CHAPITRE 6

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Finn : Pourquoi fallait-il que tu fasses une crise en pleine journée ? Cela ne te ressemble pas.

Finn : Tu n'es pas dans ton état normal en ce moment.

Finn : Pourquoi t'es parti sans dire au revoir ? Je te rappelle que je suis là pour toi.

Britney : Mon défi peut attendre ma poule et vu ton état, ce n'est pas grave. J'attendrai.

Anthony : Tu veux que je passe ce soir avec du lait ?

Venus : C'est quoi ces histoires Anyssa ?

Quarante minutes. Quarante minutes que j'me suis barrée et voilà qu'ils s'affolent tous les uns après les autres. J'ai déjà de la chance qu'ils n'aient pas envoyés ces messages sur le groupe, il manquait plus que ça. Je voulais voir personne, être seulement seule pouvait me faire le plus grand bien. Surtout avec un pot de glace et Netflix.

Ne venez pas ce soir, j'vais rester seule finalement. On s'voit plus tard les gars.

Et leurs réponses ne se font pas attendre...

Kaleb : Tu rigoles là j'espère ? On se ramène à la fin des cours.

Britney : D'accord avec Kaleb, t'es tarée on arrive dans peu de temps.

Constance : Je finis une heure plus tôt si tu veux je viens.

Mason : Foutez-lui la paix non ?

Tyler : Ils s'engueulent alors qu'ils sont à côtés...

Anthony : Je te laisse pas seule Nys-Nys ! Je vais arriver chez toi avec mon lait tu vas voir.

Venus : Tu devrais prolonger tes vacances 'Nyssa.

Finn : Ça te fera du bien de la compagnie. Anyssa, tu connais les consignes.

Je suis consciente de tout Finn. Et là, j'ai décidé le contraire de ces consignes. Venez pas, j'ouvrirai pas. A plus tard.

Et c'est comme cela que je me retrouve à éteindre mon portable pour éviter de voir à quel point mes amis sont sur moi pour une simple crise. Des crises comme celle-ci, j'en aurais toute ma vie, je le sais depuis quatre ans. Les problèmes se sont enchaînés comme le déroulement d'une cassette. Sauf qu'il m'était impossible de faire pause. Alors j'ai simplement su encaisser. L'accident, l'overdose, les crises. On décide de rien dans des cas comme ceux-là. Ma vie est faite de noirceurs et de souvenirs déchus. Et le simple fait d'évoquer leur prénom, leur mort, mon état s'aggrave. J'ai dû enchaîner les médecins, les psychologues, les thérapeutes. Rien n'a su marcher dans mon cas. Si, seulement la présence de Finn qui atténue toutes douleurs. Et il sait son rôle à jouer dans cette histoire. La moindre crise, une piqûre. La moindre colère, me laisser respirer. Une dépression rapide et sans supplices, me sortir de chez moi avant que je n'explose et ne fasse une connerie. Une pointe de bonheur à durée indéterminée, me surveiller de près. Très près. Et depuis mes seize ans, je marche comme ça. Dans un mode de vie compliqué et monotone et répétitif. Finn n'a jamais compris pourquoi cela ne marchait qu'avec lui et personne d'autre et bien c'est parce qu'il est le seul en qui j'ai réellement confiance. D'accord, les autres sont aussi mes potes mais ma relation avec Finn n'a rien à voir avec le jeu. Tous les six, je leurs parlais peu auparavant. C'est L'immortel qui a créé notre groupe. Alors qu'avec Finn, tout paraît simple. Meilleur ami depuis notre enfance nous sommes inséparables. Ingérables aussi mais nous ne voulons pas l'avouer. Il sait comment me gérer, comment s'y prendre avec moi. Et il était le seul qui répondait présent quand j'étais au bord du gouffre.

Et puis Tyler qui débarque. Ce mec est vraiment une bombe à retardement. En groupe, un vrai connard et seul à seule, une toute autre personne. Et ma conscience me crie de lui faire confiance. Comme avec Finn. Alors que j'ignore toute sa vie. Je sais simplement qu'il est français et le cousin de mon meilleur ami. Et si j'apprenais à le connaître ?

Je sors brusquement de mes pensées lorsque le bruit de l'arrosage automatique se déclenche. Je laisse ma tasse de thé sur le coin de la table basse et referme la baie vitrée avant qu'elle n'inonde le salon. Je prends en même temps, l'intelligence de fermer les fenêtres, le portail et la porte pour qu'ils n'entrent pas discrètement chez moi. Je sors du salon, ma tasse dans une main, mon portable dans l'autre et je rejoins ma chambre pour continuer mon activité du jour. J'allais redescendre chercher ma glace lorsque je m'arrête devant la chambre de mon frère dans laquelle je n'ai pas mis les pieds depuis des mois et laisse mon bras pendre sur la poignée de la porte. Sa porte est grise, comme la mienne mais la sienne est intact comparée à ma porte qui, avait été enfoncé par Finn il y a cinq ans. Je laisse un sourire s'afficher sur mon visage quelques secondes en repassant cette scène dans ma tête mais celui-ci disparaît quand ma main tourne la poignée et laisse mon corps m'emporter dans la salle éteinte et sans vie.

Mon doigt appuie sur l'interrupteur et laisse la chambre d'Assen s'allumer. Son lit est encore fait comme il l'avait laissé il y a cinq longues années. Ses placards sont ouverts et mal rangés comme il savait les laisser. Des photos poussiéreuses donnent encore vie à cette pièce remplie de souvenirs, d'amour et de tristesse. Mes jambes me guident jusqu'à son armoire et mes mains prennent un de ses tee-shirts qui sent son odeur. Je retire mes vêtements et entre dans son tee-shirt sans aucun souci. Je me souviens encore de son un mètre quatre-vingt-trois, il me dépassait depuis une année malgré notre différence d'âge. Il passait pour le grand frère alors que j'étais l'aîné de la famille. Mon mètre soixante-dix me suffisait. Maintenant, chaque pas dans sa chambre, dans son territoire me tue, m'assomme, me ramène vers lui. J'aurais tant voulu qu'il soit encore en vie avec moi. Comme nos parents. Mais au lieu de m'emmener moi, la mort les a emmenés tous les trois.

Je chute au sol et reste là, sans bouger, observant les souvenirs qui m'obsèdent l'esprit dans cette si petite chambre, qui était tant remplie de vie il y a des années de ça.

J'ignore depuis combien de temps je suis agenouillée dans sa chambre mais j'entends la sonnerie de la maison qui résonne en continue. Jusqu'à s'ancrer dans mon âme me rappelant encore un souvenir. Puis le bruit d'une serrure me parvient jusqu'aux oreilles. La voix de Finn résonne dans ma tête. Encore et encore, les souvenirs se font nombreux, trop nombreux. Je meurs.

- Anyssa !

Et je vis de nouveau.

Mon cœur manque de tomber au sol quand je vois Finn me fixant dans les yeux. Ses mains sont sur mes épaules et une vient se poser sur ma joue pour essuyer mes larmes qui n'ont cessé de couler. Ma poitrine se soulève plus vite que la sienne qui ne ralentit pas. Seulement habillée de son tee-shirt, je me lève aidé par mon meilleur ami en silence et je referme la chambre derrière lui. Mon corps me guide jusqu'à la salle de bains ou je me rince le visage avant de descendre au salon comme si rien n'était. Et je trouve mes amis tous sagement assis sur les canapés.

- Finn, dis-je en tournant la tête vers lui tout en laissant mon regard sur mes amis, comment êtes-vous rentrés ?

Et c'est comme ça que j'accueille mes potes, en simple tee-shirt noir et avec des traces de maquillage sur le visage.

L'IMMORTELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant