L'IMMORTEL

CHAPITRE 16

TYLER

Six heures du soir et Anyssa est déjà bourrée jusqu'au cul. Ou presque parce qu'elle termine une troisième bouteille d'alcool. Finn n'arrive que dans deux heures et il ignore qu'elle est torchée alors qu'elle vomissait hier soir dans ses toilettes.

- Anyssa, lève-toi, je veux déplacer le canapé !

Venus et son calme gueule après Anyssa qui rigole toutes les deux secondes.

- Venus... dit-elle en exagérant sur la lettre v, laisse-moi deux minutes d'accord ?

Je souffle avant de porter Anyssa jusqu'à l'emmener dans une des chambres d'amis en bas tandis qu'elle n'arrête pas de bouger dans mes bras. Bordel c'est une garce quand elle est contrariée et bourrée. Je la pose sur un des lits et ferme la porte à double tour. Elle souffle en me voyant faire et elle croise les bras sur sa poitrine.

- T'es pas drôle, commence-t-elle de sa voix grave et vexée. On dirait Finn.

Je ne réponds pas à sa phrase parce d'un, elle me compare à mon cousin et de deux ne jamais la provoquer lorsqu'elle est bourrée. Merci Constance pour ce conseil.

- Pardon, je t'ai comparé à Finn. Tu es son contraire c'est ce qui m'attires chez toi.

Elle sort ses mots comme si c'était un sujet comme les autres tandis que j'écarquille les yeux et ouvre la bouche de surprise. Sous ma tête étonnée, elle continue :

- C'est vrai, j'arrive à tout te raconter alors que je te connais depuis trois semaines. Et puis t'es carrément canon Ty', dit-elle en prononçant pour la première fois mon vrai surnom, mais chut. Ne dis rien, c'est un secret d'accord ?

Je hoche difficilement la tête tandis qu'elle aborde son sourire pétillant en croisant ses bras derrière sa nuque.

- Elle te plaît ma ville ? me demande Anyssa alors qu'elle me disait il y a une semaine que c'était le Kansas sa ville.

- Ouais, la plage me manque.

- La plage ? demande-t-elle en me montrant l'autre place du lit avec sa main.

- J'habitais à dix minutes de la plage, j'y allais avec les potes qui me restaient.

- Mais ? Parce qu'il y a toujours un mais, dit-elle en éclatant de rire.

- Mais c'est là-bas que j'ai le plus perdu.

- Tu veux en parler ?

- Non.

Elle opine d'un simple geste et fixe le plafond. Mes yeux suivent le même chemin. Elle me raconte toute sa vie et je ne fais rien en retour. Je suis vraiment coincé bordel.

- Mon meilleur ami est dans le coma à cause cette plage, dis-je en regrettant d'avoir prononcé ces mots mais je continue. On sautait d'une falaise et on nageait jusqu'à l'épuisement. Un soir, nous revenions d'une journée tous les deux et on a attendu nos familles qui devaient dîner ensemble. Nous avons tranquillement passé la soirée et puis avec ma sœur, mon meilleur ami et son frère, nous sommes allés nous baigner. Mon pote était encore le seul dans l'eau et il s'ennuyait, il est monté sur la falaise et il a sauté. À ce moment-là, je n'avais pas peur, il l'avait déjà fait des centaines de fois. Mais il avait bu au dîner, pas beaucoup mais assez pour ne pas remonter à la surface. J'ai essayé de le réanimer après l'avoir récupéré, en vain. Sa tête était ouverte sur la droite, il avait dû s'être pris une pierre.  Ma sœur et son frère ont agi vite et les pompiers sont arrivés peu de temps après l'accident. Son coma dure depuis des mois. Sept pour être exact mais son état s'est aggravé, il a été transporté ici aux États-Unis pour de meilleur soin. Mais il n'arrive qu'en Novembre. Ses parents et son frère vont venir dans notre maison jusqu'à trouver une maison pour eux.

Anyssa touche ma joue et essuie une larme. Je n'avais pas remarqué que je pleurais.

- Pourquoi as-tu déménagé toi aussi ?

- Mon père avait trouvé un boulot avant son coma, j'allais déménager quoi qu'il arrive pour la rentrée. Mais il déménage avec moi, inconscient.

Je continue de fixer le plafond en essayant d'enlever ces images de ma tête mais impossible.

- Comment s'appelle-il ? me demande-t-elle d'une voix douce.

- Jensen. Il s'appelle Jensen.

- Il a un très beau prénom.

J'éclate de rire, elle est vraiment envahie par l'alcool qui lui monte au crâne. Jamais elle n'aurait dit cette phrase. Je murmure un vague « merci » en continuant de contempler le plafond qui doit être flou pour Anyssa.

- Tu m'attires aussi Anys'.

Je crois apercevoir du coin de l'œil un sourire en coin sur ses lèvres et je me lève après cela. Elle me regarde faire jusqu'à commencer à se lever. J'appuie sur ses épaules et elle retombe en rebondissant sur le matelas.

- Toi, tu te reposes ici un bon quart d'heure après on verra. Je vais voir s'ils ont besoin d'aide de l'autre côté de la porte. C'est clair ?

Elle souffle en croisant ses bras sur sa poitrine et tourne la tête contre le coussin. Je sors avec un sourire triomphant et je rejoins Kaleb qui débâche la piscine.

- Elle s'est calmée ? me demande-t-il en me voyant à sa droite.

- Ouais, je l'ai posé sur un des lits. J'suis venu voir si vous aviez besoin d'aide.

- Non, on s'en sort à sept. Finn m'a envoyé un message pour savoir si tout allait bien j'ai répondu oui comme à chaque fois qu'elle se bourre et qu'il n'est pas là.

- Bon je vais aller la surveiller alors. Si elle vomit ou un truc du genre.

Kaleb éclate de rire et je le regarde avec mon visage interrogateur.

- Elle n'a jamais vomi depuis qu'elle boit. J'étais là lors de sa première soirée. J'ai halluciné moi j'avais passé ma matinée aux chiottes et elle juste un mal de crâne de chien.

- Et depuis combien de temps elle boit ?

- Six décembre 2014. Elle avait seize ans.

Je hoche la tête et reviens sur mes pas pour retourner dans la chambre où Anyssa doit sûrement attendre mon retour. Lorsque je franchis le seuil de la chambre, Anyssa dort paisiblement sur le matelas, les bras contre sa poitrine et la tête cachée par un coussin. Bordel qu'elle est belle. Je ressors rapidement comme si je n'avais pas fait éruption de la salle où elle repose et je retrouve vers Kaleb.

- Elle dort, disais-je tout simplement.

Un soupir de soulagement s'évade de ses lèvres et mon regard interrogateur le fait éclater de rire.

- Heureusement qu'elle dort ! Anyssa est infernale ! Une garce pire que Britney !

J'éclate de rire en imaginant des scènes dans ma tête et laisse le temps passer en aidant encore et encore le groupe à préparer la soirée qui devrait être démente pour chacun de nous.