17 ~ Astéria ☆

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« Et je m'étais dit qu'une étoile filante, c'était une étoile qui pouvait être belle mais qui avait peur de briller et s'enfuyait le plus loin possible. Un peu comme moi. » — Joël Dicker, La Vérité sur l'Affaire Harry Québert

Et j'attends. Seule. Pensive. Dans l'obscurité pesante de mes pensées. La faible lumière de ma lampe de chevet ne parvient pas à m'éclairer. J'ai mon stylo dans ma main. Il ne s'agite pas sous l'effet de ma plume. Aucun mot n'en jaillit. Rien, nada. Tout un tas d'émotions et de sentiments bouillonnent en moi, formant un insupportable imbroglio qui rend mes mains tremblantes et qui accélère les battements de mon coeur. Je suis incapable d'exprimer ce que je ressens, de mettre des mots sur ce qui tourbillonne en moi.

Je lève ma tête vers le plafond blanc. Le ciel est tout proche, si on y réfléchit bien. Voilà pourquoi j'aime les hauteurs et les toits ; on a l'impression d'être un étage en-dessous du ciel. Un jour, j'irai dormir sur les toits, sous la brise étoilée, sous le Toit bleu. De mon doigt j'en tracerai les sentiers, et de mon coeur j'en embrasserai chaque signe glissant. Et peut-être, oui peut-être, qu'il y aura Aleksi avec moi. C'est la seule personne qui, je le sais, ne me jugera pas. C'est la seule personne tout court, si on y réfléchit bien. Et je crois, oui je crois, que la solitude me pèse trop. Peut-être que la solution, c'est de s'entourer ; peut-être qu'on n'est jamais seul.

~

Un, deux, trois, quatre. Je tapote du pied le sol du couloir, mimant les battements rythmiques d'une chanson oubliée. Quoique, cela pourrait bien être les battements de mon coeur, aussi. Je soupire et regarde le couloir désert. Je déteste arriver en avance. La journée risque d'être longue. Je balaye d'un regard l'écran de mon téléphone. Aucune notification, rien. C'est pourtant ce que font les adolescents dans les films ou dans les livres, quand ils sont seuls. Alors quoi, ils font semblant ? Ou bien c'est plutôt moi le problème. Je souffle discrètement, histoire de ne pas déranger les quelques rares autres lycéens qui, assis, contre le mur, ont la tête dans leur monde musical.

J'entends des bruits de pas provenant du bout du couloir, à moins qu'ils ne viennent de l'étage d'en-dessous ? Mes yeux vrillent machinalement vers la personne avant de les détourner aussitôt en sentant mon coeur bondir. Cette démarche, ses yeux ravageurs, je l'aurais reconnu entre mille. Sa sœur n'est pas là. Est-elle malade ?

« Ne te moque pas de moi, grogne-t-il en arrivant à ma hauteur, les yeux encore rougis par le sommeil, mais je me suis réveillé en retard en rencontrant le plancher de ma chambre, après avoir fait le rêve le plus étrange de toute ma vie où je rencontrais quelqu'un qui s'appelait comme moi. Enfin bon. Arrête de me regarder comme ça, je n'ai pas eu le temps de me raser alors oui j'ai l'air d'un ours !

— J'ai rien dit, protestai-je, et pour quelqu'un d'en retard, tu es plutôt en avance.

— J'ai couru, ok ?

— D'où la petite odeur, le piqué-je, gentiment

— Mon parfum est irrésistible, toutes les filles craquent. Il n'y a que toi qui trouve ça désagréable, réplique-t-il sur un ton arrogant

— Tu rigoles, Jenkins ? Tu sens le fauve, me moqué-je

Il roule des yeux mais s'esclaffe tout de même. Son sourire d'abord narquois laisse place à un autre sourire, plus sincère, plus vrai.

— Je préfère te voir comme ça, souligne-t-il

Je ne réponds rien et me contente de sourire, sentant mes joues prendre une teinte rosée. C'est vrai qu'il sent bon, en plus.

R & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant