(19) Viens, touche mon corps

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Point de vue Selena

Je noue mes cheveux en un rapide chignon, d'où s'échappe quelques mèches. Je verrouille ma porte d'une main et mets mon pantalon de l'autre, attrapant un vieux sweat gris foncé que j'enfile également après avoir retiré mon pull cent fois trop grand. Je me maquille un peu pour cacher mes cernes et mon teint blafard. Au moment même où je finis de me mettre du rouge à lèvre d'un rose foncé presque violacé, on toque à ma porte. J'ouvre un peu trop brusquement faisant sursauter Nick.

- "Tu as meilleure mine !"

Il ponctue son exclamation d'un clin d'œil charmeur, et je me surprends à glousser. Dire qu'il y a quelques années on ne s'appréciait pas. Pour la simple et bonne raison qu'il était le meilleur ami et sous-fifre de Bennington. Au final, si on ne s'était jamais adressé la parole, si on n'était jamais passé au-dessus de nos différents. J'aurais loupé une super personne.

Il m'attrape par le bras, me sortant de ma rêverie. J'attrape mon sac à main à la volée, et le suis dans les escaliers. Le plus pénible est lorsque nous montons dans la voiture, j'ai bien trop mal pour conduire. Rien que caler mon dos sur le dossier du siège passager est une atroce torture. Je mets cinq bonnes minutes à m'installer, sous les yeux attendries et peinés des garçons.

Je regrette presque l'absence Matty, mais le peu que nous avons construit est fini. Nous ne sommes qu'amis.

Je sursaute quand Jonas me donne un léger coup de béquille sur la jambe, j'ouvre les yeux, me rendant compte que nous sommes arrivés et que je m'étais assoupie. J'ouvre ma portière, les yeux plein d'étoiles. Nous nous tenons tous les trois devant la célèbre enseigne de pizzas. C'est un peu notre rituel du week-end, nous nous goinfrons de cochonneries sans regarder les calories.

Soudain un corps se plaque au mien et deux bras, que je ne connais que trop bien, passent autour de moi. Malgré la douleur que produit cette étreinte, je sourie. Sally. Elle se détache de moi, sautillante et pétillante. Trépignant d'impatience, je pivote la tête vers mes deux amis blonds, les remerciant silencieusement de l'avoir invité. Bien que nous nous soyons vu toute la semaine dans les couloirs de notre boulot, il est nettement plus agréable de se voir en dehors.

Nous entrons dans la pizzeria bras dessus et bras dessous. Nick à ma droite, Sally à ma gauche. Nous gloussons aux blagues de Jonas, les passants nous lancent quelques regards curieux. Il est vrai que notre quatuor doit sembler bizarre, improbable même. C'est ce là que j'aime.

Quelques pizzas et cocktails plus tard, nous déposons Sally chez elle. La petite dose d'alcools coulant dans ses veines la rend encore plus folle et heureuse. Après de vigoureux signes de mains nous la faisons, pour nous aussi retourner à la maison. Sur le chemin du retour nous ne cessons de rire, et j'oublie un court instant mes chagrins.

En rentrant, je me dépêche de piquer la salle de bain avant que quiconque ne la prenne. Je me fais couler un bain, songeant que le jet de la douche m'arrachera probablement le peu de peau qu'il me reste. Je reste dans l'eau chaude, à regarder les paillettes que produit la lumière sur la mousse de mon bain, à observer le mur carrelé rose et blanc aux motifs de lotus. Le corps entier immergé, je ferme les yeux, m'accordant quelques instants pour cesser d penser, de me tracasser. Quand enfin l'eau se tiédit et se refroidit je me décide à sortir. Je noue une serviette moelleuse autour de mon corps fripé comme un vieux pruneaux à cause de l'eau. Les cheveux dégoulinants sur mon dos, je regagne ma chambre à pas feutré.

J'enfile un des t-shirts que Matty a certainement oublié dans ma chambre. Je me surprends à savourer les effluves de son odeur qui s'infiltrent dans mes narines. Je me frappe le front, constatant que j'ai oublié mes affaires sales dans la salle de bain. En soupirant, je sors, sans cesser de tirer le chandail sur mes cuisses, car ce dernier ne couvre pas entièrement mes fesses. Alors que j'ai la main sur la poignée de la porte, celle-ci s'ouvre d'un coup sec. Je recule, découvrant Matthew, le corps luisant. Une simple serviette noué autour de ses hanches. Mes prunelles braquées sur ses abdominaux, je relève mes iris vers les siennes.

Aime moi si tu l'oses (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant