(18) Pouvons-nous rester amis ?

363 23 0
                                    

Point de vue Selena

C'est étrange de voir Matty me soigner, sans avoir une quelconque arrière-pensée. Assise à côté de l'évier je le regarde panser mes plaies, physiques et mentales. Sa main est brûlante sur ma cuisse, si nous n'étions qu'amis il ne me toucherait pas ainsi. Sommes-nous capables de l'être ?

Je grimace lorsqu'il passe du désinfectant sur une des entailles parcourant ma côte. Les larmes me montent aux yeux, je ferme les yeux un court instant. Je sens alors sa main se glisser avec tendresse dans mes cheveux. Automatiquement j'ouvre les paupières et le frappe gentiment sur le dos de sa main.

- "Les amis ne font pas ce genre de choses Matty."

Ma voix sort en un affreux glapissement, comme si je n'avais plus parlé depuis des centaines d'années, voire des milliers. Bennington retire ses doigts de ma chevelure en baissant la tête. Ses soyeux cheveux ébènes tombent devant ses yeux, cachant une partie de son visage. Je me mords la lèvre, me retenant de justesse de l'embrasser. Je souffrirais certainement du simple fait que mon rythme cardiaque s'emballerait. Fait chier.

- "Pouvons-nous seulement l'être ?"

Je fuis son regard parce que lui et moi ne voulons pas capituler. Sa voix est éraillée, il ne cherche pas à cacher ce qu'il ressent. Bien que cela soit sa spécialité, il a toujours été très doué dans ce domaine. De même que faire de la peine. Je fuis encore son regard quand il fait pression sur mes hanches dénudées, me forçant à me retourner. Me mettre dos à lui, pour contempler l'étendue des dégâts.

Je serre la mâchoire quand de ses doigts il caresse les écorchures qui zèbres mon dos. Des fêlures, des fissures scindant ma chair. Dans les orbes de Matthew, je voyais briller une lueur de colère. D'après lui et son expression c'est comme si je revenais des enfers. Je me devais de lui donner un minimum d'explications.

Les genoux contre l'évier, les talons collés aux fesses je sens la compresse qu'il tient frotter mes blessures. Je grimace de douleur, heureuse qu'il ne me voit pas. Je murmure si bas que je suis peu certaine qu'il m'entende :

- "Rien ne s'est déroulé comme tu le crois..."

Je me racle la gorge pour me donner du courage, mais déjà mon nouvel ami me coupe la parole en sifflant durement :

- "Je ne crois rien. Je constate beaucoup de choses en revanche. Tu ne t'es sûrement pas infligée cela seule, je me trompe ?"

Je sens ma lèvre inférieure tremblée. J'ai envie de rire aux larmes, de fondre en larmes. Tout ce qui me permettrait d'évacuer. C'est pour cela que je me dois de lui en parler, non seulement pur évacuer mais également pour tout clarifier. Qu'il ne se fasse pas de fausses idées. Toujours dos à lui je continue :

- "J'étais passé chez...lui, ce soir-ci."

Je sens ses mains se crispée sur ma peau en lambeaux, et à mon tour je me fige et me tend, n'osant plus battre un cil. Ni parler. Il sait qui je veux designer avec ce lui. Mon très cher père et géniteur. Peu à peu il se détend, je me décide donc à reprendre mon récit :

- "J'étais chargée de lui annoncer que ma mère allait se remarier. Et il a s'est littéralement emporté. Je ne l'avais jamais vu si en rogne."

Je pivote, faisant face à Matty. Ne me cachant plus. Le laissant entrer dans cette porte que je lui avais claqué au nez. Lui pointant du doigt le wagon qui a déraillé. Je m'humecte les lèvres, prenant une grande inspiration. Parce que Matthew pense savoir néanmoins il ignore tout.

- "Je jure qu'il ne m'a pas frappé. Il n'oserait pas lever la main sur moi, tu le sais aussi bien que moi. Pourtant tu étais persuadé du contraire. Il a fracassé et explosé tout ce qui se trouvait sous son nez. J'essayais de l'arrêter... Les débris volaient et éclataient de partout sur nous. Il a saccagé la maison de fond en comble et moi, je..."

Aime moi si tu l'oses (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant