XIII

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   Mélancolie, nostalgie. Deux mots simples mais qui signifiaient plusieurs choses selon la perspective. Deux émotions que l'on ressentait à un moment donné et que l'on préférait ignorer, la plupart du temps.

   Mais, quand l'esprit était constamment en proie à de la mélancolie ? Cela devenait ainsi plus difficile à vivre. Quant au regret, c'est tout autre chose qui pourtant procure le même sentiment de mal être.

   Personne n'avait jamais été capable de comprendre la façon de penser de personnes prétendues folles, à envoyer à l'asile psychiatrique. Mais, est-ce qu'on prenait même le temps d'essayer de les connaître ?

   Parfois, les gens ne pouvaient pas être compris simplement parce qu'il ne le voulaient pas.

   Et d'autres... Le souhaitaient vraiment, mais l'occasion n'était pas présente.

   Jeu de psychologie inversé où cette fois ce sont les fous qui tentaient d'étudier ceux normaux. Hélas, jamais rien ne se passe comme prévu. Le taré renvoyé chez lui et les gens retournant chez eux, dans leur foyer chaleureux.

   Dans son esprit, Akiira se repassait souvent ses plus traumatisants souvenirs. Que ce soit les brimades à l'école, le jour où elle obtint son premier zéro, jusqu'au moment même où elle avait eu son premier coup de cœur... Qui s'était terminé par la trahison de l'autre. Ce n'est pas moi mais toi, tu es bizarre aussi, tu sais !

   Ce n'était pas tout. Il y avait aussi eu le jour, quand son frère venait de rentrer à la maison après deux mois de voyage à l'étranger, s'était accidentellement fait tomber de la javelle dessus. La façon dont ses yeux sont devenus rouges jusqu'au sang, sa peau blafarde et presque tombantes suite aux produits chimiques...

   La jeune femme de vingt-deux ans secoua sa tête rapidement pour reprendre ses esprits. Pas le moment ! Répéta-t-elle en boucle dans sa tête, posant sur son épaule un lourd sac en toile violet.

« Akiira ! As-tu terminé ? Nous repartons une fois les provisions achetées.

- H-Hm ? Déjà ? Mais vous venons d'arriver... J'veux dire, Jappon est un beau pays comme même ! Même les tenues sont superbes.

- Je prévois de prendre un emploi à York Shin City. J'aimerai donc préparer mon parcours professionnel, tu sais un curriculum vitæ, si je ne me trompe pas c'est ça le nom complet.

- Même si tu as fait quelques semaines d'études de lettres, ce n'est pas la peine de toujours laisser de coter les abréviations ! Limite on dirait un nom ancien... D'ailleurs, tu as déjà travaillé, toi ?

- Parfois dans des casinos, en tant que croupière pour la plupart. Black Jack, le meilleur.»

   L'autre soupira en réponse, passant maladroitement une main derrière sa tête. Jamais, dans ses souvenirs du moins, elle n'avait travaillé. Son caractère fort lui impliquait trop de problème, que ce soit parce qu'elle répondait très mal lorsqu'on l'appelait pour faire les corvées, ou même ses mauvaises rencontres avec ses collègues.

    J'suis pas un larbin, vos races !

   Et elle ne fut plus jamais testée pour un essai dans le commerce.

    T'as qu'à aller voir un psy', vieille peau ! Pour ton frigo ? Bah va direct au magasin au lieu de faire chier les honnêtes gens !

   La même chose pour les types téléconseil et télévente.

J'baise le prochain qui m'appelle « Madame » !

   Ni dans l'éducation...

   Et elle ne préféra même pas se rappeler ses tentatives désastreuses dans l'écriture. J'ai pas l'âme d'un putain d'auteur à l'eau de chiotte, m'les brise pas enfoiré ! Qu'avait-elle dit à son dernier patron temporaire, éditeur et réalisateur de romans pour filles de huit à seize ans.

« M'ouais, j'suis vraiment pas faite pour travailler. Ou du moins pas tant que je suis pas ma propre patronne.

- Kaishi dirige un immense clan de yakuzas dans l'ombre, Itsu est un garde du corps, Jun'Ichiro est... Il est quoi, déjà ?

- Pute de service ? tenta avec ironie l'autre. Ça lui irait bordel de bien.

- Toujours aussi vulgaire... Non, je crois qu'il travaille dans l'assassinat, quelque chose du genre. Il m'a récemment envoyé un message comme quoi il avait liquéfié une personnalité ultra célèbre, avec beaucoup de fierté.

- Liquéfié...? Tu veux pas plutôt dire liquider ?

- Non, littéralement liquéfié. Il ne restait que du liquide à la fin. Bien sûr si on ne pense pas à la chair à coté. En fait le gars a terminé à l'état de beurre.

- Dégueulasse !»

   Rin éclata de rire, clignant de l'œil alors qu'elle faisait défiler les messages sur son cellulaire. Et, comme pour prouver ses dires, appuya avec son pouce sur l'image des restes du dit pauvre homme, ce qui dégoûta l'autre. Un mafieux célèbre, et les Hunters spécialisés n'ont pas laissé cette affaire être déclarée au grand public.

   Putain de cinglée... Akiira s'élança du haut d'un immeuble pour atterrir sur le toit d'une voiture, les sonnettes d'alarmes allumées lorsque l'autre l'a rejoint dans la chute. Plusieurs personnes partirent en courant, laissant les deux hilares sur le capot, deux bouteilles d'alcools dans les mains.

« Alcool ? fit avec un sourire narquois la violette. Je ne te croyais pas si audacieuse ! L'alcool est si bad, tu sais ?

- Après-demain se clôtura l'arc actuel, traquons alors pour cet événement !

- J'avais oublié, ahah... Dis, que nous réserve l'avenir, d'après toi ?

- Le pire, pour satisfaire le joueur. N'est-ce pas incroyable, de voir les protagonistes ressentir du désespoir ? C'est un plaisir malin que les gens éprouvent lorsqu'ils jouent à un jeu. Certains, parfois ne cherchent que ce genre là. A quel point peut-on être sadique, Akila ?

- Les développeurs sont les plus cruels, puisque ce sont eux qui ont entre leurs mains grasses la souffrance et la vie de leurs personnages. Personnellement je n'ai jamais appréciée ce genre de spectacle morbide, qu'on même fait les personnages pour mériter de tels drames ?

- Je te l'ai dit : Satisfaire le public. C'est comme du fan service mais cette fois dédié aux sadiques sans aucune race., expliqua-t-elle en prenant une lourde gorgée de sa bouteille. Nous sommes contrôlées, nous ne sommes pas vivantes. Les gens nous contrôlent, vivent nos vies pour suivre une histoire qui aura un jour une fin. Et alors, ils passeront à une autre.

- C'est flippant, j'ai souvent peur. La fin est si proche mais tout se répète...

- Et ainsi, nous ne vivons même plus. Seulement la première fois, lors de notre conception.»

   Un silence pesant s'installa entre les deux, mais aucune ne remarqua, presque déjà alcoolisées après une bouteille et demi entamée.

   Parfois, Akiira réfléchissait au sens de la vie, et après préférait tout oublier et repartir s'amuser pour laisser de coté ses sentiments nocifs.


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Ce monde || Hunter x Hunter ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant