Снαριτπε 12 : Attaque fulgurante

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Une fête. Des décorations et des sourires joyeux ou rassurés par milliers. Comme toujours, ma troupe et moi étions acclamés en héros mais c'était bien la première fois qu'autant de mes hommes avaient tant d'honneurs. Cependant il manquait un héro, un vrai. Eren. C'était grâce à Eren et uniquement grâce à lui que tant d'entre nous avions survécu, que l'on avait gagné la bataille et que tout ces gens qui nous acclamaient étaient maintenant en sûreté. Pourtant c'était Eren qui manquait à l'appel.

L'injustice battait dans mon esprit au rythme de mes pas, me torturant le coeur et me piquant la gorge. Il était habituel que de véritables héros ne reviennent jamais du champ de bataille, y sacrifiant leurs vies pour la victoire mais Eren n'était pas mort. C'était du moins ce que j'espérais.

Eren, Eren, Eren... Je n'avais plus que ce prénom en tête. Je n'avais plus que l'image de son visage meurtri par mon abandon. Je n'avais plus que le goût de mon impuissance qui persistait sur ma langue.

Alors quand le crissement d'une épée dégainée de son fourreau parvint à mes oreilles, il était déjà trop tard. Je parai le coup qui aurait pu m'être fatal d'un mouvement rendu raide par mon corps encore fortement endolori depuis la dernière bataille. Perdant l'espace d'un instant mon équilibre sous la puissance de l'attaque suivante, mon assaillant profita de ma faiblesse pour me faire chuter d'un grand coup d'épaule jusqu'en bas des marches que je venais de grimper pour arriver au pied de l'Empereur, trop perdu dans mes pensées remplies de l'absence de mon jeune compagnon pour entendre le chuchotis habituel d'un instinct de survie m'enjoignant à la prudence.

Je me relevai dans un souffle entrecoupé mêlé de quelques jurons de douleur pour apercevoir sous mes yeux d'abrutis réputé pour être le meilleur soldat de notre grande armée, l'Empereur être emmené dans son propre palais et la porte se fermer dans un fracas impressionnant. Tandis qu'un vent de panique traversait la foule à la vue d'un homme que je devinais être à la tête des Huns sur les toits de l'édifice, créant un brouhaha insupportable, je cherchais frénétiquement le moyen de réparer les dommages de mon incompétence. Je grognai en remontant au pas de course les marches que j'avais dévalé de manière bien trop expéditive et n'arrangeant pas mon état de faiblesse initial.

- Livaï qu'est-ce que tu fous, on a besoin de toi ici, m'interrompit Mikasa alors que je tentais de m'écarter discrètement pour trouver une seconde entrée dans le palais tandis que cette dernière et nos soldats tentaient vainement de défoncer la porte après avoir neutralisé les quelques attaquants restant.

- Fais pas chier et débrouille-toi sans moi ici Mikasa, lançai-je derrière moi en continuant d'observer l'architecture sous mes yeux dans le but d'y trouver une faille.

J'accélérai le pas de sorte à ne plus être visible de mon agaçante cousine, préférant tenter une attaque en solitaire même si l'air imprenable du palais me décourageait quelque peu dans mon objectif d'atteindre l'Empereur et ses ravisseurs. Je désesperais de pouvoir trouver le moindre point d'entrée quand enfin j'aperçu une ouverture mal camouflée en haut d'un pilier.

- Faites qu'elle donne accès au reste de palais, marmonai-je en commençant mon escalade dans une lenteur insupportable dû à mon corps douloureux.

Heureusement, mes efforts portèrent leurs fruits et je me retrouvais rapidement à parcourir le plus silencieusement possible les couloirs labyrinthiques du palace. Tout me paraissait si semblable dans cet environnement du luxe à outrance que j'eus souvent l'impression de tourner en rond, me retenant de justesse de pester de rage. J'espérais simplement ne pas arriver trop tard, me traitant silencieusement d'idiot d'avoir été si distrait et si faible, quand enfin j'aperçu au détour d'un couloir des soldats ennemis gardant une porte.

L'épée à la main, seul, je me lançai à l'assaut des deux guerriers, l'un et l'autre au moins deux fois plus épais que moi. Je savais mes chances de victoire très minces dans un combat si déséquilibré, ne me laissant que les quelques secondes qu'ils mettraient à réagir pour tuer au moins l'un de mes deux adversaires. Alors, empalant la moitié de la lame de mon épée dans le corps de l'homme le plus proche de moi, je ne pris même pas le temps d'observer le corps de ma victime tomber au sol et me jetai à l'assaut de son camarade qui para mon attaque malheureusement sans grande difficulté.

Enchaînant les passes d'armes, je fatiguais assez rapidement face à mon adversaire qui aurait aussi bien pu être un roc. Esquivant pour la énième fois une de ses attaques, trop épuisé pour riposter, le soldat me faucha les jambes et me désarma d'un coup de pied violent. À sa merci, l'épaule douloureuse et le reste de mon corps criant grâce, j'observai celui qui allait me tuer sans émotion particulière, déçu de n'avoir su accomplir mon devoir pour cette dernière fois et de mourir ainsi.

Au-dessus de moi, mon adversaire leva son arme et alors qu'il allait l'abattre sur moi, une épée le traversa de part en part, m'éclaboussant du sang de mon ennemi. Je jurai à mi-voix tant de soulagement que de dégoût quand l'homme retomba sans vie à mes côtés.

- Capitaine vous allez bien, m'interrogea une douce voix qui me fit relever le visage vers deux perles émeraudes et un grand sourire.

- Eren ? Pourquoi es-tu revenu, l'interrogeai-je en attrapant la main qu'il me tendait pour me relever sans lâcher son beau visage des yeux, partagé entre joie et inquiétude.

- Moi qui espérais t'avoir manqué Livaï, répliqua-t-il en lâchant ma main avec une mine exagérément triste et en faisant mine de s'éloigner.

- Idiot, grommelai-je en rattrapant fermement sa main. Je suis... désolé pour tout ce qu'il s'est passé... et heureux de te revoir, ajoutai-je en fixant mon regard dans le sien.

- Vous m'avez sauvé la vie Capitaine, ne vous excusez pas, répondit-il un sourire dans la voix en me prenant délicatement dans ses bras.

- Et toi tu viens de sauver la mienne Gamin, encore une fois, précisai-je en refermant avec hésitation mes bras sur le corps fin d'Eren, moi aussi un léger sourire au bord des lèvres.

L'apprenti soldat {Riren}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant