Lorsque mes paupières s'ouvrent, je tousse fort, recrachant de l'eau. Pourquoi ne suis-je pas sous l'eau en train de me noyer ?Malgré le noir de la salle où je me trouve, je sais que je suis dans ma chambre. J'ouvre les volets et le volet de mon meilleur ami est clos. D'habitude, il se réveille toujours avant moi. Je suis habillé de mon jean bleu et du tee-shirt de Paris, pourtant je me souviens avoir jeté ce haut dans mon placard. Je baille avant de descendre dans la cuisine.
- On dirait que la marmotte vient à peine de se lever.
Je lève les yeux de mes pieds nus et je croise le regard de mon père qui lit son journal. Un sourire s'affiche sur mes lèvres et je cours dans ses bras.
- Mon Dieu Papa, tu es vivant. Tu es là, dans mes bras.
Je pleure de joie contre son épaule et il me serre contre lui. Est-ce enfin ça le bonheur de retrouver sa famille ? Pleurer, pleurer et rire de joie ?
- Ma chérie, je serais toujours là.
Je tourne la tête et maman nous prépare des œufs brouillés avec du bacon. Je cours dans ses bras et elle me serre contre elle, caressant le haut de mon crâne avec sa douce main et m'embrasse la tempe.
Même si elle m'avait demandé de rayer mon passé, elle reste ma mère. Pourquoi Lorenzo n'est-il pas là avec nous pour savourer ce bonheur qui s'offre à nous ? Il devrait être ici pour revoir sa mère. Mais maman était là pour nous, malgré tout. Celle qui était là toute mon enfance et qui, désormais se trouve dans mes bras.
- Ma chérie, tu as encore dormi habillée ?
Je souris de toutes mes dents en levant le visage vers elle.
- J'adore porter le tee-shirt que nous avons ramenés de Paris. Tu ne le trouves pas magnifique ? demandais-je en lui montrant mon haut. Oh non, m'écriais-je, pourquoi y a-t-il du ketchup dessus ?
Ma mère éclate de rire suivi de mon père qui tourne la page de son journal pour passer à la rubrique de sport. Sa préférée.
- Peux-tu aller réveiller ton frère ma puce ? Il doit sûrement encore dormir.
Je hoche rapidement la tête et cours jusqu'à sa chambre. Je saute sur son lit et il ronchonne dans son sommeil avant de me voir. Je le serre contre moi et lui répète à quel point il m'avait manqué.
- Mais qu'est qu'il te prend ? me demande-t-il d'un ton grave. On s'est vu hier et avant-hier aussi. En fait, je te supporte depuis que je suis né.
- Tu parles ! m'exclamais-je. C'est plutôt moi qui te supportes depuis ta naissance !
Je saute du lit en le tirant par le bras, surpris, il tombe de son lit et je cours pour ne pas qu'il me rattrape. Lorsque Assen s'aperçoit qu'il y a un paquet de farine sur le comptoir, il le jette sur papa qui gueule en français qu'il va le jeter dans la piscine pour se venger. Je les filme en riant de plus belle alors que maman leurs crie d'arrêter leur chamaillerie. Nous passons la journée à rire, regarder des films, sortir nous promener. Puis le lendemain se passe dans la même joie et la même bonne humeur. Et les jours défilent et je retrouve le sourire. Ma famille.
Je pensais alors ne jamais les revoir. Je n'avais plus les images de leurs morts dans mon crâne, tout ce que je voyais c'était eux. Leur sourire, leur bonheur, leur rire. Notre famille de nouveau réunis pour l'éternité. Ce que je croyais impossible depuis des années et des années de souffrance, de manque, de malheur. Mais non, ils sont là, tous les trois. À faire parti de ma vie comme avant. J'ai oublié comment j'arrivais à vivre sans eux. Ils étaient désormais ici, avec moi, chez nous.
Alors qu'un soir, je regardais le journal de mon père, je distinguais la date avant la chute. Le vingt-trois novembre 2014. Le jour avant le départ de mon père et d'Assen pour un week-end au Kansas. Le lendemain, je trouvais encore une fois la même date, puis le jour suivant.
Je récupère machinalement le journal et trouve mes parents allongés l'un à côté de l'autre dans le salon avec Assen à côté. Je leurs balance le journal sur les genoux et demande d'une murmure :
- Pourquoi cette date est la même que tous les autres jours ?
J'avais les larmes aux yeux. Était-ce qu'un foutu rêve comme les autres jours ? Pire, un cauchemar réel qui me brisait encore plus qu'avant.
- Oh ma chérie, murmure ma mère. Tu as créé ce souvenir dans ta tête. Tu nous as permis de nous revoir tous ensemble.
- Alors vous... bégayais-je, vous êtes vrai... vraiment morts ?
Elle me tend ses bras où je me réfugie et Assen s'approche de nous pour me tenir la main.
- 'Nyssa, m'appelle mon frère, tu nous avais tant manqué.
Lui aussi pleure contre mon épaule. J'anéantis moi-même ma famille.
- Tu as tant à découvrir Anyssa continue mon père. Tu as toute la vie devant toi. Mais nous t'aimons fort. Tous les trois. Maintenant que tu as découvert le journal, tu vas repartir.
- Repartir ? m'exclamais-je en hurlant. Non non non !
J'enfonce ma tête dans les mains pleurant contre mes parents, qui ne savent quoi faire dans un cas comme celui-ci. Ma mère m'embrasse les cheveux et je remonte le regard vers elle.
- Ma puce, tu le dois. Ils t'attendent tous.
- Qui ça tous maman ? Sans vous c'est impossible !
Assen me serre contre lui et dépose un bisou sur ma joue.
- Tes amis n'attendent plus que toi. Tu vas réussir Anyssa. Fais-le pour nous. Je t'en supplie, bats-toi.
Je les serre contre moi aussi fort que possible essayant de garder leur présence ici le plus longtemps possible. Mais ils disparaissent petit à petit, comme des mirages.
- Je vous aimes. Et je vais vivre pour vous. Je vous le jure.

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L'IMMORTEL
Fiksi RemajaUne fille détruite par sa famille décédée, un incorrigible, intelligent et musclé, une garce qui te fait vivre un enfer, un timbré qui consomme du lait comme si sa vie en dépendait, une fumeuse mais aussi une pro pour hacker, un joueur de football f...