(20) Le début de la fin

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Point de vue Selena

Mes paupières s'ouvrent lentement, comme si quelqu'un tirait les rideaux de la chambre. La nimbant de la douce lumière du petit jour. Je plonge ma tête dans l'oreiller, pour oublier encore quelques secondes que le jour s'est levé. Mon nez dans la taie, je hume une odeur qui n'ai clairement pas la mienne. Je me redresse dans un mouvement brusque, me faisant tomber du lit. Les fesses par terre, je balaye la pièce du regard en grognant à cause de ma chute. Je baisse les yeux et découvre avec stupeur que la couverture, enrouler autour de mon corps couvre ma nudité. Ciel, qu'ai-je encore fait ?

Je crois le savoir, je ne veux juste pas y penser. Je soupir de soulagement en constant que le lit est vide, qu'il est déjà parti. Mes mécanismes de défenses s'enclenchent, je me frappe le front en jurant. Je ne dois pas tomber irréversiblement amoureuse de lui, je crois que j'en mourrais. Pour ce qui est de l'attachement et d'avoir des sentiments, il me semble que c'est trop tard. Le mal est fait. Je me cogne le front contre un mur. Fait chier !

Le regard lasse, je fixe les ecchymoses qui sont pareilles à des taches de feutres sur mes cuisses. Soudain je comprends où est partit Matty. J'enfile à la hâte ce qui se trouve le plus près de moi, à savoir mon t-shirt et ma culotte, puis file dans ma chambre pour m'habiller.

Alors que je sautille dans le salon pour mettre ma dernière chaussure, je croise Nick fourrant deux pancakes entiers dans sa bouche. Je le dévisage en grimaçant, m'abstenant de tout commentaire. Remarquant que lui aussi est déjà habillé en cette heure matinale, je lui demande de m'emmener chez mon père pour éviter une catastrophe. J'ai toujours aussi mal au dos, je ne peux donc pas conduire. Trop occupé à dévorer son petit-déjeuner il ne prend même pas la peine de m'écouter, ou ne serait-ce que me regarder. J'aurais préféré demander à Jonas, qui lui au moins aurait de suite accepter, mais avec son plâtre et ses béquilles cela me semble compliqué.

Agacée, j'attrape l'assiette pleine et lui la mets sous le nez. Lorsque je suis certaine qu'il a vu cette dernière je l'éloigne de lui. Dirigeant les pancakes chaud et moelleux vers la porte de sortie, en ronchonnant il me suit. Et c'est avec cette puérile méthode que je l'emmène jusque dans le véhicule. Je dépose l'assiette brulante sur mes genoux et attache ma ceinture sous le regard déboussolé du blond.

- "Eh mais on fait quoi là ?!"

Je rechigne quelques secondes en lui réexpliquant la situation délicate. Enfin, il met la clé dans le contact et démarre dans un crissement de pneus assourdissant. Je regarde les avenues défiler, les feux passer du rouge au vert. J'en profite pour moi aussi manger ces délicieux pancakes, je ne m'étais pas rendue compte que j'étais affamée.

Arrivée devant l'imposante bâtisse en briques rouges, la voiture s'arrête brutalement. Je foudroie Nick du regard, lui lançant un pancake au visage. Je ricane, me dépêchant tout de même de sortir à la vue de l'urgence de la situation. Je ne sais pas vraiment pourquoi Matty a fourré son nez dans mes affaires, tout ce que je sais c'est qu'il l'a fait.

Les muscles tendus par l'anxiété, je tambourine à la porte avec l'affreuse impression que je reproduis les battements endiablés de mon cœur. Après de longues secondes sans réponse, Nick m'intime de me pousser, ce que je fais sans broncher. Il donne un puissant coup d'épaule dans la porte, qui s'ouvre à la volée. Je lui adresse un grand sourire ponctué d'un clin d'œil charmeur pour le remercier. Puis, ensemble nous nous engouffrons dans la maison. La demeure est si silencieuse que cela m'effraie, j'attrape l'avant-bras du blond pour essayer de cesser de paniquer.

Traversant le salon à pas feutré je cesse de respirer lorsque je le vois. Mes ongles s'enfoncent dans la chair de Nick, qui d'instinct, tourne son regard dans la direction que je regarde. Incapable de détourner les yeux. Matthew, la main sur le buste de mon père, l'a plaqué contre la baie vitrée. Ils sont tous deux sur la terrasse donnant sur le jardin. Je sens les larmes me monter aux yeux.

Aime moi si tu l'oses (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant