vingt quatre heures sous emprise 1/4

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Chapitre 6 : vingt quatre heures sous emprise 1/4

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La voiture démarra dans un silence pesant, nous emportant vers la nuit et tout ce qu'elle dissimulait.

Après un long moment de route, où seul le ronronnement du moteur brisait le silence, je décidai de prendre la parole. Peut-être que parler rendrait cette atmosphère moins oppressante.

— Votre nom ? demandai-je en fixant la route, espérant une réponse qui apaiserait ce malaise.

Il tourna à peine la tête dans ma direction, ses yeux fixés droit devant lui. D'une voix rauque, il laissa tomber :

— Je déteste les retardataires.

Sa réponse sèche brisa immédiatement la fragile tentative de conversation. Un frisson de gêne me traversa, et je regrettai aussitôt d'avoir parlé. J'aurais voulu disparaître, me réduire à l'état de souris. Je murmurai, presque pour moi-même :

— Finalement, je préfère le silence... Si c'était pour dire des choses comme ça, le silence aurait été bien mieux.

Il freina soudainement, secouant l'habitacle et me tirant de mes pensées.

— Écoute, dit-il en me jetant un regard noir, je ne suis pas ton sugar daddy qui laisse tout passer pour t'avoir dans son lit. Ici, c'est moi qui contrôle. Tu te tais, sinon la prochaine fois, je ne freine pas. Compris ?

Son ton était tranchant, une menace froide qui flottait entre nous. Sur le coup, j'étais trop surprise pour répondre. L'angoisse montait en moi, et tout ce que je voulais, c'était rentrer chez moi.

Je serrai les lèvres, décidée à l'ignorer.

— J'ai rien entendu, répéta-t-il d'un ton implacable, serrant les mains sur le volant.

Je restai silencieuse.

— Je n'entends toujours rien, insista-t-il, la mâchoire crispée.

— D'accord, murmurai-je finalement, pour mettre fin à cette étrange confrontation.

Un silence glacé reprit place entre nous. Je détournai le regard vers la fenêtre, observant le paysage défiler. Peu à peu, je me laissai happer par le rythme des arbres et des lampadaires qui filaient dans la nuit. Mais, lasse du spectacle monotone, mon attention se reporta finalement sur lui, cet inconnu intimidant au volant.

Grand, la peau noire et lisse, chauve, il dégageait une aura de puissance brute. Chaque muscle semblait dessiné sous sa chemise ajustée, et son visage, orné d'une barbe épaisse et bien taillée, avait quelque chose de magnétique. Une voix grave et un regard perçant qui auraient pu ensorceler n'importe qui. Oui, c'était le terme juste : il était sexy, d'une manière indéniable et troublante.

— Tu as fini de me dévisager ? lança-t-il sans me regarder, comme s'il avait deviné mes pensées.

Pris au dépourvu, je détournai les yeux, refusant de lui répondre. Cet homme avait de mauvaises manières, et je n'allais pas lui donner la satisfaction de me troubler davantage.

Finalement, la voiture s'arrêta devant une zone résidentielle privée. Il me lança un coup d'œil rapide avant de déclarer :

— Nous sommes arrivés. Descends, La Muette.

Je haussai les épaules sans rien répondre et descendis de la voiture. Il me suivit jusqu'à un grand immeuble aux lignes modernes. Nous montâmes jusqu'à son appartement, et dès que la porte s'ouvrit, je fus surprise par le décor. L'appartement était spacieux, élégant, digne des résidences de luxe américaines.

De grandes baies vitrées laissaient entrevoir la ville illuminée. Une cuisine ouverte, équipée d'un îlot central, donnait sur le salon, me rappelant les magazines de design d'intérieur que je feuilletais parfois. C'était le genre d'appartement qu'on s'attendait à voir chez un homme riche et mystérieux.

Il s'approcha d'une étagère en bois sombre, en sortit une enveloppe qu'il me tendit.

— Tiens, ton argent, dit-il avec un calme inattendu.

Je pris l'enveloppe, comptant les billets à l'intérieur. J'avais des factures à régler, des dettes à effacer, et quelque chose en moi ressentit un léger soulagement de ne pas avoir eu à me vendre entièrement.

— Pourquoi je suis là, alors ? demandai-je en levant les yeux vers lui, esquissant un sourire cynique.

— Je m'appelle Brayane, répondit-il en retour, comme si cette information était censée m'éclairer.

— Kya, dis-je en retour, comme un défi.

Il s'approcha lentement, son souffle chaud frôlant mon oreille, et murmura :

— Je le sais.

Il s'écarta pour attraper une bouteille de vin dans une armoire, en sortit deux verres et les remplit d'un rouge profond.

— Je ne vois pas pourquoi je devrais boire avec toi. Je ne sais même pas pourquoi je suis là, lançai-je d'un ton ferme, reprenant mes distances.

Je glissai les billets dans mon sac et me dirigeai vers la porte. Ma main sur la poignée, prête à partir, je sentis soudain une pression sur mon bras. Il m'avait attrapée, me retournant pour me faire face. Nos regards se croisèrent, et bien que mon cœur se fût mis à battre plus fort, je restai impassible, le défiant du regard.

— Tu m'appartiens pour les prochaines vingt-quatre heures, dit-il, d'une voix ferme et lourde de sous-entendus. Ses mots semblaient peser bien plus qu'une simple affirmation.

Et soudain, l'évidence me frappa. J'étais là pour lui, pour ses caprices. J'étais là parce que j'étais à vendre. Parce que j'étais une prostituée.

SUGAR DADDY ET MOTHER Où les histoires vivent. Découvrez maintenant