Myriam se souvenait de sa première installation Boulevard Barbès.
Le 18ème arrondissement de Paris, avec son célèbre métro Rochechouart, ses quartiers de la Goutte d'Or et de Clignancourt, lui évoquaient il y a six ans déjà, toute la richesse ethnique et sociale d'une ville.
Elle possédait un petit studio de cinquante mètres carrés, qui lui avait plu instantanément à ce moment de sa vie. Aujourd'hui, les nouveaux propriétaires devaient faire face à la crise du logement et à une augmentation exacerbée des coûts de l'immobilier. Les locataires récents quant à eux, assistaient, dépités, à la flambée des prix de leur loyer. Boulevard Barbès, le prix du mètre carré était passé approximativement de 7069 euros en 2017 contre 5160 euros en 2010.
Elle avait payé 258 000 euros, mais gagnait déjà fort bien sa vie. C'était son argent après tout et elle était libre d'en disposer comme bon lui semblait.
Le calme régnait dans la rue, à cette époque. Maintenant, le village était devenu une ville et s'était embourgeoisé, avec l'arrivée des bobos fréquentant des endroits onéreux, et donc chics. La mue s'effectuait derrière la vitre de la Brasserie Barbès où des couples branchés se côtoyaient devant des cocktails maison, hors de prix, et arpentaient les allées fonctionnelles des épiceries bio, (sans omettre de relever une mèche de cheveux) , sur leur front haut s'apparentant à celui des rapaces. Avec l'auriculaire évidemment et en agitant le "Financial Times" en guise de trophée dans l'autre main .
- Diaboliquement tendance !!!
Puis, les scooters sont arrivés, de grosses machines, véloces, haute technologie, avec une nouvelle génération de moteur hybride à impulsion électrique. La puissance de la lumière et du mouvement dans l'espace. Et bien évidemment les ennuis ont commencé à pointer le bout de leur nez.
Les flâneurs commencèrent à déserter l'endroit. Les bobos se barricadèrent, ( Jean-Charles, Jean-Guy et bien d'autres prénoms-composés, du genre Anne-Laure). (Mohamed et Djibril ) hésitaient à sortir pour vendre leur crack. Et ( Brandon , Kimberley et Dylan ) craignaient d'être idiots à les attendrent en vain . C'était sans importance en fait puisque les clichés avaient encore de belles années de "shit !" devant eux, pensait-elle.
Une malédiction semblait avoir frappé dorénavant le quartier et cela, depuis deux mois, brusquement, sans prévenir, à l'instar d'une maladie incurable.
Elle essayait pourtant d'en parler à certaines personnes mais celles-ci ne comprenaient visiblement pas de quoi elle se plaignait. Elle finit par se demander si elle était seule à les entendre. Serait-elle folle à lier ?
Une pensée désagréable et douloureuse lui vint à l'esprit. Comment diable en était elle arrivée là ?
Une femme de vingt six ans, sportive, moderne, ne faisant jamais rien qui puisse la mettre dans l'embarras et n'ayant pas de relation depuis deux ans, par choix personnel. L'exception concernait son amie Solène qui travaillait dans la même société juridique qu'elle, à quelques minutes d'ici en prenant la ligne de métro Rochechouart. La quatre ou la deux ?....
Pourquoi cette tendance irascible et angoissée ? Serait-elle détraquée? en burn out ?
Myriam avait parfois des envies de meurtres, surtout lorsqu'elle entendait des gens débiter inlassablement :" Au jour d'aujourd'hui.... ça ne voulait rien dire merde . C'était un pléonasme , d'une redondance absurde et bêtifiante ....comme " à partir de maintenant dorénavant"..... ( ça c'était son boss ) !
Elle n'osait plus en parler de peur d'être ridiculisée, ne comprenant plus rien à ce qui lui arrivait. Une bouffée d'amertume vint lui broyer le cerveau, à l'image d'un rouleau compresseur. Une anémie annihilait l'antichambre de ses idées. De petites taches blanches, effectuèrent une danse convulsée, devant son beau visage, alourdi de sommeil. L'éphéméride poinçonné au mur, ne connaissait même plus la date du jour. Il y avait renoncé lui aussi en restant bloqué sur le mois de Mars 2018.
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LES SCOOTERS
ParanormalMyriam Magnan est une jeune femme célibataire, vivant à Paris Barbès. Une ronde infernale de scooters la rend complètement folle. Ses nombreuses tentatives d'appel à la police judiciaire ne menant nulle part, un policier de la B.R.I-PP. (Brigade de...