Chapitre - 11

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"Je veux des baisers nouveaux et de nouveaux baisers, encore !"
Citation de Rémy de Gourmont ; Les lettres à Sixtine (1921)

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La luminosité de la salle de bain était bien plus puissante que celle de la chambre - entre les spots ici et là et les quelques néons - Lucy dut prendre quelques secondes pour s'y habituer et pouvoir voir le monde qui l'entourait sans papillonner des yeux comme une idiote.
La pièce d'eau elle aussi était comme dans ses souvenirs, au détail prêt que la peinture des meubles semblait avoir légèrement changé.

Le regard de la blonde oscilla entre la grande baignoire -qui donnaient plus l'air d'une piscine- et la douche à l'italienne. 
Trop tendue et surtout trop pressée pour prendre un bain, elle opta pour la seconde option. 

Ses vêtements partirent rapidement valser dans un coin de la pièce, ses cheveux blonds furent rapidement attaché en un chignon flou et informe. Enfin, elle enleva lentement la bague qui ornait son auriculaire gauche. Etrangement, et sans qu'elle ne comprenne pourquoi, elle se rechignait à enlever sa bague de fiançailles. Elle n'était même pas vraiment fiancée à Grey de toute façon... N'empêche... Cette bague était vraiment magnifique et elle aurait bien aimé savoir d'où Grey avait bien put la sortir. 

Dans un petit gémissement elle poussa le verre protecteur de la cabine, grimaçant quand ses pieds touchèrent la pierre froide de la douche. 
La jeune femme tourna les interrupteurs qui géraient l'arrivée d'eau -l'habitude de les manier revenant instinctivement-. 
L'eau chaude coula sur son corps, sans le besoin du petit temps d'adaptation nécessaire à l'origine, signe que Grey s'était lavé juste avant.

Elle laissa l'eau brûlante couler sur sa peau, observant les ruisseaux qu'elle formait en dévalant ses courbes. Elle s'en amusait même, elle jouait avec, elle observait de quelle façon les gouttes d'eau éclaboussaient le mur. La vapeur commençait à la détendre et ses traits reprenaient peu à peu leur aspect initial - ayant été tordus et froncés dans tous les sens avec le stress et le repas avec le diable en personne-. 

Elle finit, après quelques minutes, par se décider à se laver. 
Sans y réfléchir vraiment, elle observa les flacons de savons à ses pieds avant de se baisser pour en prendre un. 
Il était noir et bleu, un petit cylindre tout en longueurs. D'apparence sobre, l'étiquette sur la bouteille annonçait d'un air mystique " sombre fraîcheur nocturne ". 

Le gel douche de Grey. 

Lucy en dévissa le bouchon avec lenteur, déployant au moins une bonne centaine de précautions, inutiles. 
Elle en porta le contenu à ses narines, bien que l'odeur prenait déjà toute la cabine de douche.

C'était un parfum exquis, enivrant, exotique, sexy. 
Il évoquait milles et une contrée, l'aventure, le goût du danger. Elle sentait comme une odeur boisée, mentholée, presque épicée. 
Un odeur de Vie que Lucy adorait plus que tout au monde. Le genre de parfum à se damner, comme une drogue, un poison, un remède. Le type de parfum qu'on voudrait sentir toute sa vie et même plus. 
C'était l'odeur que Lucy préférait entre toutes. 
L'odeur de Grey. 

Lucy reposa le dangereux flacon avec un petit bruit à mi-chemin entre le soupir et le gémissement. 

Comment avait-elle put croire sérieusement ne serait-ce qu'une seule seconde qu'elle sortirait indemne de toute cette histoire ? 
Rien que l'idée en elle-même de faire semblant d'être en couple avec Grey semblait mauvaise. 
Mais cohabiter dans la même chambre que lui pendant deux semaines ? C'était de la folie pure ! 

Elle était même sûre qu'en ce moment précis, sa raison, son instinct de survie, son Karma étaient assis quelque part, ensembles, un cornet de pop-corn sous le bras, juste prêts à admire le spectacle que devenait le désastre monumental de sa vie sentimentale. 
Bientôt, ils proposeraient probablement à Happy de se joindre à eux pour se payer sa tête dans la joie et la bonne humeur. 
"Saloperies." pesta-t-elle en silence, ayant désespérément besoin d'un objet quelconque sur lequel elle aurait put passer sa colère. 

Mais plus que de la colère, Lucy ressentait de la peur, Elle n'était pas idiote au point de croire qu'elle s'en sortirait indemne. Elle espérait simplement que prier tous les dieux auxquels elle n'avait jamais crut suffirait à ce que Grey ne découvre pas son petit secret... 

Vaguement consciente de ses gestes, elle appliqua son savon à la vanille sur l'entière totalité de sa peau laiteuse, puis, se plaça sous le pommeau de douche, laissant l'eau effacer le maximum de mousse qu'elle pouvait avant que la jeune fille de se résigne elle même à frotter ce qu'il restait d'un aire absent. 

Fête de famille - GreyluOù les histoires vivent. Découvrez maintenant