L'apprenti soldat {Riren}

Снαριτπε 5 : Présence déroutante

Le lendemain, je m'étais réveillé aux côtés du jeune Jeager dormant paisiblement alors que le camp commençait à peine à s'éveiller. Je m'étais levé silencieusement pour aller surveiller les gosses qui étaient de corvée de cuisine ce matin-là. Puis quand Eren était arrivé en retard au rassemblement quotidien, je n'avais pas relevé et la journée avait suivit son cours normal d'entraînements épuisants visant à endurcir les bras-cassés qui devraient sauver la Chine.

Et les jours avaient filés. Très vite, c'était devenue une habitude pour le jeune Jeager et moi de se retrouver, au moins quelques instants chaque soir, pour tenter de trouver la paix et le sommeil côte à côte en discutant agréablement de choses et d'autres. Je m'étais surpris à apprécier et même attendre impatiemment ces moments que nous passions tous les deux. Nous avions tant parler que parfois nous n'avions plus rien à dire et nous observions le ciel dans un silence serein.

C'était un soir comme les autres, nous apprécions la douceur de la nuit uniquement éclairés par la lune qui se cachait parmi quelques nuages éparpillés. Le ciel ayant perdu beaucoup de son attrait sans ses milliers d'étoiles, je laissai mon regard dériver vers la silhouette d'Eren à mes côtés. Je détaillais le profil de son visage aux traits fins que la lune rendait plus beau encore quand elle venait frapper de ses rayons les magnifiques prunelles vertes de la jeune recrue. Je ne devais pas être très discret dans ma contemplation puisque ces prunelles qui m'envoutaient tant se tournèrent dans ma direction.

Nous restâmes ainsi de longues secondes, perdus dans le regard de l'autre. Je n'arrivais toujours pas à comprendre la place qu'avait pu prendre ce gosse dans ma vie. Moi qui avait toujours été solitaire, m'étais révélé capable d'apprécier la compagnie de quelqu'un au point de lui confier de grandes parts de ma vie et son passé.

- Capitaine, on va mourir pas vrai, me questionna-t-il calmement, comme s'il énonçait une évidence.

Je laissais mes yeux descendre vers sa bouche qui avait prononcé ces mots emplis de gravité.

Je ne voulais pas penser au fait que ce jeune garçon auquel je m'étais étonnement attaché allait très probablement mourir dans les pires conditions possibles d'ici bien trop peu de temps. Je ne voulais pas souffrir encore de la perte d'un être cher aux combats comme cela avait été bien trop souvent le cas au cours de toutes les batailles que j'avais traversé. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de revenir voir chaque soir cet apprenti soldat qui boulversait ma vie.

- Oui sûrement, répondis-je d'une voix franche sans le quitter du regard.

Un lourd silence plana quelques instants en réponse à mes paroles. Nous ne nous lâchions plus du regard, comme pour mieux supporter cette triste vérité.

- Je vois. C'est dommage, je commençais à vous apprécier Capitaine, dit-il avec un large sourire et les yeux légèrement brillants.

- Alors bats-toi pour ne pas mourir gamin, répliquai-je avec un rare sourire.

Un rire triste lui échappa, me serrant le coeur.

- Je ferais de mon mieux Capitaine, dit-il en fermant les yeux face à une légère brise qui agita doucement ses belles mèches brunes.

- Tu peux m'appeler Livaï, dis-je en détournant prudemment les yeux face à son étonnement palpable, agacé de mon titre autant que de mon initiative.

- D'accord Livaï, acquiesça-t-il joyeusement alors que nos regards se croisaient de nouveau et qu'un immense sourire illuminait son doux visage.

Cette joie de vivre qu'il semblait porter à chaque instant m'était si touchante que mon coeur se comprima une nouvelle fois sous la frayeur de la voir ravager par les combats.

- Ne tarde pas à aller dormir, l'entraînement continue demain, soupirai-je en me relevant pour retourner dans ma tente, sentant les prémices d'une fatigue bien méritée approcher.

- Oui. Bonne nuit Livaï, chuchota la jeune recrue en lançant sa tête en arrière pour me regarder avec un fin sourire.

La lune perça alors enfin les nuages avec lesquels elle jouait à cache-cache depuis notre arrivée, nous éclairant de sa douce pâleur. Je profitai quelques instants du calme apaisant de cette scène et de toute la beauté d'Eren devant moi avant de lui rendre son petit sourire, le coeur battant plus fort.

- Bonne nuit Eren.