CHAPITRE 31

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Ma phrase vole entre nous, au-dessus de nous. Ma respiration s'est coupée après que j'ai prononcé des mots que je ne voulais pas dire. Pas maintenant. Il est trop tôt. Je me suis attachée à lui alors qu'il pourrait détruire tout espoir que j'ai voulu avoir en un claquement de doigt. Tyler ne prononçant aucune parole, ne faisant aucun acte, je poursuis :

- Je...

Je tourne le visage regardant l'horizon avant de souffler tout l'air qui était comprimé dans mes poumons.

- J'ai peur aussi. Peur d'avoir besoin de toi. Que tu t'en foutes totalement et que tu te barres. Avec une autre, me retenais-je de dire. J'ai jamais vécu ça. La plupart des mecs que je croisais je leurs donnais une nuit et rien d'autre. Je me barrais avant leur réveil. J'ai toujours fonctionné ainsi et ça m'allait parfaitement.

Je lèche ma sucette afin de mouiller mes lèvres sèches au fait des mots que je prononce.

- Jusqu'à ce que tu arrives. Je voulais prendre une nouvelle comme les trois dernières années consécutives qui formait L'immortel. Puis Britney m'a mis au défi de te prendre toi. Le nouveau footballeur français dont tout le monde parlait depuis que l'on savait que la maison de ta rue avait été vendue. J'ignorais que les choses allaient tournés comme cela. Je pensais que l'on allait être amis.

Je reprends mon souffle avant d'arracher des herbes de ma main gauche et de les balancer dans la rivière.

- Mais on ne pourra jamais être que des simples amis.

Voilà. C'était sorti. La phrase qui occupait toute ma tête.

Je croque des dents dans ma sucette qui se brise en mille morceaux comme mon cœur quatre ans auparavant et je dépose le bâtonnet dans les sacs vides.

Pourquoi a-t-il fallut que ce soit lui ? J'aurais pu ressentir des sentiments similaires pour d'autres étudiants dont je connaissais l'existence il y a des années. Mais non. Je ressens cela pour Tyler. Le mec dont j'ignore encore la vie, le mec qui m'écoute et qui veut me sauver. Ce n'est pas ma faute, et je comprends les gens lorsqu'ils disent que l'amour tombe comme ça, et que l'on ne s'y attends pas. Quand Tyler a embrassé cette fille, la jalousie bouillonnait en moi. Au début, je me demandais si cela me touchait réellement puis, j'ai compris que je ne voulais pas le voir aux bras d'une autre. Je veux que ses bras ne s'ouvre qu'à moi. Je veux être celle qui comble sa vie de bonheur.

Mais je ne suis pas heureuse. Je ne suis pas une fille pleine de bonheur. Je suis cette fille cassée, brisée, détruite depuis bien trop longtemps pour avoir le bonheur dans ma vie. La mort de ma famille m'a réduite à néant, me descendant directement en enfer. Un enfer dont je ne pourrais jamais m'évader. Je suis la prisonnière de mon propre enfer. Et puis Tyler est arrivé dans cet enfer. Il est le paradis parmi l'enfer de ma vie. Le soleil parmi le ciel noir. L'étincelle parmi ma noirceur. Le bonheur entre ma tristesse et ma vie anéantie.

Tyler m'apprendrait-il à reprendre une vie simple et sereine ? Une vie faites d'amour et de bonheur ?

Sauf que je ne crois pas à l'amour. Il a détruit ma mère parce qu'elle était follement amoureuse de mon père et de mon frère. Assez qu'elle s'en est suicidée. J'étais follement amoureuse d'Assen, de Papa et de Maman, assez pour me montrer que l'amour te brûles, te détruis, te tues. Je croyais en l'amour grâce à eux jusqu'à seize ans. J'étais pleine de vie, je puais l'bonheur et je voyais la vie comme quelque chose de facile. Maintenant pour moi la vie est une horreur, un supplice, une douleur à supporter tous les jours jusqu'à ma mort. Une vie triste, sans être comblée de sa famille. Quelque chose de répugnant et de difficile limitant tout espoir de renouveau.

Mais le problème ne vient pas des autres, il vient sans cesse de moi. Je sens la mort à des kilomètres bordel. Je ne peux que jouer avec les émotions des autres, les broyer intérieurement pour s'intéresser à un cas comme le mien. Je ne peux que penser du mal pour tout. J'imagine le pire qu'il pourrait arriver alors je profite de la vie. J'enchaîne les défis jusqu'à en mourrir. Mais aucun de mes potes n'est capable de me confronter à un défi suicidaire. Alors que j'adorerais pouvoir mettre ma vie en danger, l'adrénaline des derniers moments de vies. Je ne veux pas qu'on s'inquiète pour moi, je ne veux pas que mes potes me protègent, je veux me sentir délaissée une bonne fois pour toute. Sauf que désormais, Tyler m'empêche de mettre un plan parfait à exécution. Parce que je m'anéantirais moi-même en passant à côté d'une petite opportunité d'être comblé par un gars comme lui.

Tyler n'a prononcé la moindre parole. Il me regarde observer l'horizon, je sens son regard dans mon dos. Mais je ne fais que réfléchir. Je profite du calme qui m'entoure.

Sa main vient se poser sur mon épaule pour ensuite descendre le long de mon bras jusqu'à caresser du bout des doigts ma main pour entrelacer les miens aux siens. Nous sommes toujours assis sur l'herbe de ce parc sauf que notre proximité a tout changé. Je me sens projeter parmi les étoiles où je suis le ciel noir et lui les étoiles qui scintillent autour de moi. Mon cœur bat la chamade lorsqu'il se racle la gorge et qu'il parle de sa voix rauque et si sexy que je pourrais l'écouter éternellement :

- Non.

Il attrape mon menton et m'oblige à tourner la tête vers lui. Et à plonger mon regard bleu ténébreux dans son regard vert émeraude.

- Nous ne pourrons jamais être amis.

Quelque chose vibre en moi. Peut-être de l'espoir ?

- Et je ne partirais pas voir une autre fille. Je n'arriverais pas à décrocher mon regard de toi. De tes yeux bleus ciel. Si j'essayerais de t'oublier, je sais que c'est perdu d'avance.

Je regarde ses yeux briller avec la lumière de la Lune qui les mets en valeur plus que jamais.

- Je suis sincèrement désolée Anyssa, termine-t-il d'une voix forte et rauque à la fois, mais je ne compte pas quitter ta vie maintenant. C'est raté si tu comptais te débarrasser de moi dans les années à venir.

Je ne perds pas une minute et scelle nos bouches qui n'attendaient que de se retrouver depuis notre court baiser du début de la soirée. Mes émotions sont confuses mais je m'en fou. Me sentiments prennent le contrôle et je m'en fou aussi. Mes mains attrapent son visage tandis qu'il attrape mes hanches pour me faire basculer sur son corps. Je détache nos lèvres pour le pousser au niveau du torse pour qu'il s'allonge complètement sous moi. Je le sens durcir contre moi et ses pupilles sont dilatées. Il attrape mon visage et colle nos lèvres et nous nous embrassons encore et encore tout en basculant l'un sur l'autre. Je crois que je n'ai jamais autant aimé embrassé ses lèvres. Elles ont le goût du jus de pomme que j'ai pris dans les rayons du supermarché un peu plus tôt dans la soirée. Et je les imagine avoir d'autre goûts tous les jours. Putain.

Je me sépare de lui reprenant difficilement mon souffle et mon front rencontre le sien.

- Et si on rentrait ? demandais-je coupant le silence après un tel moment.

Il attrape ma main et se lève d'au-dessus de moi. Il récupère nos sacs vides et d'autres remplis et nous courons en riant se tenant la main comme si nous étions un couple heureux. Mais nous ne sommes pas un couple. Nous étions simplement heureux.

Nous dépassons l'entrée de sa chambre en balançant les sacs tandis que Tyler claque la porte et me bloque contre celle-ci réduisant l'espace qui nous séparait et en unissant nos lèvres pour un baiser passionnée et fougue. J'enlève rapidement son tee-shirt blanc et mes mains parcourent à la fois ses cheveux et son torse musclé. Il retire le mien trouvant rapidement sa place aux côtés du sien et mes jambes s'enroulent autour de ses hanches. Il agrippe mes fesses et lâche un grognement avant de m'emmener jusqu'au lit où il me dépose délicatement. Notre désir mutuel l'un pour l'autre est si intense qu'il nous est impossible d'arrêter maintenant. Je déboutonne mon jean et enlève mes talons en même temps. Tyler l'envoie balader sur le bureau de la chambre et me remet mes talons. Il prends le temps de me regarder en mordant sa lèvre et en souriant de plus belle

- T'es tellement sexy Anyssa.

Il retire son jean et termine debout en boxer. Mon regard descend sur celui-ci qui me montre que je lui fais de l'effet et il s'avance jusqu'à ce que nos visages soient face à face. Ses pupilles dilatées embrase tout mon corps et je ne résiste pas. Mes mains attrapent son visage et je réunis nos lèvres pour l'énième fois de la nuit.

- Anyssa, je t'en supplie, ne m'oublie jamais.

Je souris suite à sa phrase et nous nous embrassons à perdre raison. Nos corps bougent en rythme nous éloignant du monde qui nous entoure et je profite de mon bonheur qui ne quitte pas cette chambre.

Nous ne faisons plus qu'un contre le monde entier.

L'IMMORTELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant