Nos années Poudlard | (Ceux que vous avez oubliés)

CHAPITRE 24 : EN ROUTE POUR POUDLARD

  Aili-Jade n'aimait pas les longs voyages. Elle n'aimait pas transplaner, elle n'aimait pas utiliser les portes au loin, elle n'aimait pas voler sur un balai, ni prendre la voiture. Alors chaque année elle se trouvait heureuse de n'avoir qu'un rapide trajet à effectuer pour rejoindre Poudlard. Ses parents la conduisait pour une demi-heure de voiture à travers les Highlands écossais après lui avoir fait boire une potion contre le mal de transport. A l'heure où le Poudlard Express avait quitté la gare de Kings Cross, la jeune fille sortait à peine de son lit.

-Prête pour la reprise ? Demanda Æneas.

-C'est une vraie question ?

Aili-Jade prit place à côté de son frère dans le canapé. Depuis le dîner d'il y a quelques jours, une question à son sujet lui taraudait l'esprit. C'était d'ailleurs un exploit qu'elle ne lui ai pas déjà posé la question, elle qui aimait tout savoir. Mais si son hypothèse était fausse, son frère se sentirait sans doute vexé. Il sirotait son jus d'orange, les yeux rivés sur la nouvelle édition de la Gazette des Sorciers. Soudainement, son regard bondit sur sa sœur, il reposa son verre sur la table basse et l'interrogea du regard.

Elle venait de l'appeler mais aussitôt elle se mordit la lèvre. S'il se fâchait, il resterait fâcher contre elle jusqu'aux prochaines vacances. Cela laissait trop de temps pour transformer une petite vexation en rancœur. Il est beaucoup plus simple de pardonner à quelqu'un lorsqu'il est présent, lorsqu'on voit dans son regard qu'il s'en veut. Mais cette idée était arrivée trop tard dans la tête d'Aili-Jade.

-Quoi ?

-J'ai une question à te poser, dit-elle d'une voix mal assurée. Mais tu te fâches pas, hein ?

Un sourire apparu sur les lèvres de son frère, elle avait titillé sa curiosité. C'était bien quelque chose qu'ils partageaient, la curiosité.

-Tu sors vraiment avec Nima ?

L'espace d'une seconde, Aili-Jade vit les coins de la bouche d'Æneas s'affaisser avant qu'il ne force à nouveau un sourire plus crispé que le premier.

-C'est une question ça ?

-Réponds s'il te plaît.

-Je... Enfin... oui.

Æneas ne la regardait désormais plus dans les yeux.

-Parce que moi ce que je crois, dit la serdaigle après quelques secondes de silence inconfortable, c'est que pour une certaine raison, vous vous êtes arrangés pour vous créer une couverture mutuelle. Vous êtes pas vraiment amoureux, n'est-ce pas ? Pas de réponse. Et il y a ces lettres, continua la jeune fille. Ces lettres qui ne sont pas pour Nima.

Æneas se leva et marcha vers la porte. Se geste suffit à faire regretter Aili-Jade, qui se leva pour le retenir. Elle n'en n'eut pas besoin car son frère se stoppa devant la porte avant de la fermer et de lancer un sort d'assourdissement. Il se rassit à table face à Aili-Jade.

-Tu ferais une détective d'enfer.

Le coeur d'Aili-Jade fit un bond dans sa poitrine.

-Tu veux dire que c'est vrai ?

-J'ai pas eu autant de courage que toi... avoua-t-il d'une voix morose. Nima non plus d'ailleurs, ça s'est fait un peu par hasard, spontanément. C'est ma meilleure amie, tu sais.

-Donc les lettres que tu écris sont pour ta vraie petite amie. Qui est une moldu ?

Dit à voix haute, Aili-Jade trouva tout cela si évident. Jamais Æneas et Nima n'aurait plus former un véritable couple, ils étaient pratiquement frères et sœurs. Mais ils jouaient à un jeu dangereux, s'enfonçait doucement dans des sables mouvants. Chaque fois qu'ils affirmaient qu'ils étaient en couple, ils renforçaient les convictions de leur parents, ils refermaient davantage leur esprit. Mrs Yaxley ferait une attaque le jour où elle apprendrait que son parfait fils lui avait aussi menti.

Le jeune homme expliqua qu'il avait conscience de cela, tout comme Nima et qu'ils ne comptaient pas continuer la mascarades indéfiniment. Ils comptaient aller vivre aux Etats-Unis, loin de l'emprise de leurs puissantes familles, avec leurs copains respectifs. Aili-Jade l'écouta dubitative, le mensonge n'était jamais une bonne option. Elle en avait fait les frais.

-Aili t'es prête ? La voix de son père lui parvint depuis le salon. On ne va pas tarder à y aller.

-Oui, je termine de déjeuner, répondit-elle, brisant le sort d'assourdissement.

Elle se leva, il fallait qu'elle termine de se préparer.

-J'ai pas eu tant de courage que ça Æneas. Mais la vérité te rattrape toujours.

Aili-Jade monta dans sa chambre, il ne lui restait plus qu'à ranger les affaires de Shakespeare. Le pauvre la boudait depuis son retour dans la maison de ses parents. Elle avait beau lui expliquer qu'elle était punie et qu'elle ne pouvait pas envoyer de courrier, ça ne changeait rien au fait que la seule activité de l'oiseau avait été de chasser des rongeur dans la forêt durant toutes les vacances. Il avait d'ailleurs rapporter toutes ses proies à Aili-Jade, il les déposait en tas sur le tapis au centre de sa chambre. La jeune fille suspectait un acte de vengeance.

-Shakes ! On retourne à Poudlard, t'es content ? T'auras plein de lettre à envoyé. L'oiseau tourna la tête vers elle sans pour autant l'inviter à le caresser comme il en avait l'habitude. Qu'est-ce que t'es rancunier, c'est dingue pour un oiseau !

La serdaigle se demanda alors ce qu'il en était d'Adrian. Etait-il en colère contre elle ? Elle n'avait pas pu lui donner de nouvelles durant ces deux dernières semaines. Elle savait pertinemment que la venue de ses parents avaient dû causer un boucan pas possible chez lui, des disputes entre sa mère et son père. Si elle était lui, elle lui en aurait certainement voulu. Par sa faute, le comportement de son père s'était sans doute aggraver.

La jeune fille avait tenté de ne pas penser aux répercussions de ses actes, elle en aurait perdu le sommeil, pleine de remords et de culpabilité. C'était une attitude immature, ou un égoïsme vital, elle ne savait pas. D'ici deux heures, elle retrouverait Adrian. Elle ne savait pas ce qu'elle lui dirait. Elle commencerait par s'excuser, elle l'écouterait s'il acceptait de lui parler.

-Faut qu'on se mette en route Aili.

-J'arrive !

Elle attrapa la cage de son hibou et descendit l'escalier, sa valise se trouvait déjà dans le coffre de la voiture. Elle fit un saut dans la cuisine avaler la potion épaisse et salée qui lui évitait paradoxalement d'être malade en voiture. La scène d'au revoir entre le grand frère et la petite sœur ne fut pas particulièrement émouvante. On ne se manque jamais vraiment avant quelques jours entre frère et sœur, ils le savaient tous les deux.

-Bon débarras !

-Æneas ! Tonna Mrs Yaxley.

S'il y en avait un que ça émouvait de laisser partir un de ses enfants, c'était Mr Yaxley. Derrière son mètre quatre-vingt, et ses allures de viking en robe de sorcier, Mr Yaxley était un véritable papa poule. C'était Mrs Yaxley qui conduisait parce que très vite, la vue du père était brouillée par les larmes qui ne coulaient pas sur ses joues. Aili-Jade trouvait cela mignon qu'il soit aussi affecté par son départ. Cette fois-ci, elle fut aussi reconnaissante du fait qu'aucun de ses parents n'aborde le sujet d'Adrian dans la voiture.

-Une lettre le dimanche, jeune fille, dit Mrs Yaxley en ralentissant la voiture, ils arrivaient presque à l'endroit où commençait le dôme de protection de Poudlard.

-Et pas de bêtises, ajouta Mr Yaxley.

-Soit brillante comme toujours mon coeur.

-Et l'école avant les garçons. Il poussa un soupire, ce simple soupire émut Aili-Jade. Il voulait dire tant de chose, mais surtout il voulait dire que ses parents acceptaient le fait qu'il y avait des garçons dans sa vie.

-On t'aime, petit coeur, termina Mrs Yaxley.