Fiction OrelxGringe - Assurance.

J'ai peur en permanence.

Trente minutes plus tard, ils arrivèrent à l'Embuscade, le bar qui leur servait de QG. Claude rigola en les voyant arriver et se leva pour le prendre dans ses bras :

« Alors, p'tite tête ? Comment ça va ? »

Aurélien lui sourit et rit de bon cœur quand Claude lui ébouriffa les cheveux. Il était bien trop maman-poule avec lui, ça le faisait rire. Claude donna un coup de poing sur l'épaule de Guillaume ensuite pour saluer ce dernier comme à son habitude et Guillaume fit mine de râler sous la douleur. Ils s'assirent en saluant le reste du petit groupe déjà reparti dans leur discussion intellectuelle.

« Mais non, mais je te dis que la prostitution c'est important dans une société ! » s'exclamait Ablaye en se penchant vers Skread.

— Mais pas du tout, faut que ça disparaisse, soupira celui-ci.

— On en a besoin, hein Gringe ?    Aide moi sur ce coup-là ! » renchérit du tac-au-tac Ablaye en se tournant vers Guillaume.

Guillaume s'immobilisa et lui aussi, attendant sa réponse. C'est vrai que Guillaume avait toujours aimé aller aux putes. Comment il avait pu oublier ça ? C'était pratiquement sa passion, ou même son sport. Il y allait minimum trois fois par semaines, même s'il devait avouer qu'il ne l'avait pas vu y aller ces dernières semaines. Mais il avait peut-être juste pas fait attention. Il vit Skread lui jeter un regard discret et il repensa à leur discussion de la fois dernière. Il baissa les yeux en ayant soudain envie de disparaître pour ne pas avoir à écouter cette discussion.

« Ouais, enfin je sais pas. Ça fait longtemps que j'y suis pas allé, tu sais. Et je peux pas dire que ça me manque de trop... »

Aurélien écarquilla les yeux en entendant sa réponse. Est-ce-qu'il était sérieux ?

« Tu rigoles ? Tu me dis ça toi, Gringe, le mec qui va le plus aux putes que je connaisse ? rit Ablaye. Tu t'es trouvé une petite chérie ou quoi pour te faire oublier les putes ? C'est pas possible autrement.

— P'têtre bien oui. »

Aurélien devint rouge écarlate à sa réponse et releva la tête pour regarder Guillaume. Celui-ci avait un petit sourire en coin et son cœur tressauta dans sa poitrine.

« Quoi ?! Et tu nous as rien dit ! s'écria Ablaye. Et alors, elle est comment ? J'parie qu'elle est bonne au pieu pour que t'ailles plus aux putes.

— J'en sais encore trop rien. On a    rien fait pour l'instant.

— Attends, t'es sérieux ? Tu    m'expliques pourquoi vous avez encore rien fait ? T'es monsieur-je-saute-sur-tout-ce-qui-bouge pourtant. » répliqua Ablaye.

Aurélien sentait la chaleur qui émanait du corps de Guillaume et il frissonna au contact de leurs jambes sous la table.

« Faut croire que j'ai changé, dit ce dernier en souriant, sa jambe venant caresser doucement celle d'Aurélien.

— J'y crois pas ! Elle t'a jeté un sort ! Ou alors pire... s'écria Ablaye en faisant mine de    réfléchir, les sourcils froncés. Tu es tombé amoureux ! »

Le cœur d'Aurélien s'arrêta momentanément de battre à cette déclaration et il sentit les regards de Claude et de Skread sur lui qui lui brûlaient la peau. Guillaume rigola de sa voix grave et il ressentit comme des explosions de feu d'artifice dans son ventre.

« Si tu le dis, mec. C'est que ça doit être ça alors ! »

Il se leva précipitamment à ça et se dirigea vers le bar. Il avait les larmes aux yeux et il ne voulait pas que ses amis le voient dans cet état. Il commanda une boisson au bar pour légitimer son départ et avant qu'il ne soit servit, Claude s'accouda à ses côtés sur le comptoir.

« Ça va, p'tite tête ? »

Il se tourna vers son ami et le regarda, toujours les larmes aux yeux.

« J'arrive pas à croire qu'il parle de moi, Claude.

— Pourtant il y a pas de doute là-dessus.

— J'ai peur. En permanence, j'ai    peur. Qu'il se réveille un jour et me rejette. S'il se sent trop    oppressé par les gars ou s'il sent qu'ils sont sur le point de    découvrir la vérité, il flippera. Il va me laisser. Je veux le croire de toutes mes forces, mais j'ai peur qu'il me laisse. J'en mourrai, Claude. Je suis tombé trop profondément pour en ressortir    vivant. »

Claude passa un bras autour de ses épaules et glissa une main dans ses cheveux. Aurélien savait que c'était sa façon de lui dire qu'il était là et qu'il pouvait compter sur lui. Ils revinrent près de leurs amis une fois leurs boissons payées et quand il s'assit, Guillaume lui sourit d'une manière qui fit gonfler son cœur de bonheur.