CHAPITRE 7

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- J'ai un double des clés, tu t'en souviens ? Tu me les as donnés pour des cas comme celui-ci, répond Finn en faisant allusion à la scène qui vient de se produire.

Je hoche la tête et ouvre la baie vitrée et dès un pied en dehors de la maison, mes poumons se vident de l'air que j'ai gardé en parlant devant eux. Je me laisse le temps de respirer avant de le tourner vers mon salon.

- Voulez-vous bien dégagez maintenant que vous savez que je vais bien ?

Le silence me répond et le regard de Finn se fait insistant.

- Non ? D'accord. Finn, je vais me reposer dans ma chambre. Quand ils se décideront à partir, tu les feras sortir. Et après on parlera seul à seule.

Je me dirige d'un pas lent vers les escaliers qui me mène à ma chambre. Je monte trois marches avant de me retourner.

- Finn, si un d'eux veut monter, tu connais la règle.

Et puis je pars sans réellement prendre conscience de ce qui se passe dans mon salon. Ils sont là, tous pour moi et je m'éloigne, en continue. Chaque mauvaise passe, Finn n'est pas loin mais il me laisse rester seule à me tourner les pouces, me laissant décompresser.

Je tombe sur mon lit et m'enroule dans les draps oubliant ma tasse de café et ma série. L'odeur du tee-shirt m'envahit en m'emporte dans un souvenir.

- Anyssa !

Mon frère crie mon nom depuis cinq minutes derrière la porte de ma chambre en donnant des coups secs dans ma porte.

- 'Nyssa bordel ! Ouvre cette putain de porte !

Je me lève d'un pas nonchalant et ouvre la porte pour le trouver fou de rage derrière celle-ci.

- Mmh ?

- T'as encore pris un de mes tee-shirts en plus ?

- Il faut croire, dis-je un sourire au coin des lèvres.

- Tu fumes ?

Sa question me retourne l'estomac et j'attrape son bras pour l'entraîner dans ma chambre et refermer ma porte violemment.

- Gueule pas bordel, les parents vont t'entendre !

- Est-ce que tu fumes Anyssa ? demande-t-il les bras croisés sur sa poitrine. Et je répéterais pas une troisième fois.

- Oui, d'accord je fume et alors ? 

- Tu vas te tuer.

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi Assen. Si je veux avoir un cancer des poumons dans trente ans et bien je l'aurais.

- J'rigole pas et si Finn ne m'avait pas informé, quelle autre connerie aurais-tu faite ? Consommer de la drogue ? Morte d'une overdose ?

Finn bordel pourquoi tu lui as dit hurle ma conscience.

- Et alors ? Je vis comme ça maintenant !

- Non 'Nyssa ça ce n'est pas vivre ! Vivre c'est profiter de sa vie. Une vie reposée qui n'a pas besoin de fumées et de clopes ! Arrête de fumer est-ce clair ?

Mon cœur battait la chamade et les yeux verts de mon frère ne me quittait pas des yeux. Ses mains étaient désormais posées sur mes épaules. Assen a toujours su parler avec des gestes, peut-être parce que c'est de famille.

- D'accord, j'arrêterais de fumer.

Un sourire sincère s'affiche sur son visage et il me prend dans ses bras.

-  Ne fait plus jamais de conneries comme celle-ci. La vie n'est pas un jeu.

Et j'ai transformé la mienne en jeu. J'ai enchaîné les conneries en lui désobéissant. Je fume tous les jours, tel une drogue, je joue à des défis qui mouvementent ma vie, et je bois à oublier qui je suis réellement. Les yeux toujours clos, la porte de ma chambre s'ouvre et se referme dans le vent. Il entre dans les draps avec moi et ma tête se pose automatiquement sur son torse.

- Ils sont partis.

Je cligne des yeux plusieurs fois et laisse le silence lui répondre.

Il y a vingt minutes, j'étais morte dans la chambre de mon frère et je suis là à pleurer encore une fois sa mort non méritée.

- Il me manque Finn. Aujourd'hui c'est lui que je voyais à chaque coin de rue, c'est Assen qui a trouvé vie dans mon esprit.

Finn caresse mes cheveux lisses et détachés et dépose un baiser sur mon front.

- Il aura toujours une place en toi 'Nyssa, il restera à jamais ton frère.

- Alors pourquoi ça continue à me faire tant mal ?

- Lorsqu'un de nos proches meurt, ou plusieurs, le manque prend une place importante dans ton cœur. Il laisse les souvenirs s'ajouter dans cette partie et ce manque, tu vivras avec toute ta vie. Je sais que c'est horrible de vivre ça Anyssa, je vois ton état qui s'aggrave jour après jour et j'ai moi aussi peur qu'il t'arrive quelque chose ou que tu fasses une connerie.  Ce manque que tu ressens, plus tard, il se transformera pour de bon en souvenirs et tu pourras penser à ta famille en étant heureuse et non triste.

- Tu crois qu'ils sont heureux là-haut ? dis-je en regardant mon plafond blanc comme du marbre.

- Oui, ils le sont. Mais ils sont malheureux de te voir dans un état comme celui-là. Ils veulent te voir grandir, fonder une famille, vivre sans que la douleur te tue complètement. Ils veulent pouvoir s'ancrer dans ton esprit sans que tu ne sois anéantit. Montre-leurs que tu pourras être forte, que tu pourras vivre malgré les cicatrices, montre-leurs qui tu es vraiment.

Ma poitrine se soulève rapidement. Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique. Mon âme hurle de douleur puis se calme. Elle observe la situation et laisse des larmes couler sur mon cœur. Et moi aussi. Les mots de Finn m'encourage à vivre, à dépasser ces cinq années de deuils. Et moi, je suis perdue.

- Est-ce que tu peux rester là ce soir ? demandais-je en baignant dans les larmes.

- Je ne comptais pas partir ma belle.

J'attrape sa main et entrelace nos doigts pour lui montrer que je n'ai pas perdu la bataille. Mes yeux se ferment automatiquement et je me laisse guider par ma fatigue qui m'entraîne dans plusieurs souvenirs. Elle me montre des souvenirs où je les vois heureux et sûr d'eux. Je me laisse guider jusqu'aux cieux.

Assen, vibre en moi. Laisse-moi te montrer que je peux être heureuse comme avant. Je t'en supplie.

L'IMMORTELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant