Je détaille rapidement les lieux, stressée. Alors c'est donc à ça que ressemble un commissariat de police ? Un lieu gris au carrelage immaculé, triste, impersonnel. Les gens qui viennent ici dans l'espoir désespéré du trouver de l'aide et du réconfort ne doivent pas se sentir à l'aise. L'air est frais et il s'y dégage une odeur de métal propre aux armes. Je me demande bien comment les policiers parviennent à travailler ici. C'est si austère... S'il n'y avait pas des personnes dans les locaux, on pourrait croire qu'ils sont abandonnés. Je frissonne, me rappelant les événements passés.
En ayant retrouvé le corps une heure plus tôt, je ne m'en suis surtout pas approchée et j'ai immédiatement appelé la police. Je ne tenais pas à ce que l'on retrouve mon ADN sur la scène du crime, mais surtout, la vue de cette pauvre femme sans vie me terrorisait bien trop. Mon dieu... J'avais retrouvé une morte. Son corps était dans un état dramatique, mutilé, brûlé à certains endroits. Le sang, la poussière et la sueur formait sur son corps des plaque noirâtre insalubres. Ses yeux -dépourvu de la flamme des vivants- encore grands ouverts et exorbités témoignaient de l'horreur qu'elle avait subit. Elle était seule, effrayée... Elle avait dû terriblement souffrir.
Et sa mort n'a pas été des plus douces, elle a été égorgée. Je l'ai vu au premier coup d'oeil. Le sang coulait abondamment de la plaie béante au creux de son cou et déjà, les mouches s'y agglutinaient en masse. C'était il y a une heure, pourtant c'était comme si elle était juste devant moi. Raide, froide, morte. Ces images allaient me hanter encore longtemps peut-être même toute ma vie...
- Mademoiselle Luna ?
Je sursaute et pose mes yeux sur l'homme. Ses cheveux de couleur poivre et sel témoignent de son âge mûr et de son expérience de la vie. Il est vraiment imposant, mesurant dans les deux mètres, c'est une masse de muscle à laquelle il ne vaut mieux pas se frotter au risque de finir blessé. Son visage quelque peu ridé aux traits dures, lui confère cet air des hommes redoutables qui réfléchissent sans cesse jusqu'à trouver une solution. Dans ses mains, il tient un verre d'eau qu'il me tend gentiment.
- Tenez, buvez. Ça vous fera du bien.
- Merci.
Je m'en saisis d'une main tremblante et je le bois tranquillement. Savourant la fraîcheur qui me traverse à chaque gorgée. Quand je finis il reprends.
- Je suis le commissaire Tompson, je suis en charge de cette affaire de meurtre.
- Enchanté, dis-je en serrant la main qu'il me tend.
C'est une réponse stupide, mais je ne sais pas quoi dire d'autre. Bien sûr que non je ne suis pas enchantée, je voudrais être partout tant que ce n'est pas ici ! Je suis là parce que j'ai retrouvée une femme égorgée, comme un animal que l'on veut vider de son sang...
- Pouvez-vous me suivre je vous prie, j'aimerais vous poser quelques questions.
- Bien sûr.
Stressée et avec appréhension je me lève et le suis. Je n'ai jamais été dans un poste de police auparavant, ça m'est complètement étranger et je n'ai vraiment aucune idée de ce qu'il va bien pouvoir me demander. Peu importe, j'aurais bientôt ma réponse. Nous enchaînons les couloirs en silence. Je me sens mal à l'aise, et le bruit de nos pas qui résonnent sur le sol ne m'aident pas. L'endroit est si triste et impersonnel. Les murs sont totalement blancs, aussi immaculés que le sol sur lequel nous marchons. Les porte noires défilent. Certaines sont ouvertes, présentant des bureaux vides où s'entassent des tas de dossier sur des étagères, d'autres sont fermées. Au détour d'un couloir le commissaire Tompson ouvre une porte et m'invite à entrer. Je m'engouffre rapidement à l'intérieur de la pièce. Il y fais très sombre, seul un néon central en dessous duquel repose une table apporte un minimum de luminosité. Une salle d'interrogatoire typique comme on en voit dans les films et les séries. Juste une table avec deux chaise, des murs noirs et bien évidemment, la fameuse vitre teinté qui s'étend sur tout un pan du mur. Je visualise déjà tous les dispositifs électroniques derrière celle-ci, ainsi que les deux ou trois policiers qui s'attendent à avoir la moindre petite information qui pourrait les aider. Je m'assois, légèrement gênée d'être ainsi épié derrière cette vitre. Je n'ai pas pour habitude d'être au centre de l'attention. Le commissaire s'installe également, sortant des dossiers.
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Luna
RomanceUne jeune femme seule, triste, pâle aux cheveux blancs. C'est ce que les gens retiennent de moi lorsqu'ils me voient. Mais ils ne se sont jamais donné la peine de comprendre. En réalité, je suis malade et ceux depuis ma naissance. Cette maladie me p...