« La tristesse vient de la solitude du coeur » — Montesquieu
C'est là. C'est là que j'ai compris que je l'aimais vraiment. Quand j'ai vu que tout ce que je voulais, c'était qu'il soit heureux, même si cela impliquait ma propre destruction. Un mois s'est écoulé, un long mois durant lequel je n'ai cessé de m'empêcher d'éprouver quoi que ce soit pour lui. Mais évidemment, je n'y suis pas parvenue. Ce n'est pas si simple. J'aurais dû m'éloigner à la seconde où j'ai commencé à m'attacher.
Je revis dès que je lui parle, même si c'est derrière un écran ; je revis dès que je le vois. Et c'est mauvais signe. Mon bonheur ne doit pas dépendre de quelqu'un d'autre ; je ne dois pas dépendre de quelqu'un. Je me martèle cette phrase chaque jour, avec l'espoir que cela s'éteigne. L'espoir... Qu'il est beau !
Ce n'est pas de sa faute à lui, je ne lui en veux pas, les sentiments ne se contrôlent pas. Ils ne dépendent pas de lui, de moi. Je ne veux que son bonheur. Et puis, je m'en remettrai. Je dois l'oublier, c'est tout. Je suis stupide de m'être imaginée des choses. J'ai oublié qu'on préfère envisager sérieusement les meilleures possibilités. On est tous un peu égoïste. Au fond, on espère tous trouver celui ou celle qui saura nous réparer pour mieux nous faire voler.
Jamais je n'aurais dû me laisser contrôler par ça, jamais je n'aurais dû perdre le contrôle. J'étais à côté de la plaque, et je ne m'en rendais pas compte, volontairement, je crois. Je me suis laissée influencer. J'aurais dû rester méfiante, fermée, insensible, étouffer ces fichus sentiments dès le début. Alors, je n'aurais pas été déçue, je n'aurais pas eu mal, mon coeur recollé ne se serait pas à nouveau déchiré, je n'aurais pas pleuré pour lui. J'espère qu'il ne le saura jamais. Vraiment, cela doit rester secret. Nul ne doit l'apprendre. Rien ne devra jamais transparaître, mais c'est mon truc, les masques. Je devrais réussir à camoufler tout ça, à le réduire en poussière, à le désintégrer. C'est logique quand on y pense. Après le temps des secrets est venu le temps des regrets.
A trop vouloir espérer, je me suis brûlée les ailes. Ça m'apprendra. En espérant que cette fois j'ai bien retenu la leçon.
Malgré tout, je note un aspect positif : ma tristesse infinie n'est plus dûe à des remarques blessantes quotidiennes, ni à des regards dégoûtés, ni à coups verbaux. C'est à présent une vaste peine de coeur. Ma toute première. Est venu les temps de passer à autre chose. Peut-être devrais-je écrire quelque chose ? Bof, je n'ai pas envie de broder des lignes sur un amour adolescent dont je ne me rappellerai plus dans quelques années. En revanche, il y a cette phrase, cette phrase qui fend mon esprit depuis ce matin ; celle-là je me dois de l'écrire pour ne pas l'oublier.
« Ne les laisse pas éteindre les flammes qui brûlent en toi. N'écoute pas leur litanie. La mauvaise bête est toute vêtue de lin et le démon est tout vêtu de noir. Avance, les flammes te guident, et bientôt, la lumière brillera, je te le promets.
Ne te fais pas de mal comme ça ! Je t'en prie ! Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques ! Ah, tu te craquèles encore plus ! Ne vois-tu pas que ta souffrance n'en est que plus forte ? Le sang coule sur tes perles gisant au sol. Ces marques sont sur ton âme. Pourquoi ne m'as-tu pas écoutée ? J'étais là, dans l'obscurité. Tu m'as encore plus enfoncée.
Mais toi, grande égoïste, tu n'as pensé qu'à toi. Tu n'as pas vu que tu faiblissais, que ta lumière s'éteignait au profit d'une autre plus sanglante. La seule chose qui t'importait était de ressentir.
Toujours les mêmes erreurs. Tu n'apprendras donc jamais ? Contrôle-toi ! La mort te frôle un peu plus chaque jour, et ton coeur saigne un peu plus.
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R & J
Teen Fiction« L'Enfer, c'est les autres. » - Jean-Paul Sartre Avez-vous déjà perdu tout espoir ? Vous êtes-vous retrouvé(e) au fond du gouffre ? Avez-vous dû faire semblant ? Vous êtes-vous déjà rendu(e) compte que l'enfer, c'est les autres ? Astéria Redwood...