CHAPITRE 34

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Les pieds pendant dans le vide, je tiens la lettre entre mes doigts. Une heure que j'ai quitté ma maison pour me contenter d'une falaise. Le vent dans les cheveux, j'aimerais tant ouvrir cette lettre avec simplicité. Mais c'est tout le contraire. Je redoute le moment de l'ouvrir. Pourquoi Finn n'est-il pas là pour m'épauler ? Parce que je lui ai caché tant de secrets qu'il a besoin de temps. Il est là pour moi et je ne lui ai rien dit. Mes mains tremblantes ouvrent silencieusement l'enveloppe. Je sors un papier blanc cassé, pliée en deux de celle-ci et je l'observe. Une tâche de café perle au coin de cette feuille et cela me rappelle les cafés noirs qu'elle sirotait tous les matins. Mon souffle se mélange avec le vent et j'ouvre sa lettre et la lis.

Ma poupée, excuse-moi pour tout. Pardonne-moi pour l'horreur que tu vas subir. Je suis sûrement la pire des mères, mais un jour, tu comprendras mon choix. Je t'aime de tout mon cœur Anyssa. Continue à vivre, je serais toujours là pour te protéger avec ton père et ton frère. Des cieux, nous te guiderons pour l'éternité.
Maman.

Je relis l'encre du papier encore et encore jusqu'à peut-être trouver quelque chose qui m'aiderai mais non. Je referme en tremblant la lettre et l'enfonce dans ma poche et je sors mon portable.

Rentre chez moi, nous devons parler.

Je n'attends pas sa réponse et je roule retournant chez moi après une heure d'escapade. Je rentre en posant les clés sur l'étagère et trouve Britney, Anthony, Jensen et Tyler en train de parler sur ma terrasse. Lorsqu'ils entendent mes talons, leur conversation se termine, Britney court jusqu'à moi et me prend dans ses bras. J'ouvre grand les yeux sous sa soudaine étreinte et je la serre à mon tour. La sonnerie de ma maison nous coupe et je me retire pour ouvrir. La mère de Finn se trouve derrière la porte et je l'invite gentiment à rentrer chez moi mais elle décline.

- Que se passe-t-il Madame Honnor ? demandais-je en m'appuyant contre la porte.

Je crois qu'elle pleure.

- Il faut que tu viennes avec nous Anyssa, continue-t-elle, c'est Finn.

- Quoi Finn ? demandais-je en me perdant dans son regard et ses larmes.

- Il a eu un accident de la route.

Mon cœur manque de s'exploser contre le marbre. Je récupère mes clés que je venais à peine de poser et je retourne à ma moto en courant.

- Quel hôpital ?

- Celui de l'Est.

Je démarre et conduis dans Memphis pleurant Finn. Pourquoi les malheurs n'arrivent-ils qu'à moi ? Arrivée, je bondis de mon engin et cours à l'accueil.

- Mon ami Finn Honnor vient d'être amené en urgence ici, où est-il ?

Mon impolitesse la surprend et la mère de Finn arrivant dans mon dos repose la question poliment. Nous montons au quatrième étage où il est hospitalisé et je m'écroule sur la chaise de la salle d'attente.

- Que... Que s'est-il passé ? demandais entre deux sanglots.

- Il était sur son portable au volant, ses roues ont déviés, il a foncé dans la voiture de l'autre côté. Sa tête aurait été touché, termine-t-elle en s'écroulant dans mes bras.

Putain. Mon message. Il allait me rejoindre. Tout est de ma faute. J'éclate en sanglots dans les bras de sa mère qui pleure toutes les larmes de son corps. Son père a le visage refermé et vide, et sa petite sœur de huit ans tient dans les bras de leur père. Je suis un monstre. Je détruis tout ce qui m'entoure. Ma famille, mon meilleur ami, sa famille. Mes pleurs sont incessants et je ne lâche pas sa maman anéantie qui me serre fermement contre elle tandis que nos visages baignent dans les larmes. Nous restons ainsi à pleurer son accident jusqu'à ce qu'un médecin vienne nous voir après deux heures d'attentes.

Je me lève d'un bond, tenant la main de la mère de Finn dans la mienne et nous faisons face à un homme sérieux.

- L'opération s'est bien déroulé, vous pourrez le voir dans quelques minutes, nous allons le mettre dans une chambre individuelle mais il mettra plusieurs heures pour se réveiller.

Je bafouille en sortant mon portable et je tremble en écrivant mon message.

Finn a eu un accident, on annule le défi, on le déplace pour plus tard. Je reste à l'hôpital jusqu'à ce qu'il aille mieux. Tyler, ferme ma maison et garde mes clés, je rentrerais pas tout de suite.

Je coupe mon portable gardant sa batterie et je regarde le médecin et les parents de mon meilleur ami interloquer. Je m'approche de Nina, sa cadette et je m'agenouille devant elle et la prends dans mes bras. Ses yeux vert pomme sont maintenant rouges, ses cheveux blond platine d'habitude parfaitement lisse sont maintenant emmêlés et son visage est mouillé autant que le mien. Je la serre fort contre mon corps et la rassure avec mes mots. Ton frère va bien, il dort. Ne t'inquiète pas, il se repose. Tu pourras bientôt lui parler, le voir sourire. Je sens son sanglot contre mon cou et mon cœur se brise. Je suis la cause de son accident, et je ne peux rien faire d'autre pour les aider. Je la prends dans mes bras et nous descendons au troisième étage et rejoignons la chambre 320. Je laisse descendre sa petite sœur et elle court s'asseoir dans le petit canapé pour être à côté de son frère.

- Ne t'inquiètes pas Finn, murmure-t-elle, on est tous là.

Mon cœur se réchauffe à sa phrase mais ses parents pleurent dans mon dos, je me dégage et regarde le corps de mon meilleur ami inconscient. Pardonne-moi Finn. Tout est entièrement de ma faute. Je refuse de rester ici en me sentant inutile, je sors sortant l'excuse « je vais nous chercher des cafés, nous en aurons besoin. » Je récupère un jus de pomme pour Nina et trois cafés noirs sans sucres et je souffle avant de retourner auprès de ce que j'ai cré. Nous restons tous, assis ou debout, en silence dans la chambre. Les heures s'écroulent et les bips de la machine commencent à me sortir par les oreilles. Nina s'est endormie, fatiguée de sa journée et les voir dans un si mauvais état m'arrache les mots.

- Rentrez coucher Nina, je vous appellerais dès qu'il se réveille.

- Je vais rentrer, continue son père en prenant sa fille dans ses bras. Liz, tu restes ici ?

Elle me lance un petit regard et je lui dis que je ne rentrerais pas chez moi tant qu'il n'est pas réveillé. Elle hoche la tête à son mari et sort demander deux lits pour que l'on puisse s'allonger attendant le réveil de Finn.

Mais plus les heures passent plus son réveil se fait attendre, il doit être trois heures du matin et Finn n'a pas ouvert les yeux.

Je t'en supplie réveille-toi Finn. Tu es la seule famille qui me reste. Pardonne-moi putain pardonne-moi.

Je me tourne et me retourne dans le lit jusqu'à laisser tomber le sommeil pour prendre place dans le petit canapé à ses côtés. Je laisse les heures défiler et j'observe Finn attendant son réveil plus que tout au monde.

L'IMMORTELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant