XXVI

749 67 21
                                    

« Un bijou contre les secrets de ton ami ? demanda d'une voix grave l'homme à la croix tatouée au milieu de son front. Je n'ai jamais vu aussi peu de solidarité.

- Notre relation n'est absolument pas alimentée par l'amitié, répondit amèrement la femme en haussant les épaules. Je lui sors par les yeux et je n'éprouve que de la mauvaiseté contre celui que vous appelez Bâtard à la Chaîne

   Le plus petit qui semblait le plus méfiant de tous plissa ses yeux sur elle, le fantôme d'un sourire sadique étirant ses lèvres lorsqu'il lança :

« Ici, ça ne marche pas à l'échange ni au chantage. Nous sommes des voleurs, ce qu'on veut, on le prend. Je ne vois vraiment pas pourquoi on devrait te donner quelque chose contre tes soi-disantes informations, je suis un maître dans la torture, si tu vois ce que je veux dire...»

   Sans le moindre soupçon d'hésitation, la rose ne répondit qu'avec un rire forcé, visiblement prise au jeu, alors qu'elle sortait de sa poche plusieurs cartes bancaires et celle désignant sa profession d'Hunter, les rebords en argent brillant presque sous le feu des torches à coté de sa tête.

   Les quatre tiquèrent au montant absurde des numéros inscrits sur les deux premières.

   Le chef, comprenant exactement où la situation allait, soupira et murmura quelques mots à l'oreille de Phinks qui acquiesça en râlant plusieurs malédictions à la rose qui se contenta de glousser, déboutonnant les premiers pans de sa veste.

« Vous ne cherchez pas l'argent, la fortune... Mais contre mes informations avec en supplément mes cartes, est-ce que cela change la mise ? Au passage, j'ai une bombe sous mes vêtements qui me fera sauter au moment où l'un d'entre vous tentera de m'agresser, vous êtes donc baisés

   L'artillerie lourde maintenant dévoilée, Machi se crispa et engagea une position défensive dans le même mouvement que Feitan. Kuroro se contenta de rire faiblement, les sourcils levés et la tête légèrement inclinée sur le coté.

« Nous sommes surveillés, n'est-ce pas ?

- Ouais.»

   L'homme blond revint avec un petit sac blanc sans motif, presque sale et couvert de poussière, tirant sa langue envers la jeune femme qui le prit avec un sourire narquois. Elle avait gagner.

   Ils ne semblaient pas vouloir débattre plus longtemps, et Rin non plus, alors déballa dans les moindres détails le peu qu'elle savait sur Kurapika, ses intentions et son meurtre. Sa capacité ne fut que vaguement précisée, prétextant au passage qu'il n'avait dit rien d'autre après avoir enterré leur ami.

   Quelques phrases si simples qui semblèrent passer avec difficulté dans les oreilles de Phinks. Uvôgine avait beau être un abruti, c'était toujours un très bon ami à lui, et serra sa mâchoire jusqu'à faire grincer ses dents pour contenir sa colère grandissante pendant le récit de la plus jeune qui se permit de ricaner entre deux.

   Oh, la journée allait être longue. Très longue même.

« C'est tout ce que tu as à nous dire ? demanda d'une voix tranquille le chef.

- C'est tout, je suis désolée. J'ai une vidéo du combat sur enregistrée dans un disque, il est dans ma poche d'ailleurs. Mais comme cette chère demoiselle, reprit-elle en faisant un vague signe de tête à Machi, ne daigne délivrer mes mains...

- J'ai compris, râla Phinks, j'ai compris...»



___



   Les pas silencieux des cinq n'alertèrent pas les deux jeunes garçons encore sous les griffes aiguisées de Nobunaga et d'Hisoka, le jeune assassin dépourvu de sa liberté de mouvement, une carte aiguisée contre la trachée et le vert maintenu d'urgence par Feitan qui s'était dépêché de le maîtriser contre la dalle en pierre.

   Dépourvue de tout sens moral, et avec un sourire mauvais, Rin s'inclina paresseusement devant toutes les personnes présentes qui daignèrent la regarder, et fit une révérence exagérée.

« Merci de toute votre attention, mes chers... Compatriotes ?

- Elle peut partir, déclara le noiraud en retournant à son siège en hauteur.

- Quoi ?! s'exclamèrent les deux enfants. Rin !

- Qu'est-ce que tu as fait ? demanda sombrement Kirua.

- Rien qui te concerne, trésor. Bonne chance avec l'autre-là, il est assez coriace, mon sucre !»

   Un sursaut l'empêcha une nouvelle fois de durer longtemps à la nouvelle partie de bras-de-fer  contre l'épéiste, les sourcils légèrement froncés par la curiosité alors qu'il tentait d'échapper à la prise solide du plus petit sur son bras.

« S'il te plait, Rin attends ! Qu'est-ce que tu as fait ?

- C'est sur moi que tu dois te concentrer, bon sang ! hurla Nobunaga en forçant une nouvelle fois le bras du petit garçon contre le bloc en pierre.

- Ça devient ennuyeux à voir, soupira l'un aux cheveux blonds nommé Shalnark. Feitan, je pense qu'il ne tentera plus de s'enfuir maintenant.»

   Ceci furent les derniers mots que la rose entendit avant de prendre la fuite, les larmes dévalant finalement ses joues lorsqu'elle passa la sortie pour courir le plus loin possible.

   Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai encore bordel de fait ? Pourquoi ? Quand ? Ses yeux s'écarquillèrent quand sa tête frappa durement le sol après avoir une nouvelle fois trébuché. Une sorte de retour de karma, que Kōseki accepta avec un plaisir malsain.

    Pourquoi, pourquoi ? J'ai envie de vomir, qu'est-ce qui m'arrive, d'un coup ?

   Lorsque ses yeux se rouvrirent pour laisser place à la lumière, elle vit une foule de personnes en totale ignorance de son état misérable. Un nouveau spasme glissa le long de son dos lorsqu'un jeu homme tenta de s'approcher.

   Mais Rin ne vit pas son visage.

« Bonjour ? tenta celui-ci d'une voix dépourvu de tonalité. Allez-vous bien ?»

   Aucun son ne passa. Le moindre sentiment de réconfort sembla s'enfuir par les frissons qui traversaient son corps de haut en bas, la gorge sèche et les yeux grands ouverts.

« Excusez-moi ? retenta-t-il. Mademoiselle, y a-t-il un problème ?»

   Perdue et haletante, les genoux repliés contre sa poitrine, la jeune femme envisagea une nouvelle fois de répondre mais n'y arriva pas. Tout semblait irréel. Cet élan de courage, elle si audacieuse d'aller affronter ce gang de criminels sans avoir froid aux yeux en apparence...

   Pour la première fois depuis très longtemps, Rin Kōseki laissa entrevoir sa plus grande faiblesse à un inconnu : La peur de mourir. Même sous ces "lignes de texte" comme elle appelait si souvent ses moments de paroles, la rose ne voulait tout simplement pas être percée à jour.

« Va-t-elle bien ?»

   Oh, et voilà que quelqu'un d'autre la voyait. De mieux en mieux.

   Une sensation de bien-être bienvenue la lança lorsqu'elle baissa la tête pour boire ce que lui tendait cette fois une présence plus proche et frêle. Même à travers cette épaisse brume quasiment étouffante, Rin vit des cheveux noires de jais et les traits féminins d'une belle femme.

   La chaleur régna dans sa gorge quand le liquide franchit la barrière de ses lèvres, les yeux fermés et un soupir heureux s'en échappant juste après. Seulement pour que quelques secondes après une migraine violente l'empêche de profiter du toucher si rare de ces personnes autour d'elle.

    Je suis encore capable de tout décrire... Mais... C'est de plus en plus douloureux.

   Et cette semaine, cette journée et ce moment où Kirua et Gon restaient prisonniers... Tout n'était même pas encore terminé.

« Je ne crois pas, répondit avec alerte une fois qu'elle pensa vaguement appartenir à un homme. Appelez une ambulance, je crois qu'elle fait une crise d'angoisse !»

   Au moment où elle cligna des yeux, son dos rencontrait la douceur d'un drap blanc, et juste après un masque se posa sur son visage.



"y"

Ce monde || Hunter x Hunter ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant