Chapitre 15

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Je me suis réveillé en toussant et en crachant l'eau que j'avais ingéré lors de ma noyade. J'étais sur une plage de sable fin au bord d'un lac aux eaux scintillantes. Marc était accroupit près de moi les mains sur ma cage thoracique. Emma se tenait juste derrière lui. Il a soupiré de soulagement.

- Tu nous a fait peur, j'ai cru que tu allais y rester. Tu vas bien ?

- Ouais je crois, pourquoi ?

Je me suis alors rappelé la noyade au fond de l'eau.

- Je suis arrivé juste à temps pour te remonter.

- Tu es venu me chercher au fond de l'eau ?

- Ouais, j'ai réussi à desserrer tes lanières, et j'ai bien galéré, pourquoi tu les serres autant ? Bon bref, alors une fois les lanières desserrées je t'ai remonté mais je n'ai pas pu ramener ton sac. Quand j'ai plongé à nouveau pour le chercher, il n'y était plus, il avait dû rouler plus loin avec les remous et je ne voyais pas très bien car la vague avait remué tout le sable au fond donc l'eau était super trouble.

- C'est pas grave, ce qui compte c'est que tu m'aies sauvé.

- Mouais, mais pour ceux-là je n'ai rien pus faire. M'a-t-il dit en pointant son doigt vers le lac.

Je me suis levé et j'ai vu ce qui semblait être trois corps flottants à la surface de l'eau. Sous le choc j'ai demandé à Marc :

- Qu'est-ce qu'ils font là ? Et qui sont-ils ?

- Je pense que ce sont les gars qu'on a vu courir vers le barrage tout à l'heure et qu'il leur est arrivé quelque chose de pas cool pour qu'ils finissent ici. Ils ont dû tomber dans l'eau d'une manière ou d'une autre.

Emma est intervenue :

- Bon, j'ai pas envie de traîner ici, on y va ?

Ils ont alors remis leurs sacs à dos, par courtoisie, j'ai demandé à Emma si elle voulait que je porte son sac mais elle m'a répondu avec un ton d'indépendance qu'elle pouvait très bien s'en occuper. Je n'ai pas insisté et nous sommes repartis en direction des montagnes tout en longeant sur une centaine de mètres ce nouveau lac artificiel aux eaux miroitantes formé par l'ouverture du barrage.

Nous avons continué jusqu'à l'extrémité du lac où la pente devenait plus raide. Nous avons fait une pause puis nous avons changé les porteurs de sac, donc je me suis retrouvé avec un sac à dos pour la partie montagnarde de notre périple.

Nous étions en fin d'après-midi et la lumière commençait à décliner, la progression devenait de plus en plus difficile à cause d'un important dénivelé. Mais nous ne pouvions nous arrêter pour la nuit car nous n'avions pas pris la tente pensant que nous serions arrivés avant le couché du soleil.

Nous pouvions de moins en moins voir la carte car l'obscurité grandissait, et sans le talkie-walkie pour communiquer avec Ana, s'orienter devenait de plus en plus difficile. L'absence de civilisation ne créait pas de pollution lumineuse et nous pouvions voir très nettement le ciel étoilé, et une magnifique lune qui devenait notre seul guide.

Nos stocks de nourriture et d'eau commençaient à être épuisés car nous devions nous partager deux rations pour trois, ma ration étant dans mon sac au fond du lac.

Nous suivions une sorte de piste qui s'enfonçait toujours plus loin dans la chaîne de montagne, parfois les pierres roulaient sous nos chaussures quand nous trébuchions dans l'obscurité. Des hurlements de loups et d'autres animaux se faisaient entendre au loin. Je ne savais si c'était une impression mais j'avais le sentiment que les hurlements se rapprochaient. Le froid et l'angoisse nous étreignaient.

Nous étions épuisés, affamés, assoiffés, et nous marchions comme nous le pouvions quand nous sommes arrivés au sommet de la crête. Nous avons aperçus au loin une faible lueur, alors nous dirigeant dans la direction de cette source d'espoir, je me suis surpris à penser à Ana, espérant la trouver là-bas.

Soudain à travers les arbres, nous avons vus sur le versant de la montagne d'en face un énorme complexe de bâtiments répartit sur plusieurs niveaux avec des jardins, un terrain de foot et de basket, une grande piscine.

Nous avions le souffle coupé car nous ne nous attendions pas à voir cela. Nous nous sommes regardés avec un sourire traduisant le bonheur et le soulagement qui nous envahissaient.

Nous sommes donc partis vers ce complexe et environ trois quarts d'heure plus tard, nous sommes arrivés au premier bâtiment, qui était le plus grand et où John bien réel en chair et en os nous attendait. Il nous a accueilli :

- Bienvenu, j'espère que vous avez fait bonne route. Suivez-moi, je vais vous conduire jusqu'à vos chambres pour que vous puissiez vous reposer, vous l'avez bien mérité.

Nous l'avons suivi sans protester tellement nous étions fatigués mais j'avais quand même une question qui nécessitait une réponse.

- Est-ce qu'on pourrions voir Ana ?

- Vous la retrouverez bientôt, ne t'inquiète pas. Vous aurez beaucoup de réponses demain, mais pour le moment vous allez vous reposer car vous n'avez pas l'air en état de faire quoi que ce soit d'autre.

En effet, nous étions dans un sale état, fatigués, cernés, poussiéreux et transpirants. Donc la chambre, que nous avons rejoins après un dédale de couloirs, s'annonçait comme une bonne nouvelle. Emma avait une chambre voisine à celle que je partageais avec Marc.

Elle était très grande, très lumineuse, et les murs couleur crème rendaient l'ambiance agréable. Deux grands lits individuels nous étaient réservés; une salle de bain spacieuse et une armoire contenant des vêtements pliés, propre et à notre taille montraient le confort que voulaient nous faire ressentir nos hôtes.

John nous a dit avant de partir :

- Je viendrai vous chercher demain. Un conseil, reposez-vous bien.

La fatigue nous a empêché de prendre une douche et nous nous sommes endormis en quelques secondes encore tout habillé sur nos lits.

Rêve d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant