L'IMMORTEL

CHAPITRE 30

TYLER

Jensen est allongé depuis une heure sur mon lit et j'essaye en vain de savoir de quoi il a parlé avec Anyssa.

- Dans tes rêves Ty' me répète-t-il en français depuis deux minutes. Je dois me la fermer.

Je lui lance un regard triste et noir à la fois jusqu'à ce qu'il me surprenne en se levant d'un bond pour tenir sur ses jambes.

- Je t'explique mais nous allons dehors ici j'étouffe, ça me rappelle que je suis resté enfermer dans une chambre d'hôpital.

- Oui ! répondais-je au tac tac après sa phrase.

J'enfile en vitesse mes chaussures, lui aussi et nous sortons dans notre rue qui reste déserte comme à son habitude.

- Alors ? lui demandais-je dès qu'il est accoudé sur le muret.

- Promets-moi de ne pas t'énerver, dit-il en regardant dans mon dos mais surtout en parlant en anglais. Si je t'ai fait mariner une heure et qu'on est dehors c'est parce qu'Anyssa voulait que je te fasse sortir à dix-huit heures. Désolé mec, elle m'a tout expliqué tout à l'heure.

Je me retourne et trouve Anyssa accoudé contre sa bécane, une clope entre les lèvres. Ses lèvres. Normal que tu ne l'ai pas vu Tyler, elle était cachée derrière chez toi. Elle laisse son engin seul pour s'avancer jusqu'à nous.

- Tu sais Jensen, je comprends et parle le français. Donc si vous voulez cacher quelque chose c'est raté !

- Trop bien ! lui répond-t-il en la tchéquant. Mais bordel je te le répète depuis le début, appelle-moi Jen' parce que Jensen ça fait beaucoup trop sérieux.

- D'accord lui répond-t-elle en riant puis elle se tourne enfin vers moi. Ty' t'es prêt ? demande-t-elle en reprenant sa langue natale.

- Je t'ai dit tout à l'heure que non.

- Bougez pas, réplique mon meilleur pote, je reviens.

Et il disparaît dans la maison et revient avec un sac gris ? Qu'il me lance et que je rattrape au vol.

- Emmène-le où tu veux, ses parents m'ont dit oui et j'ai préparé quelques affaires nécessaire tu vois le truc Ty' ? explique Jensen en arquant un sourcil. Et puis j'ai la chambre pour moi seul ce soir !

Je lève les yeux au ciel tandis qu'Anyssa éclate de rire avant de me tendre un casque. Pour une fois qu'elle en prend un. Et elle remercie Jensen sur ce coup avant de rejoindre sa bécane qu'elle enjambe rapidement. Je souffle en fusillant du regard Jensen qui repart chez nous en murmurant « baise-la » et j'éclate de rire. Je me retourne et passe le sac sur mon dos avant de m'accrocher à la taille d'Anyssa. Putain. Son parfum sent la cannelle comme l'autre soir.

Respire. Expire. Respire. Expire.

Elle démarre sous mon approbation et n'ayant pas de casque pour elle puisqu'elle me prête le sien, ses cheveux volent contre sa veste en cuir noir où les quelques rayons de soleil reflètent par-dessus. Nous zigzaguons entre les bus et les voitures, nous éloignant de Memphis et nous rapprochant d'une ville dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce qu'Anyssa se gare vers le panneau d'entrée.