Chapitre 32

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5 juillet 2014

Une fois rentrée à la maison hier en début d'après midi, ma bulle a éclaté. Bien trop rapidement à mon goût d'ailleurs. Le désarroi de Lysandre m'est revenu en pleine face, à peine j'avais posé un pied dans la cuisine. Inutile de dire que mon estomac n'était pas en état d'avaler quoi que ce soit. La première pensée qui m'est venu fut : Et si j'avais fait une erreur ? Et si Castiel et Lysandre n'étaient plus jamais amis à cause de moi ? Je ne me le pardonnerai jamais.

J'ai immédiatement chassé cette pensée en imaginant Rosalya me pincer allègrement à cause de celle-ci. Nous nous étions rassurés mutuellement avec Castiel et il était évident que ni lui, ni moi n'allions laissé ce malentendu briser nos amitiés respectives. Il fallait que je parle à Lysandre mais hier n'était pas le moment propice pour cela.

J'ai passé l'après-midi à me ronger les ongles, en espérant que Lysandre n'allait pas trop mal. Qu'il ne m'en voudrait pas longtemps. Qu'il accepterait de me parler. Surtout, que je n'allais pas le perdre. Lysandre n'était pas Nathaniel et il était beaucoup plus instable ces derniers temps que lorsque je l'avais connu. Même s'il avait l'air d'aller mieux ces dernières semaines. J'espère que je n'ai pas tout gâcher. Soudain, le doute m'envahit. La culpabilité aussi.

J'ai eu envie de parler à Castiel toute l'après-midi, parce qu'il est le seul à pouvoir comprendre cette angoisse qui me ronge. Lysandre est très important pour moi comme il l'est pour lui. Je crois bien que c'est le premier auquel je me suis ouvert. Son regard est toujours si intense qu'il me projette dans son monde. Cette alchimie entre nous n'a jamais disparu malgré mes sentiments naissant pour Castiel et pourtant je n'ai jamais vraiment pensé à lui comme plus qu'un ami. Concrètement je veux dire. Quelque chose en lui, son aura peut-être, me touche, me parle. Un truc que je ne m'explique pas vraiment mais qui est bel et bien là. Pas comme avec Nathaniel, pas comme avec Castiel. Un truc entre les deux.

Mon cerveau l'a compris bien avant moi, parce qu'à la seconde où j'ai commencé à réellement m'interroger sur la nature de ma relation avec Lysandre de mon point de vue, des images de notre séjour chez ses parents me sont revenus. C'était fort ce qu'on a vécu tout les deux là-bas. C'était doux aussi. Je me sentais bien, et je n'avais pas peur. On a partagé beaucoup de choses, et pas seulement de la musique. Les mots de sa mère me reviennent : « il un rapport très particulier avec toi. Je ne saurais pas t'expliquer exactement comment je le vois mais c'est assez étrange. Il y a une chose que je ne saisis pas, mais tu sauras certainement de quoi il s'agit ». Elle avait raison, nous partagions un lien particulier que je ne saurais expliquer. Ce n'est pas de l'amour au sens amoureux, c'est autre chose.

Elle avait dit aussi un truc du genre : « Je sais que vous ne sortez pas ensemble, mais ça n'a pas d'importance au fond, vous avez l'air bien quand vous êtes ensemble et c'est ce qui compte, peu importe le genre de relation que vous entretenez ». J'espère sincèrement qu'elle a raison. Que ça suffira pour Lysandre. Que la non réciprocité de mes sentiments ne le brisera pas au point que ma présence le torture. Parce qu'il me fait du bien. Cette sensibilité que nous partageons me fait du bien, et je crois que sans elle, sans cette manière que nous avions de nous ressentir l'un l'autre comme nous le faisions, je n'aurais pas pu tomber amoureuse de Castiel. Son meilleur ami. Bon Dieu ce que je me sens horrible alors qu'au final je n'ai pas grand chose à me reprocher dans cette histoire.

Je serre le pendentif en forme de yin dans mes mains. Lysandre a l'autre moitié et ce symbole n'est pas anodin. Je l'ai su à la seconde où je l'ai choisi. C'est ce qui ressemble le plus à notre relation, je trouve. Mais peut-être que je me suis trompée. J'ai toujours pensé que Lysandre et moi étions sur la même longueur d'onde, mais peut-être pas tant que ça finalement. Mes sentiments sont authentiques et je sais que je ne peux pas me tromper là-dessus, mais peut-être que Lysandre me protégeait en restreignant les siens. Imaginer ça me ronge de l'intérieur. Il a déjà assez souffert aussi et j'ai l'impression de lui asséner un coup de couteau.

Awake - Attrape-Moi (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant