Aime moi si tu l'oses (TERMINÉ)

(13) Chiens et chats

Point de vue Selena

Lui et moi c'est comme le feu et la glace. Aucun de nous, généralement par fierté, ne peut abdiquer. Comme deux pôles qui sans cesse se repousse. Il est cet iceberg froid, intransigeant, sans émotion. Il est ce feu ardent, incandescent, incendiant des océans entiers.

Cotonneuse, j'ouvre lentement les paupières, ma main toujours dans celle de Matty. Alors que je me tourne légèrement, les bras du beau brun viennent automatiquement emprisonner mes hanches. Un délicieux frisson remonte le long de ma colonne vertébrale, pétillant dans mon crâne. Nos jambes emmêlées, je prends le temps de l'admirer. Sa bouche légèrement ouverte, sa mâchoire puissante, ses paupières fermées, ses cheveux ébène en bataille. Même en dormant il est parfait...

Il est bien plus grand que moi en taille, mesurant plus d'une bonne tête de plus que moi. Bien que nous soyons allongés sans chahuter, j'ai l'impression d'être toute petite, d'autant plus que ses bras font le double des miens. S'il voulait me faire mal, il y arriverait sans problème. Comme s'il avait entendu mes sombres pensées, Bennington me rapproche de lui, même si je le voulais je serais incapable de me détacher de l'étau que forment ses muscles contractés autour de moi.

Les yeux rivés sur le ciel agrume, détaillant le soleil qui entame sa descente dans l'horizon et les quelques nuages effilochés filant au vent, je passe distraitement mes doigts dans les cheveux du jeune-homme. J'ai cette sensation étrange, au creux du ventre, me disant que je me sens bien dans ses bras. Que je pourrais m'y prélasser durant des heures, des années.

- "Salut jolie Selena"

Sa voix rauque et éraillée et incroyablement sexy. Pourtant lorsque que je le regarde, je remarque qu'il n'a même pas ouvert les yeux. Je soupire, me rapprochant encore de lui jusqu'à nicher ma tête aux creux de son cou. Je chuchote, peu certaine de vouloir une réponse :

- "Comment tu peux être persuadé que c'est moi ? Et pas une autre de tes..."

La fin de ma phrase meurt au coin de mes lèvres, comme si ma langue s'enroulait autour des mots, les retenant. Matthew glisse une main derrière ma nuque, touchant un point particulièrement sensible. Les yeux toujours fermés il murmure :

- "Je le sais parce que là tu as une cicatrice. En CM1 tu te balançais si fort sur ta chaise que tu t'es pris le radiateur de derrière. Tu as eu trois points de sutures."

J'écarquille les yeux, surprise qu'il se souvienne de cette scène et qu'il sache tant de chose. Puis sa main glisse sur mon épaule, effleurant un relief sur ma peau nue. Il continue, sans ouvrir les yeux :

- "Je sais que c'est toi parce que là tu as une autre cicatrice, à cause d'un foutu vaccin et d'un infirmier incompétent."

J'ouvre la bouche incapable de parler, tandis que ses mains sillonnent mon corps, caressant une à une mes imperfections. Je me recroqueville tandis que ses mains sur mes reins touchent d'anciennes griffures :

- "Ça c'est le jour où tu as voulu faire la maligne en grimpant à des fils barbelés et qu'en sautant de l'autre côté tu t'es loupée."

Il ouvre les yeux, ses prunelles d'un bleu glaciers me happent toute entière. Hypnotisée, fascinée, transcendée, je ne peux détacher mon regard du sien. Le souffle coupé, je sens ses mains trouvées avec aisance chacun de mes imperceptibles défauts, ceux que je pensais avoir oublier.

- "Je te connais Selena. Physiquement et mentalement. Je sais quelles tes fêlures mentales, tes blessures physiques. Je sais absolument tous."

Je peine à reprendre ma respiration, mon cœur cogne lourdement dans ma cage thoracique, manquant quelques battements. Les bras de Matty viennent naturellement se replacer autour de moi, comme si cela avait toujours été leur place. Comme toujours, il ne peut s'empêcher de balader ses doigts sur mon corps, bientôt sa main descend sur mes fesses. Mais pour la première fois cela ne me gêne pas, je passe même mes doigts sous son t-shirt. Essayant de garder l'empreinte de sa peau sur la mienne.