2NDE 3

N° 24 : Thomas

Vendredi 23 mars 2018
Sujet dernier

Répondant au nom de
Thomas

Ça y'est. C'est le dernier post. J'ai bien essayé de t'oublier, de te repousser aussi loin que possible, tu devais bien passer un moment ou un autre. Eh bien tu passes en dernier.

Thomas.

Membre à part entière de notre bande d'amis, meilleur ami de Julien et ami de Chloé et de moi. Tous les deux nous avons tout de suite remarqué que cette dernière avait des sentiments pour Julien, peut-être que la rupture de celui-ci avec Menah lui donnera une chance.

Tu as été assez clairvoyant pour voir ses sentiments à l'égard de ton meilleur ami, mais as-tu déjà remarqué les miens ? Ceux qui te sont destinés ?

Au fond de moi, j'espère très sincèrement que non. C'est vrai quoi, si jamais tu le découvres par toi-même, Dieu sait la situation gênante qui se créerait entre nous. Je prendrais panique, je suerais de partout, sans parler de ma tête qui deviendrait toute rouge. Je ne veux pas non plus te le dire parce que c'est plutôt intime, comme truc ; personne ne dévoile ses sentiments comme ça et les crie sur tous les toits, si ? Ce sont les miens, ils m'appartiennent.

Et bien sûr, l'irremplaçable peur de se prendre de plein fouet un refus me terrorise.

Je pense que Chloé l'a deviné d'elle-même, elle me connait, forcément qu'elle le sait ; tout comme elle sait que je sais qu'elle sait.

Et puis, il y a cette partie, que la lâche en moi tente tant bien que mal de cacher, d'enterrer au plus profond de mon âme. J'ai cru un moment réussir par ailleurs. Cette partie veut tout te dire, tout dévoiler, mettre cartes sur table. Elle veut te dire à quel point elle est attachée à toi, Thomas, à ton sourire, à tes paroles, à tes lèvres, à tes blagues, à ton rire, à ton regard, à ton corps. Elle veut te prouver qu'elle t'aime, elle veut faire battre ton cœur comme tu fais battre le sien. Elle veut effleurer ta peau, te rendre la respiration saccadée, te faire tourner la tête. Elle veut te dire depuis combien de temps elle rêve de poser ses lèvres sur les tiennes, depuis combien de temps je rêve de poser mes lèvres sur les tiennes.

J'aimerais tellement tout te dire, te faire réaliser que, oui, quelqu'un peut t'aimer comme tu es.

Alors je ne te raconte pas la peine que tu m'as faite quand, en début d'année, tu m'as dit que tu avais des sentiments pour Chloé. Tu les éprouvais pour ma meilleure amie, et égoïstement, pas pour moi.

Sur le moment, j'ai eu littéralement l'impression que mon cœur s'était brisé, que j'allais le retrouver en morceaux. Par ta faute. Je n'ai jamais été aussi triste de ma vie, aussi... anéantie. Ne le voyais-tu pas, que je t'aimais ? Après trois ans, apparemment, non. Par contre, tu voyais bien que Chloé avait des sentiments pour Julien, mais t'es quand même tombé sous son charme, faut être intelligent !

Je t'en ai voulu, j'étais incroyablement en colère après toi. Personne ne m'avait fait un tel coup ! Puis je m'en suis voulu à moi-même. Car, finalement, tu n'as rien fait d'autre qu'être humain. En tant qu'homme, tu as le droit d'éprouver des sentiments envers n'importe qui ; après tout, ces derniers sont incontrôlables. En tant que femme, moi aussi, j'ai le droit d'éprouver des sentiments envers n'importe qui, il aurait juste fallu ce que ce soit quelqu'un d'autre, quelqu'un qui, de son côté, m'aime aussi.

Rêver, c'est beau.

Toi, tu as eu le courage de parler à Chloé, de l'aborder. Mon cœur s'est encore plus brisé en voyant ta mine anéantie à ton tour quand elle t'a fait comprendre que rien ne pourrait naître entre vous.

Nous sommes deux cœurs brisés Thomas, l'un autant que l'autre.

J'espère toujours qu'un jour, miraculeusement, tu fasses le premier pas, que tu viennes me voir et me dises que toi aussi, tu m'aimes, que c'est encore plus fort que ce que tu ressentais pour Chloé. J'aimerais tant t'entendre dire les mots que je me suis imaginés et que je ressasse, encore et encore. Si tu savais tous les longs-métrages à l'eau de rose que je me suis faits.

Je commence à croire que la lâcheté en moi prendra toujours le dessus. C'est d'ailleurs aussi pour cela — pour combattre ce manque de bravoure — que j'ai écrit ces articles sur chacun de notre classe, à la vue de tous, sur Internet, en prenant le risque qu'un ou plusieurs de nos camarades tombent dessus. Que tu tombes dessus.

J'espérais que, de cette manière, je gagnerais assez de confiance pour pouvoir te faire face, te confronter, et laisser la partie en moi bien cachée tout te dire, tout te dévoiler. La laisser témoigner mon amour à ton égard.

Et peut-être qu'un jour, j'y parviendrais.

Peut-être qu'un jour, je ne vivrais plus en retrait.

Peut-être qu'un jour, pour moi, tu auras plus que le béguin.

Peut-être que ce jour, c'est demain.

La folle fille amoureuse de toi,
Amalthée P.