Awake - Attrape-Moi (Tome 2)

Chapitre 23

*Point de vue de Castiel

24 mars 2014

Huit mots. Huit petits mots. Les plus beaux de mon existence je crois. Je n'ai pas peur de toi, Castiel. Bordel. Elle a vraiment dit ça ? Je sais qu'elle ne parle pas seulement de notre petit jeu à l'instant. C'est bien plus profond que ça. Pourtant j'ai l'impression de le rêver. J'ai l'impression d'imaginer ce que je rêve qu'elle me dise depuis longtemps. Elle n'a pas peur de moi. La tempête que ces huit mots déclenchent en moi est si violente que j'ai la tête qui tourne. Les battements de mon coeur pulse jusque dans mon crâne.

Un sourire sincère et bienveillant flotte sur ses lèvres et ses yeux brillent en attendant certainement une réaction de ma part. Comment elle peut me sortir une chose pareille, comme ça, sans transition aucune ? Comment ça pourrait ne pas faire voler en éclat en un quart de seconde toutes les défenses que j'ai mis en place ? Comment elle veut que je réagisse à ça ?

— Sasha... je me contente de lâcher presque penaud.

Je la vois régir à l'entente de son prénom, et elle lâche mon bras. Sa douce chaleur me quitte. Je la regrette déjà. Il faut que je lui dise quelque chose, pour la retenir. Avant qu'elle ne se soit interpeller par quelqu'un. Avant qu'elle parte.

— Tu... T'es incroyable, je bafouille. Tu sors de ces trucs parfois.

Je dois avoir l'air d'un gosse, qui cherche ses mots, qui n'est pas sûr de lui et je suis presque sûr qu'elle ne doit pas comprendre ce que je suis en train de dire. Je la dévisage et vois son sourire s'élargir avec douceur.

— Ouais, je crois que je n'étais pas plus préparée que toi à dire ça, elle m'avoue. Je veux pas que ça te perturbe, hein, elle tente de se rétracter.

J'attrape sa main instinctivement. Evidemment que ça me perturbe. Elle avait tellement peur de moi, des garçons de manière générale et aujourd'hui elle me dit qu'elle n'a pas peur de moi. Moi. Sur tous les garçons qui l'approchent, dont elle pourrait se sentir proche, c'est de moi dont elle n'a pas peur. Bordel. Moi. J'en reviens pas. Peut-être que je m'emballe. Peut-être que je ne suis pas le seul. Mais je crois qu'à cet instant je m'en fiche. Parce que tout ce qui compte, c'est qu'elle n'a pas peur de moi. Que tout ce que j'ai fait n'est pas vain. Et par-dessus tout qu'elle a assez confiance pour me laisser l'approcher. Peut-être qu'un jour — qui ne me parait plus si éloigné — on pourra partager plus que ce qu'on a aujourd'hui. Un milliard de papillons se heurtent aux parois de mon être. La vie circule dans mes veines à grande vitesse, si bien que j'ai l'impression de brûler de l'intérieur. Alors ça ressemble à ça de vivre ? De ressentir ? Ça fait si longtemps que je suis mort à l'intérieur que j'ai l'impression de planer. La sensation est trop vive, trop intense. Tellement jouissive. J'en comprendrais presque les junkies qui m'ont engendré.

— Ça me rend heureux de le savoir, je souffle malgré moi. Je ne m'y attendais pas, mais c'est bien que tu me l'aies dit.

Alors ne me repousse pas, je termine en pensée. Je n'étais déjà pas sûr de le supporter avant de le savoir, mais je suis persuadé que ça m'anéantirait maintenant. Et c'est terrifiant. Terrifiant le pouvoir qu'elle a sur moi. Terrifiant de l'aimer à ce point. Terrifiant d'être à ce point au bord du vide, avec un risque si grand d'anéantissement. Et pourtant on se sent tellement vivant.