Nos années Poudlard | (Ceux que vous avez oubliés)

CHAPITRE 22 : DÉPART MATINAL

   Les jours suivants le passage de la chouette à leur fenêtre, Mélaine et Isadora, ainsi que Sirius, Remus et Dorcas avaient finalement reçu des nouvelles de Marlène. La famille Mckinnon était rentrée chez elle après l'arrestation de John Dawlish et ce qui aurait pu causer l'insurrection avait servi à couvrir le Ministère de gloire. Ils avaient démasqué et arrêté un auror corrompu. Un grand soupir de soulagement avait parcouru leur rang.

Marlène allait bien, son père n'était pas perdu. Mais l'angoisse qu'avait engendré le silence de la jeune femme avait exacerbé le sentiment que tout le monde avait déjà : on n'était entièrement en sécurité qu'à Poudlard. Ainsi c'est avec hâte que Sirius boucla sa valise. Il était plus que ravi de quitter le Chaudron Baveur pour retrouver son lit à Poudlard. Retrouver son uniforme aux couleurs de Gryffondor, retrouver James qu'il n'avait pas vu depuis deux semaines.

Il en avait des choses à dire à James. D'abord, il le laisserait parler, lui raconter la situation avec Lily. Il avait parié deux gallions avec Remus qu'il n'y aurait même pas eu un baiser. Peter avait ricané mais n'avait pas mis d'argent en jeu. Sirius enfila sa veste en cuir en quittant l'auberge. Il se rendrait à Kings Cross en moto. Il l'avait acheté quelques mois plutôt à un moldu, seulement il s'était rapidement rendu compte que ce moldu n'en était pas un quand la moto avait décollé du sol.

Même s'il ne la ferrait pas voler, il était impatient de la monter. Il avait désespérément besoin de faire le vide dans sa tête. Et chaque fois que l'air frais lui fouettait les joues, elle emportait une pensée. Il n'y avait plus que lui et lui bruit du moteur. Il arrêtait de penser à son avenir, à ses parents, son frère, cette guerre, cette stupide guerre qui lui avait tordu l'estomac pendant plusieurs jours.

Il arriva en avance à Kings Cross, bien avant l'heure de rendez-vous fixée avec Peter et Remus. Il ôta son casque et passant un main dans ses longs cheveux bouclés, c'était tant mieux. Il pourrait tranquillement aller ranger sa moto dans son hangar, il pourrait s'asseoir à la une table d'un café du côté moldu, et si la serveuse n'était pas trop compliquée, elle lui en offrirait un. C'est ainsi qu'un quart d'heure plus tard, une jolie serveuse brune déposait une tasse devant Sirius.

Mécaniquement, il souleva la serviette pour vérifier si elle avait inscrit son numéro de téléphone. Ce numéro ne lui servirait à un rien, il n'avait pas de téléphone et au combien même, il ne l'aurait pas appelé. Il était tôt, il avait mal dormi, il voulait juste du café. Pourtant, Sirius lui adressa un sourire en lisant les chiffres écrit à l'encre noire au dos de la serviette. Il bu son café, presque d'une traite avant de saisir la tasse et de l'apporter au comptoir. Peut-être pour s'enlever un peu de culpabilité. Il avait usé de son regard perçant et de ses longs cheveux pour charmer la serveuse, mais il ne comptait pas l'appeler, alors il pouvait au moins lui ramener la tasse.

-A bientôt.
-C'est ça, à bientôt, répondit Sirius en attrapant son sac.

Il rejoint finalement le quai 93/4 , Queudver et Lunard ne devrait pas tarder. Il se surprit à sourire en pensant que ni Marlène ni Isadora n'avait toujours trouvé leur nom de code après deux ans d'effort.

-Sirius !

-C'est pas trop tôt !

-On a deux minutes de retard, c'est pas la mort, rétorqua Remus en enlaçant son ami.
-A bord, mes camarades, je veux le meilleur compartiment, chantonna Sirius dont l'arrivé de ses amis avait rendu joyeux. Dans quelques heures, ils seraient à Poudlard.

La troupe que l'on ne pouvait décemment pas nommer «Maraudeurs» sans James, monta dans le train. Le quai était encore désert, ils étaient assurés d'avoir la place de leur choix. Bien évidemment, la place de leur choix se trouvait au fond du Poudlard Express, le plus loin possible du wagon des préfets. Cependant en approchant du fond du train, ils réalisèrent qu'ils n'étaient pas les seuls à bord. Des rires se faisaient entendre, des rires que tous reconnurent sans mal. Marlène et Isadora.

Sirius passa la tête dans l'embrasure de la porte du compartiment, un sourire volontairement niais sur les lèvres. Remus l'imita et Peter se contenta de jeter des oeillades, de peur de croiser le regard d'Isadora. Le visage de Marlène s'illumina davantage avant de s'empourprer. Elle se souvint que pendant plusieurs jours elle avait causé un stress inutile à ses amis. A vrai dire elle n'avait pas vraiment songé à eux jusqu'à ce qu'elle arrive et que Dorcas vienne sonner à sa porte pour lui raconter la situation.

-Content de te voir Mini Mckinnon ! Oh et Greenergrass !

Marlène se leva et enjamba sa meilleure amie pour aller prendre les garçons dans ses bras, elle invita même Peter dans ce câlin.

-Je suis trop désolée ! La jeune fille se trouva des airs de Peter à geindre ainsi, mais elle n'avait pas pu avoir une autre voix.

-Bon, vous me la rendez ? Demanda Isadora qui commençait à s'impatienter. Cette requête déclencha des rires, pourtant Sirius s'empressa de relâcher sous le regard étonné de Peter et Remus.
-Greenergrass, t'as vu que j'avais laissé une...

-Oui, je lui ai donné, assura Isadora, ça lui a fait plaisir.

-Merci, répondit Sirius avec un sourire sincère.

Marlène regagna sa place sur la banquette tandis que les garçons investissaient le compartiment d'en face.

Sirius se plaça du côté de la fenêtre, en face de Peter. Le quai commençait à se remplir et Sirius sentait une euphorie l'envahir. Il avait hâte d'être ce soir, dans son lit avec James, lorsque Peter serait presque endormi et Remus trop fatigué pour participer à la conversation. James lui décrirait chaque trait de Lily, chercherait de quoi la couleur de ses cheveux se rapprochait le plus. Le cuivre. Mais peut-être que cette nuit, Sirius aussi pourrait parler. Pas de Lily, bien entendu.

Il avait passé les deux dernières semaines à penser à une fille. Son amie. Mais l'aimait-il ? Il aimait beaucoup ses cheveux, la manière dont elle pouvait également les attacher en queue de cheval haute, en deux chignons, avec un ruban ou même une baguette chinoise. Il aimait son rire et la manière dont elle riait de tout, comme elle cachait son visage rougissant avec ses deux mains , ou comment elle tapait par terre en se tenant le ventre. Il aimait sa gentillesse, quand elle se tenait à côté des autres filles, elle avait toujours l'air un peu plus chaleureuse.

Mais il la connaissait depuis si longtemps, il avait bâti une amitié solide à base de taquinerie et d'attachement. C'était la petite serpentard amie des gryffondors, la petite sœur du préfet en chef, la bonne amie de tout le monde. Il n'était sûrement pas le seul à bien aimer Marlène Mckinnon mais qu'en était-il d'elle ? Elle semblait toujours s'intéresser à quelque chose qui l'occupait tellement qu'elle ne pensait pas aux garçons. Elle allait au bal de Slughorns avec des amis, et jamais il ne l'avait vu ricaner au passage de quelqu'un qu'elle avait dans le viseur.

-Qu'est-ce que vous avez ? Demanda Peter en dévisageant ses deux amis.

Sirius jeta un regard vers Remus assis à sa gauche, il le regardait aussi curieux, pourtant Sirius voyait encore l'expression qui avait intrigué Peter. Un demi sourire et le regard perdu dans le vague. Les deux garçons se jaugèrent un instant avant d'être interrompu par le bruit d'une porte qui coulissait. Mélaine Corner venait d'entrer dans le compartiment d'en face, rejoignant les deux serpentards.

Elle adressa un sourire et un signe de la main au garçons avant de refermer la porte. Il ne s'était écoulé que quelques secondes mais cela avait suffit à Sirius pour plonger la main dans la poche de sa veste et en ressortir un jeu de carte. Remus et Peter vidèrent à leur tour leur poche. L'un avait une petite pile de photographies animées prises lors de leur semaine à Londres, l'autre amenait de la nourriture.

Les garçons commencèrent à grignoter des sucreries tout en jouant aux cartes. Sirius s'appliquait à toujours avoir un bonbon à sucer dans la bouche, comme ça, il ne pouvait pas répondre aux éventuelles questions de Remus ou Peter. Il n'aurait sans doute pas la réponse lui-même.