Chapitre 3

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Nouvelle nuit, nouvelle sortie, nouveau décor. Eh oui, si je voulais éviter cette homme, il fallait bien que j'aille ailleurs. En y retournant une troisième fois, avec notre "conversation" de la veille j'étais sûr de le retrouver. Là au moins, je suis tranquille et il ne viendra pas. Parfait ! Je m'assoie sur le bord du haut immeuble sur lequel je suis perchée, l'échange avec Caleb me revenant inlassablement en tête.

Je n'avais jamais autant parlé avec un étranger. C'est dingue ! Je m'étais même amusée avec lui. Mais ça il ne le saura jamais. J'ai passé un bon moment en sa compagnie et aussi fou que ça puisse paraître, refuser son invitation me... Déplaisait ? Pour une fois je me serais bien laissée tenter. Un femme normale qui accepte le rendez-vous d'un belle homme. Un cadre utopique, qui s'est présenté à moi il y a quelques heures seulement. Et j'avais dit non, c'était pour le mieux. Mais est-ce vraiment ce que je pense ou est-ce que je n'essaie pas plutôt de me convaincre ? De toute manière, ça ne nous aurait mené nul part. Après le premier "tête à tête" il y en a toujours -ou presque- d'autres qui mènent à une éventuelle relation amoureuse, les livres me l'ont bien appris. Je ne peux pas me permettre cela. Vivre avec une fille de la nuit, ce n'est pas facile tous les jours. Je ne veux être un poids pour personne. Je ne suis pas un boulet qui s'accroche à la cheville d'une malheureuse victime, je suis forte, indépendante et par dessus tout je ne veux pas être blessé et abandonné. Si je m'accroche à quelqu'un, un jour je finirai inévitablement seule, à nouveau. Que ce soit par décès ou par rejet. Je ne doute pas que mon partenaire fuira rapidement. Ce n'est pas une vie, pendant que certains couples sortiront déjeuner le midi, patiront en vacances, iront faire je ne sait qu'elle activité amusante nous seront dans l'incapacité de faire tout ça du fait de ma maladie. Et puis, mon petit ami vivra le jour pour son travail et moi la nuit. On ne peut pas construire une relation seine et épanouie sur des bases si fragiles. Je ne veux pas connaître les reproches, la colère, le doute, le dégoût... Tant de petits poisons qui viennent s'insinuer dans le couple pour mieux le détruire, comme le venin du serpent dans le corps de sa victime. Alors j'ai pris la résolution de ne laisser entrer quicquonque dans mon existence, ainsi, personne n'aura à en sortir. Je pense avoir encaissé suffisamment de coups depuis ma naissance. Ça ira comme ça.

Au bord du vide, je fredonne. D'habitude, j'aime le silence, cependant il m'arrive parfois d'apprécier le bruit. Tout dépend de mon état d'esprit. Un vielle musique s'élève d'entre mes lèvres sous forme de bourdonnement. C'est agréable. Cette passion de la musique m'est venu à la sortie de l'orphelinat. Là-bas, il n'y avait pas de technologie. Les ordinateurs, les tablettes et les téléphones n'étaient que des mots pour moi. Rien de concret. Mais en aménageant dans mon propre appartement j'ai du m'y mettre, comme tout le monde. Et c'est là que j'ai découvert la magie d'Internet. Grâce à mon ordinateur j'ai pu poursuivre mes études par correspondance -à l'orphelinat j'avais un professeur particulier trois fois par semaine- et surtout j'ai pu combler mon ennuie à grands coups de documentation et de morceaux musicaux. J'ai écoutée un peu de tout et j'ai su apprécier chaque style, même si le métal est assez... Particulier ! En fait je déteste les musiques trop violentes, dénaturées par la haine, la violence ou les cris. Pour moi, ce n'est pas ça la musique. C'est un art qui nous élève, une façon de communiquer, de transmettre des émotions... Elle ne doit pas insciter à la folie, à la fureur. Ça n'a j'aimais été sont objectif, les gens l'oublient et lui font subir des métamorphoses pour le meilleur et pour le pire.

Dans toute cette fourmillante diversité, mon coup de coeur s'est porté sur les chansons américaine du 20ème siècle. Le jazz, le gospel, le blues, la country, le soul ou encore le rhythm and blues. Il se dégage une telle magie de ses musiques. Elles me donnent l'impression de replonger dans la vielle Amérique pleine de gentlemans à la tête coiffée de chapeaux derby, roulant à bord de leurs Cadillac flambants neuves... Je poursuis, animée par cette magie. Les intonations se suivent mais ne se ressemblent pas. Ça me plait. La différence, ce que je suis. Je m'apaise doucement et m'arrête alors.

LunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant