idéal, il est préférable d'être en accord avec soi-même. Ce qu'actuellement je ne suis pas. Du moins, je ne le suis plus depuis que mes yeux se sont posés sur elle. En un rien de temps et ce sans que je ne m'en aperçoive, je suis devenu le pire des connards.

Ma conduite impulsive avec elle dépasse l'entendement. Putain si je continue de la sorte, ça va mal finir. Un moment donné ou à un autre, l'inévitable se produira. En toute conscience, je me dirige droit dans le mur.

Pourquoi ? Parce qu'à chacune de nos rencontres, j'ai l'impression de vivre les montagnes russes, sans jamais deviner qu'elle en sera l'issue. Ses réactions vont de surprises en surprises, cette femme est un vrai casse-tête imprévisible. Ma devise « garder le contrôle dans toutes les situations » me fait l'effet d'une supercherie à présent.

-  Oulaaaaaaaa ! Tu devrais te regarder dans le miroir juste pour voir la tronche que tu as en ce moment, me lance John avant de s'asseoir en face de moi.

-  Salut John ! T'as choisi le bon moment, j'ai besoin d'un café, t'en veux un ?

-  Humm, humm non merci, dit-il en soulevant son bras pour me montrer qu'il en avait déjà un en main.

Je me lève dans l'intention d'aller me préparer un café car là tout de suite, j'avais besoin de me dégourdir les jambes.

-  Alan ? m'interpelle John en me désignant d'un signe de tête la tasse fumante posée sur mon bureau.

-  Ahhh merci t'as pensé à tout, dis-je penaud. Je me rassieds et bois une gorgée de café.

-  Dis-moi Alan, commence-t-il en inclinant sa tête de côté, une cheville posée sur son autre cuisse. As-tu un problème avec ton téléphone ?

-  Lequel ? Pourquoi tu me demande ça, ai-je manqué quelque chose ?

-  Oui mon pote, ça fait depuis un moment que personne n'arrive à te joindre.

-  Ah bon, dis-je perplexe.

Tenant le breuvage que John m'a apporté d'une main, je décroche de l'autre le combiné et instantanément la voix de Natacha se fait entendre. Bizarre, il marche tout à fait normalement ce téléphone.

-  Natacha, avez-vous essayé de me joindre récemment ?

-  Oui Monsieur, répond-t-elle timidement.

Je lui demande de faire une tentative d'appel et effectivement, le téléphone marche du premier coup. Je soupire et me passe une main sur le visage. C'est quoi ce bordel ?

-  Ecoute mec, t'as l'air ailleurs ces derniers temps. Qu'est-ce qu'il se passe ?

-  Rien je te rassure tout de suite. Il doit y avoir une explication, un bug peut-être ? Je ferai venir l'informaticien pour une vérification.

-  Je pensais que tu avais une séance improvisée vu que tu ne répondais ni aux courriels, ni aux appels,... puis Natacha est venue me chercher inquiète, donc me voici.

-  Je vois...

-  Oui, elle m'a dit que tu ne te manifestais plus alors que tu étais bel et bien présent dans ton bureau. Elle a même toqué à trois reprises à ta porte en t'appelant.

-  J'étais pris par mon travail ! Une affaire importante qui m'a demandé toute ma concentration, c'est tout.

John s'incline lentement pour déposer son café sur le bureau puis me fais un petit sourire provocateur :

-  Tu sais qu'à l'instant même, je viens d'appeler Mademoiselle Mercier. Le projet avance à merveille. Tous les délais sont respectés, elle sait ce qu'elle fait.