- Charline !
Mes poumons me brûlent. C'est affreux comme mes muscles me lancent. Est-ce que c'est à cause du manque de nutrition ? Des entailles sur mes poignets ? De mon envie de fuir qui m'étouffe ? Je n'ai aucune idée d'où je suis. Une ruelle sale. Pas un témoin de cette misère. Pas un chat qui remonte les pavés gris.
- Charline attends moi je t'en supplie !
Je me retourne. Mathieu court derrière moi. Je ne dois plus le laisser interférer dans ma vie. Plus jamais. Je laisse s'échapper quelques larmes. Elles s'envolent dans l'air froid. Et je me baisse mes yeux vers mes pieds. Je cours plus vite, plus fort, plus loin.
Mais soudain, quelque chose heurte ma tempe. Une douleur vive fuse dans mes veines. C'est insupportable. Je me sens tomber, mon crâne heurte violemment les pavés. Je vois des étoiles. Ma vision se voile, le sol tourne. J'ai l'impression de tanguer. Et qu'est-ce que j'ai mal... J'essaie de fermer les paupières. Est-ce que ça changera quelque chose ? Non, ça ne change rien.
Je sens mon sang dégouliner le long de mon visage, s'immiscer entre mes lèvres. Le goût est affreux. Il macule mes dents. Toutes mes pensées s'emballent, la panique m'empêche de réfléchir. La souffrance aussi. Elle est telle que je ne serais pas contre un petit shoot, un verre d'alcool, une cigarette, une dose de morphine, n'importe quoi pour ne plus la sentir.
Je crois que je pleure. Ou peut-être que c'est juste dans ma tête cette mer de brouillard sombre qui m'avale, qui me brûle, qui me noie ? Dans mes oreilles ça bourdonne, ça siffle. Faites que ça s'arrête !
Et d'un coup je sombre. Plus rien. Plus aucune once de conscience. Juste mon corps, étendu là, inerte, au milieu d'une ruelle insalubre, et un autre, vivant et douloureux de culpabilité, penché au dessus du mien. Mathieu. Un cri :
- Charline, réveille-toi !
Plus aucun battement de cœur qui secoue les veines du poignet qu'il prend entre ses doigts. Du sang dans mes boucles rousses. Des ecchymoses qui cachent mes taches de rousseur. Mes veines violettes qui serpentent sous ma peau presque translucide.
Je n'existe plus. Ou peut-être que si, que c'est pour ça que Mathieu sort de sa poche son téléphone, pour ça qu'il tremble. Et au milieu de toutes ces ténèbres, quelques images resurgissent. Elles sont floues, elles s'emmêlent, elles forment un mélange étrange, indigeste. Mais elles chassent la douleur.
Alors je me concentre sur elles, heureuse d'échapper à toutes mes angoisses. Alors je me laisse emporter, divaguer, flotter. J'aimerais comprendre, mais tous les évènements se jouent à l'envers, comme si puisque dans le bon sens ils n'en ont pas, de sens, peut-être que comme ça j'en trouverai un ?
A côté de mon corps désarticulé, il ne reste plus que Mathieu qui gémit et hurle de le pardonner.
- Charline je t'en supplie, réveille-toi...
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Charline, réveille-toi...
Teen FictionMes paupières se ferment. La douleur est tellement forte que j'ai l'impression qu'elle va me rendre folle. Je sens mon sang dégouliner le long de ma tempe, loin de rouler comme la jolie perle qui roule sur le doigt parfait de la Belle au bois dorman...