Le retour de l'ombre

15K 206 18
                                    

Chapitre 4 : Le retour de l'ombre

_____________

« Bien. »

« Sa cible principale est une jeune femme. Elle est inscrite sous le nom de Kya, mais son vrai nom est Kyna. »

Le vieil homme hocha la tête avec un sourire calculateur. « Le FBI compte sur vous. Ne nous décevez pas. »

« Ne vous inquiétez pas, Monsieur. Nous aurons bientôt ce que nous cherchons. »

[...]

Nous étions toutes ensemble au centre commercial, riant de tout et de rien, comme si le monde autour n'avait plus d'importance. Pour une fois, je me sentais légère, simplement une jeune femme parmi d'autres, pas seulement une prostituée. C'était un instant de normalité, une bulle hors du temps où l'on oubliait nos vies.

« Ça fait longtemps que je n'ai pas ri comme ça, » dis-je en riant encore, le souffle court.

Kheira me lança un regard complice, chaleureux. « Moi aussi, » dit-elle, ses yeux pétillant de cette même joie partagée.

Samirah hocha la tête avec un sourire pensif. « C'est vrai que sortir du bordel fait plus de bien que de mal. »

Kheira, rêveuse, ajouta alors : « Dans tout ça, j'attends toujours mon prince charmant. »

Je ricanai doucement. « N'attends rien... Le prince charmant, ça n'existe pas. Je te parle par expérience. »

Ma voix se teintait de mélancolie, et un silence s'installa autour de nous. Un silence lourd, où je sentais leurs regards se poser sur moi. Je ne voulais pas qu'elles posent de questions, alors je m'empressai de changer de sujet.

« Bon, j'ai envie d'une nouvelle tenue sexy ! »

« Ne change pas de discussion comme ça ! » s'exclama Kheira en me prenant la main, un sourire doux aux lèvres. « Tu verras, le prochain te fera oublier celui qui t'a brisé le cœur. Et nous, on est là pour soigner tes blessures. »

Samirah acquiesça en souriant. « On ne se connaît que depuis quelques jours, mais on est trois maintenant. On veille les unes sur les autres. »

« Pas question de se mettre à pleurer ici, tout de même ! » lança Kheira en riant. « J'ai faim ! Allez, direction ce fast-food typique des Caraïbes. »

Elle nous entraîna en riant, et nous la suivîmes, secouées par un fou rire en arrivant devant le petit restaurant aux couleurs éclatantes. L'endroit était lumineux, chaleureux, comme un coin de paradis caribéen en plein cœur de la ville. Des palmiers miniatures, des couleurs vives, et un air de reggae en fond sonore ; c'était comme une évasion.

« Je vais commander, installez-vous ! » déclara Kheira, visiblement impatiente de goûter aux plats.

« Je vais aux toilettes d'abord. Samirah, prends les places, » répondis-je en m'éclipsant.

À peine entrée dans les toilettes, je réalisai qu'il y avait une file interminable. Attendre me paraissait insurmontable, tant l'envie pressante me tenaillait. Finalement, je finis par accéder à une cabine libre, soulagée d'avoir enfin un moment de répit.

Mais au moment de me laver les mains, un bruit étrange me fit sursauter. Des sanglots, étouffés, mais bien présents. Gênée, j'essayai de me concentrer sur le bruit de l'eau pour éviter de m'immiscer dans une histoire qui ne me regardait pas. Pourtant, en m'apprêtant à sortir, les pleurs se firent plus intenses.

Je n'arrivais pas à faire comme si de rien n'était.

« Ça va ? » demandai-je maladroitement en direction de la porte.

Ma question semblait ridicule, même à mes propres oreilles. Dans les films, les héroïnes savent toujours quoi dire dans ce genre de situation, mais moi, j'étais perdue. La voix de la jeune fille me répondit, hésitante :

« Oui... Ça va. »

Je ne la croyais pas une seconde. « Écoute... Si tu veux, je peux t'aider. Sors de là, d'accord ? » dis-je d'une voix douce, espérant ne pas la brusquer.

Un instant passa, puis la porte de la cabine s'ouvrit. Et là, devant moi, se tenait une jeune fille qui fit resurgir mon passé d'un seul regard.

« Keylly ? » murmurai-je, la gorge nouée.

Je la regardais, figée, incapable de comprendre comment elle avait pu réapparaître aussi soudainement, comme si tout le passé que j'avais tenté d'enfouir revenait me hanter. C'était elle, celle que j'avais voulu oublier, celle que j'avais fui. Mon cœur battait à tout rompre.

« Grande sœur ? » Sa voix était tremblante, hésitante, comme si elle n'osait pas y croire elle-même.

« Que fais-tu là ? » balbutiai-je en jouant nerveusement avec mes doigts, tentant de masquer l'inconfort qui me gagnait.

Elle me regarda, ses yeux se remplissant de larmes. Puis, d'un seul souffle, elle lâcha les mots qui allaient tout bouleverser.

« Je suis enceinte... » Sa voix se brisa. « Aide-moi, je t'en supplie, Kya. Je n'ai plus que toi. »

SUGAR DADDY ET MOTHER Où les histoires vivent. Découvrez maintenant