Chapitre 1

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Un chuintement rauque, inénarrable, s'échappa de ses poumons.

L'air se raréfiait, suffocant dans une crypte, au diable Vauvert. Elle éprouvait déjà une grande difficulté à respirer.

Myriam avait téléphoné une énième fois à la police judiciaire de Paris pour exprimer son agacement, son inquiétude . Les bruits continus des scooters, des motos et des quads dans sa rue, la rendaient inepte, incapable de se concentrer sur autre chose. Mais elle subodorait, que c'était elle, qui les gênait. Cela faisait deux heures maintenant qu'elle les écoutait faire rugir leurs moteurs, comme des hyènes affamées, à l'affût. Ce soir là, était ..... Sans fin !!!!!

Tous les soirs se ressemblaient depuis quelques semaines et se transformaient, en angoisse. Hier, cet effroi avait atteint son paroxysme. Myriam s'attacha à l'idée de flâner avant de rentrer chez elle. Les journées de travail au bureau étaient abrutissantes quelquefois. Certains dossiers se révélaient ardus voires pénibles, et incitaient à s'installer dans son canapé et à boire une flûte de champagne, tout en feuilletant fiévreusement les pages d'un roman de Stephen King. Néanmoins, s'échapper de son studio des "petites horreurs", apparaissait indiscutablement raisonnable . Ainsi que lui aurait martelé sa grand-mère (aujourd'hui décédée), "Myriam....l'homme n'est pas fait pour le travail.... Il doit surtout cultiver son "jardin" .

"En l'occurrence , nous passions tellement de temps au boulot et à dormir, qu'il fallait aussi savoir décrocher de tout. Parvenir à se préserver, prendre soin de soi pour mieux se soucier des autres", pensa t'elle. Une version altruiste tirée de notre égocentrisme incrédule.

Elle ne possédait pas de voiture, n'en avait jamais eue véritablement l'utilité, bien qu'ayant l'attribution du permis de conduire. Les marchés et les boutiques se situant à proximité de son domicile, Myriam avait toute la latitude de se déplacer de façon autonome à Paris, surtout qu'elle était célibataire endurcie. Les moyens de transport étaient innombrables et les bus , ponctuels.

Sa promenade citadine durait depuis une heure environ. Depuis la rue Barbès, elle s'était juste plantée devant, sans emprunter le porche d'entrée de sa petite résidence, renonçant à vivre l'enfer dans sa prison, autrefois hospitalière. Sur le trottoir, sa démarche ressortait fluide, intemporelle, légère comme une douce brise automnale. Remontant la rue, elle tourna sur sa droite, avenue Paul Vaillant-Couturier et arpenta l'avenue Lucien Descaves pour rejoindre celle d'André Rivoire.

Sur place, elle sortit des écouteurs de sa poche de blouson de cuir marron , qu'elle fixa à ses oreilles.

Assise sur un banc décoloré par le fil des ans, mais propre, elle se mit à écouter de la musique classique.... un "Ave Maria" de Bach. Ses yeux s'alourdirent l'espace d'une fugue et elle s'imagina ailleurs, loin du tumulte, de la foule et du temps. Transfigurée dans un monde lumineux, sans larmes, près d'un océan, elle se reposait, bercée, par le flottement cadencé des vagues toutes en maîtrise.

Les minutes s'effilochèrent , tels des tissus anciens las d'être portés et d'être au service des autres. L'Esprit de l'être humain est un Central informatique d'une fréquence inouïe, nullement comparable à internet et à ses dérivés les plus élaborés. Les G.O de l'Esprit sont incommensurables. Seulement, le hic, c'est que bien que nous dépassions les fonctions Internet haut la main, nous ne pouvions utiliser que 10% des capacités de notre cerveau. Qu'arriverait-il à 100% ......... ??????

A 100%, nous pourrions peut-être nous téléporter au 36, rue du Bastion ; anciennement le 36, quai des Orfèvres, le siège de la direction de la police judiciaire. Au même moment, dans le 17ème arrondissement de Paris, quartier des Batignolles, un complexe de 32500 mètres carrés abritait un stand de tir de vingt cinq mètres carrés. Ce stand était capable de reproduire des ambiances sonores et visuelles d'intervention. Un équipement "High-Tech" était en mesure de révéler des traces capillaires sur les gros objets et sur des véhicules par des procédés physico-chimiques. Cet endroit hautement sécurisé abritait des salles de réunion pour quinze à vingt personnes, sur plusieurs étages. Des espaces de convivialité se dessinaient tous azimuts.

Des officiers, s'entraînaient avec des armes de poing, des "SIG", des "GLOCK" mais aussi avec des armes de guerre sophistiquées. Lunettes enfoncées devant leurs yeux concentrés, casques anti-bruit sur les oreilles, et munis de gilets pare-balles et de gants en cuirs, ils adaptaient leur visée, chargeaient, fléchissaient, respiraient, et tiraient.

Juste à côté, des femmes policiers buvaient une préparation secrète pour stimuler l'enthousiasme et la tolérance. La vervaine les aidait à atteindre cet objectif. Dans la foulée , elles pouvaient se déchaîner et foutre une branlée aux coqs de la basse-cour, grâce aux effets considérablement positifs de la " centaurée". Cette plante des pâturages les galvanisait, en développant leur force physique. Elles étaient formidablement souples, endurcies, et gardaient leur féminité jusqu'au bout des ongles, qu'elles portaient longs. Les femmes s'investissaient dans tous les sports de combat et les arts martiaux . Cela leur permettait de se libérer de l'agressivité retenue durant dix heures de travail.

Elles sublimaient leur corps dans la beauté du geste et dans une ambiance souvent conflictuelle.

Sur le tatami , deux policiers se firent face et après s'être salués , l'homme eût un rictus affiché ostensiblement au coin de sa bouche. Il s'avança vers la brune aux cheveux longs , longiligne , avec des seins prodigieusement énormes , tout en faisant de petits mouvements des doigts (Viens... Qu'est-ce t'attends salope !!!) . On aurait dit Mickaël Jackson dans le clip "BAD".

La beauté enchaîna harmonieusement ses mouvements tout en célérité et vélocité. Elle projeta son partenaire sur le tatami (comme un canon se serait débarrassé de son boulet) en pivotant sur elle-même pour lui administrer un coup de pied rageur au visage. Quelques dents jonchaient le sol et personne non personne n'aurait songé à la ramener !!!

Myriam, pensa rentrer. Les lumières sur Paris s'affaiblissaient et elle se sentait régénérée pour faire demi-tour. Il était déjà vingt-deux heures. Elle mangea une salade composée, se déshabilla pour prendre une douche relaxante et s'endormit dans son lit tout propre. Il n'y eût aucun bruit ce soir là.

Seulement une musique arpentant ses rêves d'éternité : "DORS" de Patrick Bruel.

Au même instant, à l'abri des regards, une femme flic restée seule sur le pas-de-tir, quartier des Batignolles, visa une cible représentant un homme tenant un otage féminin devant lui.

Elle transpirait légèrement, se détendit....... On entendit..... Six coups brefs et simultanés.... Détonnant

La cible s'affaissa puis tomba dans un bruit sourd. Le Kidnappeur s'était pris les six cartouches au même endroit : la tête !!!

Le chargeur vide   fut éjecté à terre.

LES SCOOTERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant