VI

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   Le sourire malade et ses yeux dilatés accentuaient l'aspect effrayant de son visage à moitié détruit, plusieurs morceaux de sa peau tombants au sol comme des écailles.

   Un petit rire éclaircit sa gorge sèche. Elle regardait droit dans les yeux la jeune femme aux cheveux roses, même avec la vitre teintée les séparant.

   Rin restait figée, incapable de faire le moindre mouvement ni prononcer de mot, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux ternes de Netero. Celui-ci attendait une toute autre réaction, mais attendit quelques instants avant de prendre la paroles :

« Je suis désolé de t'avoir fait venir ici sans préciser ce que nous te voulions.

- Pas de problème, je suppose.

- Cette jeune femme est une criminelle extrêmement dangereuse.

- Et ? En quoi suis-je utile ?

- Akihikara, d'après ce qu'elle m'a précisé. Apparemment elle te connait.

- Je n'ai jamais vu ce monstre.»

   Le vieil homme ferma pensivement ses lèvres, retraçant lentement son pouce contre sa barbe blonde dont le bout était attaché avec un élastique violet. Il s'attendait à cette froideur, ce regard et l'aura offensive qui se dégageait d'elle.

    Impénétrable.

   Tranquillement, il s'installa près des caméras de surveillance, les yeux rivés sur la jeune femme qui souriait méchamment au duo.

« J'ai un service à te demander. Pourrais-tu y aller ? Elle ne pourra rien te faire, et nous la surveillons constamment, il n'y a aucun danger.

- Excusez-moi mais... Que vais-je même y faire ?

- Tenter de lui parler, de comprendre pourquoi elle t'a nommé, toi parmi tant d'autres. Si la conversation tourne trop en rond je ferai tout s'arrêter, d'accord ?

- Bien...»

   Une fois entrée avec un questionnaire en mains, elle s'attarda longuement à l'observer sous toutes les coutures. Rien ne présageait de réactions nocives, alors Rin prit place face à elle et plaqua ses mains sur la table en béton.

   Le rire de Akihikara en disait long, son sourire grandissant quand la porte se referma derrière la nouvelle venue. Aucun mot ne sortit de ses lèvres, yeux fermés sous les projecteurs lumineux.

« J'ai des questions. Premièrement, pourquoi t'es-tu faites attraper ?

- Awn, n'est-ce pas dangereux de révéler ta vraie nature au président, Raray ?

- Ne m'appelles pas comme ça, je te l'ai déjà dit. Netero ne nous voit pas parler, l'illusion marche à merveille. Hikara, je t'ai posé une question.

- N'en pouvais plus ! grommela-t-elle en haussant ses épaules. Tu as ruiné ma vie sans aucun remord, m'as fait passer pour folle auprès de mes amis... Je préfère simplement tout terminer. J'ai commis des actes dignes de la peine de mort, il ne me reste qu'une journée.

- Je n'ai rien fait, rétorqua l'autre. Tu m'as suivi, tu m'as obéis sans poser de question. Il n'y a rien de mal puisqu'un jour je gouvernerai ce monde, mais hélas tu n'as pas joué le jeu jusqu'à la fin. Tu ne mérites pas d'être considérée comme notre chère Protagoniste. Je fondai mes espoirs en toi

   Le silence retomba, jusqu'à ce que Isaac ne décide de briser l'atmosphère pesante. Veux-tu continuer ou arrêter ? Une réponse rapide, ses jambes croisés alors qu'elle s'étirait paresseusement. La partie n'était pas terminée.

   Le fameux Game Over n'allait pas être une fin possible. Tout se jouait entre deux regards, la volonté la plus forte finira vainqueur. D'un coté la culpabilité et de l'autre le détachement émotionnel.

« Je prenais soin de toi, Rinaya.

- Lâche-moi donc avec ce vieux nom stupide, Hikara. C'est dommage, tu sais ? Petit soldat ne me sera plus utile dans la mort, à moins que je n'utilise l'option Reset !

- Rinaya, la vie n'est pas un jeu vidéo.

- Je n'écouterai pas les délires d'un personnage vide de vie, sans aucune utilité à l'intrigue. »

   Avec un dernier au revoir, la jeune femme claqua la porte derrière elle sous les hurlements de son aînée. Absurde, le mot se répétant encore et encore dans sa tête alors que ses yeux se posèrent sur l'avis de recherche accroché près de la porte.

«Je suis désolée, Netero. C'était une méprise, nous ne nous connaissons pas. Pardonnez ce malentendu, la mort doit être difficile à assimiler pour cette personne.»

   Le président ne répondit pas en retour, tête baissée alors qu'il lui faisait une vague distraite de la main, comme signe de sortir pour rejoindre les autres candidats.

   Enfin une fois seule, soufflant tout l'air de ses poumons, Rin se laissa tomber sur le carrelage immaculé et terriblement froid du palier.

   Trop de choses à assimiler, et finalement cette bataille avait eu un retournement inattendu. Culpabilité ayant eu le dessus sur apathie, le cœur empreint à des sensations aussi horribles que des petits poignards qui s'y plantaient sans jamais se stopper.

«Mademoiselle, j'ai terminé avec les préparations. Hikara ne parlera pas de vous à Netero, sa langue maintenant coupée.

- Itsu ? Ah, désolée je ne t'avais même pas remarqué. Merci, toujours aussi délicat au moindre détail, n'est-ce pas ?»

  Celui-ci gloussa en réponse, les mains derrière le dos alors qu'il scrutait sans gêne de haut en bas la femme sous lui. Les cheveux roses étalés et emmêlés, les yeux azurs vitreux et à la recherche d'un semblant de vie, et les quelques piercings ici et là posés avec soin sur son visage.

   Certains petits détails jamais vraiment pris en compte. Comme les vêtements, des lunettes steampunk au dessus de sa tête, aux bottes à semelles compensées.

«Petit soldat a perdu.

- Il y aura d'autres petits soldats pour le remplacer. Maintenant dépêchez-vous d'aller prendre une douche et rejoindre les autres, vous aurez encore quelques jours à passer dans la forêt d'après les fiches des examinateurs.»

Avec un petit signe de tête, il s'inclina et ouvrit la fenêtre.

« Au revoir.

- Merci pour ton aide, Itsu



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