L'apprenti soldat {Riren}

Снαριτπε 10 : Déclaration importante

J'entrai brusquement dans une tente qui sentait la sueur et les différents baumes médicinales, y découvrant un Eren torse nu, allongé, un air presque paisible sur le visage, ses yeux clos me serrant le coeur d'inquiétude. Lentement, afin de ne pas brusquer mon épaule bandée, je me penchai pour pour poser doucement ma main sur son front en lui murmurant d'ouvrir les yeux. C'est avec soulagement que je le vis battre difficilement des paupières quelques minutes plus tard passées debout à ses côtés, apaisé par le rythme lent de sa respiration.

- Tu m'as fais peur gamin de merde, soupirai-je en m'asseyant à ses côtés étant moi-même encore épuisé après les traitements du médecin de camp sur mon épaule.

- Je suis désolé Capitaine, murmura-t-il en venant glisser faiblement sa main dans la mienne.

Je resserrai ma prise sur la main du gamin, la chaleur de sa paume répandant une sensation de bien-être inconnue dans mes veines, me laissant la respiration plus sereine.

- Tu sais que tu nous as sauvé avec ton avalanche suicidaire, bien joué, lui dis-je calmement sans le lâcher des yeux.

- Merci Capitaine, chuchota-t-il doucement en souriant.

- De ce qu'on m'a dit tu m'as aussi sauvé quand l'avalanche a frappé, soupirai-je passablement ahuri devant tant d'inconscience.

- À quoi ça sert que je vous promette de survivre si vous ne faites pas de même, expliqua-t-il sereinement.

- On pourrait presque croire que c'est de l'héroïsme si tu n'étais pas simplement impulsif, le taquinai-je en laissant un mince sourire me monter aux lèvres.

Son rire résonna doucement à mes mots et bien qu'il soit rendu moins puissant par l'épuisement, je me réjouis de pouvoir de nouveau entendre ce son une fois notre première bataille passée. Je ne pouvais imaginer ce que j'aurais éprouvé s'il avait péri, probablement un déchirement pire encore que la mort d'Erwin. Je me demandai toujours comment j'avais pu me laisser aller à m'attacher ainsi à quelqu'un après toutes les pertes que j'avais vécu. La folie de ma solitude probablement.

- Capitaine, m'interpela-t-il en passant délicatement son pouce sur le dos de ma main toujours dans la sienne.

- Oui Eren, répondis-je en tournant mes yeux perdus dans le vague par ma réflexion vers lui, lui découvrant un grand sourire teinté de mélancolie.

- Je suis désolé capitaine.. tellement désolé, murmura-t-il alors que sa voix partait étrangement vers les aiguës.

- De quoi tu t'excuses Jeager, interrogeai-je dans un haussement de sourcils, plongé dans l'incompréhension.

- Ne me déteste pas je t'en prie Livaï, poursuivit-il en se raclant la gorge et avalant difficilement sa salive, faisant bouger sa pomme d'Adam.

Je liai mes doigts à ceux d'Eren qui me semblait au plus mal alors que je me demandais si la fièvre n'était pas en train de lui monter à la tête pour qu'il se retrouve soudainement aussi émotif. Je me posai d'ailleurs la même question à mon sujet alors qu'une étrange envie de le prendre dans mes bras pour le consoler et le rassurer me montait au coeur.

- Capitaine... Je crois que je vous aime, déclara-t-il en laissant doucement retomber ses paupières sur ses yeux hypnotiques, à la fois si vulnérable et courageux face à moi alors qu'une larme brillante et solitaire dévalait sa joue sous l'éclairage tamisé offert par la lumière passant à travers la toile tendue de sa tente.

Je serrai sa main plus fortement en le voyant essuyer cette frêle goutte salée présente sur son doux visage contre son épaule, incapable de réagir.

- Gamin idiot, soupirai-je finalement en détournant les yeux dans un semblant de surveillance pour m'assurer que personne n'avait pu être assez proche de nous pour l'entendre.

En revenant au visage du jeune blessé, je pu croiser ses orbes vertes écarquillées et ses traits tirés en une mine surprise. Il se redressa doucement sur les coudes, nos visages se trouvant rapprochés alors que je sentais mon coeur battre fortement dans ma poitrine.

- Vous... tu... ne me trouve pas... monstrueux, m'interrogea-t-il le regard brillant de larmes et d'espoir.

Je pouvais voir ses yeux émeraude d'une façon toute nouvelle ainsi et j'y découvris même de sublimes reflets dorés. Il ne m'évoquait aucunement un monstre. Non, je le trouvai magnifique et mon ventre se tordait sous cette constatation délirante.

Volontairement ou non, je m'approchai plus encore du visage du gamin, jusqu'à sentir nos deux souffles se mêler et s'échouer sur les lèvres de l'autre qui se cherchaient timidement.

La même envie dévorante de goûter à ce fruit défendu nous consumait tandis que nos mains toujours enlacées étaient réchauffées par celle de l'homme qui faisait battre nos coeurs à l'unisson d'un amour douloureux et interdit. Ma raison me hurlait de prendre plus garde à mes envies qui m'aveuglaient peu à peu, remplissant mon coeur tambourinant d'un besoin presque vital d'embrasser le plus jeune, tentant d'imprimer à jamais son visage dans ma mémoire.

C'est finalement Eren qui décida pour nous deux en brisant la distance restante dans de doux baisers papillons, les yeux fermés pour profiter de la sensation enivrante du goût des lèvres de l'autre, de l'amour vibrant entre nous.

- N'était-ce pas toi qui disais qu'il ne fallait pas tomber amoureux à l'armée, éclata-t-il entre rire et sanglot en se recouchant après cet instant de douceur, sa main quittant la mienne pour venir caresser ma joue dans une grimace de douleur.

- Il y a des choses qu'on ne contrôle pas, souris-je en venant coller mon front au sien, mon coeur battant d'une délicieuse angoisse face à mes aveux à demi-mot.