Pénultième Chapitre

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All I am, All I ever was, Is here in your perfect eyes

They're all I can see.

L'enfance est idiote. Quasiment toutes les actions réalisées lors de cette période le sont aussi. Et en vieillissant, des faits passés sont amenés à nous faire regretter qui nous étions, ce que nous faisions.

Les brimades, les choix, les relations. Les enfants regrettent tout au final. C'est pour ça que des cons ont inventé les solutions bateaux telles que "l'erreur est humaine." et "on est là pour se tromper." Parce que, que dire à un gamin triste face à son échec et sa propre stupidité ? "T'as foiré ta vie" ? "Tu viens de laisser passer ta chance de..." ? Non. Tu souris et tu lui dis que c'est pas grave. Rien n'est trop grave quand on y pense. Y a juste des trucs réparables et d'autres un peu moins. Une relation, par exemple, c'est difficile à réparer. Un cœur brisé, au bout d'un moment, reste en morceaux. Le ciment magique qu'on voudrait servir à toutes les sauces comme baume apaisant n'existe pas en version durable.

'Si j'avais des places pour aller voir le film de ta vie, est-ce que tu viendrais avec moi ? Le pop-corn n'est pas cher au ciné du coin et la qualité sonore pas si médiocre. On raconte même que l'on peut passer de bons moments là-bas. Après, tu sais, on est un con et croit un peu trop ce qu'on lui dit. Alors viens, prends ma main et filons vers le soleil. Je connais un coin pas trop mal d'où tu peux voir toute la ville s'illuminer dans la nuit. C'est plutôt joli. Allez viens, prends ma main, ça ne te coûtera rien. Juste un peu de confiance en moi et un p'tit syndrome de Stockholm. Viens avec moi, oublie les étiquettes, oublie ton enfance et viens vivre à nouveau. Tu verras, le monde est bien plus beau à travers mes yeux.' - BaekHyun

WR

La pluie tombait sur ses épaules, sur son visage, sur son corps tout en entier. Elle tombait sur lui, se heurtant à sa peau avant de finalement se laisser glisser vers le sol tristement. Les Dieux pleuraient, le ciel était gris. Il avait fermé ses sombres yeux pour ne plus voir. Ses bras en arrière, il offrait son être à la météo capricieuse. Il ne disait rien, ne voyait rien. Il n'y avait que la pluie, le bruit en contrebas et lui. Dans un triangle amoureux infernal, ils s'affrontaient pour chercher lequel saurait faire une meilleure paire. Le monde, dans son état brut. L'homme et la nature. Les dieux et les mortels. Les choix étaient multiples, alors, il restait sous l'eau. De loin, sa fine silhouette immobile pouvait être comparée à celle d'un ange proche de son envol. Ses deux membres supérieurs ainsi déployés ressemblaient à deux pauvres ailes blanchâtres. Ses cheveux de cendre, collés entre eux par la pluie, ornaient son front. Ses lèvres roses, offertes aux bons pèlerins, esquissaient l'ombre d'un sourire.

Il attendait, entendait. Au loin, les sirènes de police résonnaient depuis déjà plusieurs minutes. Alertes incessantes et entêtantes qui nuisaient à sa tranquillité, elles se rapprochaient peu à peu. Rompant son silence divin, prisant son Eden. Il restait, à marcher sur les toits en ignorant les nuisances sonores. Une dernière fois. Il attendait depuis des heures entières, là, sans bouger. C'était quelques heures plus tôt qu'il avait passé son appel. Les répercussions n'arrivaient que maintenant, il était légèrement déçu. Toutefois, c'était avec un certain calme qu'il s'était installé sur le plus haut toit de son ancien empire pour contempler son monde s'écrouler. Par sa faute. À cause de lui, des dizaines de gens allaient passer le reste de leur vie en prison. Des centaines d'âmes perdues se retrouveraient sans endroit où errer la nuit. Et les néons carmin des ruelles malfamées ne s'allumeraient plus jamais. Ils avaient eu ce qu'ils voulaient. Tout était entre leurs mains dorénavant. Le jeu était terminé. Le film de sa vie le dégoûtait trop pour poursuivre la mise en scène. Piètre réalisateur. Ennuyeux acteurs. Que les fauteuils de velours rouge soient bientôt déchargés du poids de leurs spectateurs, il en avait assez.

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