« Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou. » — Friedrich Nietzsche
« Intello » « Machine »
Est-ce que je ne le chercherais pas un peu en récoltant de très bonnes notes ? Est-ce que je n'étale pas mon savoir en répondant parfois aux questions des professeurs qui m'interrogent sans que je ne lève la main ? Est-ce que je n'expose pas tout ce que je sais en citant parfois des vers au détour d'une conversation ? « Non ! » je me raisonne, « non ».
J'ai envie de croire que c'est non. Mais, c'est toujours plus simple de penser ce qui nous arrange, de modifier la vérité et d'interpréter de la manière qui nous sied le plus. On préfère entendre de bonnes choses, mêmes si elles sont fausses, à de mauvaises choses vraies.
Je soupire. Flora me jette un coup d'œil et me sourit en tapotant sa montre sur son poignet, me rappelant qu'il reste cinq minutes de cours. Je préfère qu'elle mette mes soupirs sur le compte de l'ennui plutôt que sur la nature de mes pensées et pseudo prises de conscience. À quoi pensais- je moi ? J'espérais que quelqu'un rentre dans ma tête et me dise « non, ce n'est pas ça et tu le sais très bien » ? Qu'il me comprenne ? « Ne prends pas tes rêves pour des réalités » songé-je, plus réaliste que pessimiste. S'imaginer tout un tas de choses improbables en permanence n'était pas la solution. Pire encore, le retour à la réalité était plus que brutal et douloureux... J'écris sur la feuille le cours que dicte le professeur, mais le coeur n'y est pas, mes oreilles non plus. Je ne sais même pas de quoi on parle. Je risque de le regretter quand je reverrai ce cours. Je n'allais pas vivre ad vitam eternaæm dans ma tête, dans mon monde fabriqué de toute pièce, bien que l'idée me séduisait.
C'est la fin du cours. La sonnerie vient de retentir. Le professeur note in extremis les devoirs au tableau et tout le monde s'empresse de les copier afin de faire bonne figure, alors que la moitié ne vont pas les faire. Je m'étire tel un chat et range mes affaires pour sortir celles du cours suivant. Je me lève et ouvre la fenêtre, non mécontente de sentir de l'air frais caresser mon visage. Peut-être cela pourra-t-il me réveiller. Mais, je vois Aleksi venir vers moi. Ses yeux bleu perçant me déroutent et je ne peux m'en détacher. C'est toujours comme ça.
« Alors, la petite, ça te fait quoi d'être plus grande assise que debout ? lance-t-il, arrivé à ma hauteur.
Le bleu de ses yeux est si intense que je me perds momentanément dedans. Les autres autour de nous s'effacent comme d'un coup de gomme. Nous ne sommes plus au fond de la salle de classe, mais sous une valse de flocons blancs. Ce n'est pas pour autant que je perds ma répartie.
— La même chose que quand je te fais ça, je lui rétorque en lui faisant un doigt d'honneur.
Il éclate de rire, et comme son rire est contagieux, je ris à mon tour. C'est fou comme une personne peut changer votre humeur en un quart de seconde. Il y a à peine quelques minutes, j'étais encore assise à ma table à me morfondre. Je jette un coup d'œil à la salle de classe : la moitié des élèves sont sortis, dont le groupe fatal que je prie pour ne pas croiser au détour d'un couloir. Les choses sont ce qu'elles sont, et si certaines d'entre elles ont changé en l'espace de quelques mois, d'autres sont restées identiques.
— J'ai faim ! se plaint Flora en regardant Jace et Rosie se bécoter à l'autre bout de la salle
Aleksi suit son regard.
— Là, c'est gênant.— Quoi ? se récrie celle-ci
— Tu dis ça en les regardant ! riposte Aleksi
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R & J
Novela Juvenil« L'Enfer, c'est les autres. » - Jean-Paul Sartre Avez-vous déjà perdu tout espoir ? Vous êtes-vous retrouvé(e) au fond du gouffre ? Avez-vous dû faire semblant ? Vous êtes-vous déjà rendu(e) compte que l'enfer, c'est les autres ? Astéria Redwood...