Il va revenir vers toi.

412 31 3
                                    

Aurélien resta paralysé sur place et son regard glissa d'Ablaye à Guillaume, toujours serré contre lui contre le lavabo. Le visage fermé et paniqué de Guillaume lui donna un coup au cœur et il vacilla sur lui-même avant de se rattraper au bord du lavabo. Guillaume baissa les yeux au sol et sortit des toilettes en courant, rentrant légèrement dans Ablaye.

« Eh, Gringe ! » cria celui-ci, après lui.

Il lâcha le lavabo et tomba par terre, le dos contre le mur. Ablaye, surpris, se précipita vers lui et s'accroupit à ses côtés.

« Orel, qu'est-ce-qu'il y a ? »

Les yeux écarquillés et fixant le sol , il cherchait à reprendre sa respiration, mais celle-ci semblait littéralement coincée dans sa poitrine. Il vit Ablaye s'éloigner momentanément, mais le monde était maintenant dans un épais brouillard et il ne savait plus ce qui se passait en dehors de sa propre tête qui le lançait. Bientôt, il sentit quelqu'un le secouer violemment et en relevant le visage il aperçut Claude. Derrière lui, Bouteille, Skread et Ablaye le regardait d'un regard inquiet. Claude l'aida à se relever et l'entraîna hors de la boîte, suivi par les autres. Son ami l'emmena vers un petit snack ouvert de nuit près de celle-ci et commanda à boire et à manger pour lui. Aurélien, toujours paralysé, sentit le regard de ses amis sur lui et une main se voulant réconfortante se posa sur son épaule.

« Orel, qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda doucement Claude.

Il releva les yeux et regarda Ablaye avec un air de douleur sur le visage. Le seul à ne pas savoir encore.

« J'ai fait une crise d'angoisse dans les toilettes, expliqua-t-il, une boule dans la gorge. Guillaume m'a retrouvé et m'a calmé. Il m'a ensuite embrassé, mais à ce moment-là Ablaye est rentré... Et ce que je craignais depuis toutes ces semaines est arrivé. Il a fuit. Il a paniqué. Et il m'a laissé seul. Ça y est, le peu de stabilité qu'on avait réussi à trouver a été détruit.

— Parce que c'est un lâche, dit Claude d'une voix dure.

— Non, non... Il a peur. Il est terrorisé, dit-il en secouant la tête, prenant la défense de Guillaume.

— Quelqu'un peut m'expliquer de quoi on parle là ? interrompit alors Ablaye.

— Orel et Guillaume sont amoureux l'un de l'autre, dit sèchement Claude en se tournant vers Ablaye qui tira une tête bizarre.

— Non, pas vraiment... balbutia-t-il en baissant la tête. C'est de ma faute... C'est moi qui suis amoureux de lui. Il l'a appris par Claude à qui je l'avais dit et il m'a dit qu'il voulait bien essayer, nous donner une chance. Mais il assumait pas et avait peur que vous l'appreniez, continua-t-il, des sanglots dans la voix et les larmes aux yeux.

— Parce que c'est une couille molle, l'interrompit Claude, de la colère dans la voix.

— Non Claude, arrête de dire ça... soupira Aurélien. Tout est de ma faute. Je n'aurai jamais dû le forcer à être quelqu'un qu'il n'était pas. Je savais qu'il finirait par se réveiller et par me rejeter. Seulement, je me suis laissé croire que c'était possible et maintenant... J'ai tellement mal... reprit-il, les larmes coulant maintenant librement sur ses joues et s'agrippant le cœur par dessus son tee-shirt.

— Orel, je ne pense pas que ça soit aussi facile que ça, dit Skread en posant une main sur son bras. Il est terrorisé, oui, parce qu'il a toujours été qu'avec des filles. Ou bien des prostituées. Mais je pense qu'il t'aime pour de vrai.

— Ouais, il va s'en rendre compte et revenir vers toi, c'est sûr. Vous avez jamais été séparés plus de deux jours tous les deux, renchérit Bouteille.

— Tu crois ? demanda Aurélien entre deux sanglots, comme un enfant ayant perdu tout espoir.

— C'est sûr. » affirma Skread.

Il resta encore une heure avec ses amis dans le snack, ces derniers essayant de le rassurer et le réconforter et, entre deux idées noires, il se dit qu'il avait vraiment des amis formidables.

Fiction OrelxGringe - Assurance.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant