Luna

Chapitre 4

PDV inconnu :

Je n'aime pas ça. Qui est-il ? Que lui veut-il ? Je ne veux plus qu'il l'approche ! Je grogne. Ma princesse de la nuit... Si froide et si inaccessible se laisse atteindre par ce misérable. Ma douce Luna... Il serait peut-être temps que j'apparaisse dans ta vie. Un frisson de jubilation me traverse. Je sais exactement comment m'y prendre. Ce sera grandiose !

Allongé sur mon lit rongé par la moisissure, j'écoute le bruit des gouttes d'eau qui coulent du plafond décrépit et s'écrasent sur le sol dans un bruit répétitif. Seule lumière de la pièce, une lampes vacillante donne un lueur sinistre aux lieux, se répercutant sobrement sur les murs.

D'une main, j'attrape un rat noir qui passe par là. Aussitôt il couine. Pauvre petite chose... Tu ne sais pas encore que je suis le chat. Encerclé par ma main, il semble infiniment minuscule. Une vie si fragile, si facile à détruire. Un petit rire m'échappe.

- Je pense que je vais t'appeler Luna, tu lui ressemble. Une pauvre petite créature de la nuit, faible...

Ses petits yeux noirs exorbités affiche une franche terreur. Les animaux sentent bien le danger. J'adore ça, ça m'excite. La peur. Il se débat, multiplie les coups de griffe et les coups de croc mais rien n'y fait, je le tiens fermement par le cou.

Un bruit étouffé. Des secousses. Et des pleurs, beaucoup de pleurs. Elle est réveillée. Je souris et jette le rat dans un coin de la pièce, une autre distraction bien plus intéressante s'offrant à moi. Sonné, il ne s'enfuit qu'après quelques secondes. Doucement, je me lève, le lit grinçant sous mon corps. Les bruits s'arrêtent. Elle m'a entendu. J'avance lentement, de façon calculée. Je ne suis pas pressé, j'ai tout mon temps. Un temps durant lequel une tension monte. Mes pas raisonnent, sonnant le glas d'un avenir cruel.

- 1...2...3... Prom'nons-nous dans les bois... Pendant que le loup n'y est pas... Si le loup y était... Il nous mangerait !

Les pleurs prennent forme à nouveau. Elle ne sait pas le plaisir qu'elle me donne. J'ouvre la porte de l'armoire dans un grincement funeste après avoir tourné la clé dans la serrure. La fille est attachée et recroquevillée en boule dans un coin. Ses cheveux bruns ébouriffés collent à ses joues baignées de larmes.

- Bonjour Jessy.

Elle tremble comme un feuille et lève son regard apeuré sur moi. Elle ne ressemble plus du tout à la jolie jeune femme que j'ai capturé. Ses yeux gonflés et rougis sont bordés de traînés noirs, sa lèvre est fendu et son front est surplombé d'un bel oeuf sombre. Je lui ai fait une sacrée bosse mais il fallait bien l'assomer.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

Pas si vite prenons notre temps...

- Voyons ! Tu manque cruellement de politesse... Tu ne me demande pas qui je suis ?

- Qu'est-ce que vous me voulez ?!

Aussitôt je la saisis par la gorge et serre de toutes mes forces. Je n'aime pas sa façon de m'ignorer et son ton rebelle. Enfin si je l'aime, la soumettre sera d'autant plus plaisant ! Ses yeux s'ouvrent en grand, un peu comme le rat de tout à l'heure. Elle gesticule en tout sens, s'épuisant bêtement. Et moi, en véritable lion qui étouffe sa proie je raffermit ma prise. Accrochée désespérément à ma main, seul un fin filet d'air sifflant traverse sa gorge.