- Je ne peux pas.
Mon front reste collé contre le sien. Mes yeux sont fermés mais ça n'empêche pas les larmes de couler le long de mes joues. Je commence à sangloter, silencieusement, mon corps seulement secoué par les sanglots.
- Je suis désolée.
Elle ne dit rien, mais je sens ses mains passer dans mes cheveux. Elle déplace ma tête pour que je sois posée contre son épaule. Elle caresse mes cheveux en silence, elle ne dit rien, elle me réconforte juste. Ça peut paraître fou mais ça ne me fait que plus pleurer, je n'arrive pas à m'arrêter. Je me redresse pour pouvoir la regarder. Ses pouces viennent essuyer les larmes sur mes joues.
- Je peux savoir pourquoi tu t'excuses ?
- Je, je ne sais même pas.
Je ris, un rire nerveux, je suis ridicule, assise sur les cuisses de ma future patronne, en train de pleurer parce que je n'ai pas pu l'embrasser. Demi vient attraper mon menton entre ses doigts avant de relever ma tête pour que je puisse la regarder dans les yeux.
- Tu sais, si tu es là ce soir, assise sur moi, c'est parce que je crois en ton talent, je ne suis pas là pour t'utiliser. Ça serait mentir de dire que je ne suis pas attirée par toi, mais je ne suis pas un animal, je ne veux pas que tu penses que tu es là, pour finalement passer sous mon bureau. Je serais complètement capable de travailler avec toi sans la moindre ambiguïté si c'est ce que tu souhaites, et si il faut attendre pour que je puisses goûter tes lèvres, j'attendrais, sans le moindre problème.
Je souris, en même temps que les larmes remontent.
- Par contre arrête de pleurer, je suis douée à un tas de choses, mais je ne sais pas gérer les gens qui pleurent.
Je ris face à l'air de dégoût qui prend place sur son visage. J'essaie rapidement mes larmes avant qu'elle ne me reprenne dans ses bras. Son étreinte est douce et rassurante, je me sens protégée, et aussi étonnant que cela puisse paraître, à ma place. Elle caresse mon dos du bout des doigts. Je passe mes bras autour de ses hanches, la serrant à mon tour dans mes bras. On reste comme ça, longtemps, jusqu'à ce que mes paupières commencent à devenir lourdes, jusqu'à ce que finalement je finisse par succomber à la fatigue.
Je me fais réveiller par de la musique, hispanique si j'en crois les rythmes et les quelques paroles que j'ai pu discerner. J'ouvre doucement les yeux et grognant. Je ne sais pas quel épisode j'ai loupé, mais je suis couchée sur le siège passager de Demi. Elle ne remarque pas directement que je suis réveillée alors j'en profite pour l'observer. Elle est concentrée sur la route, ses sourcils légèrement froncés lui donnant un air sévère particulièrement charmeur. Au bout d'un moment elle tourne rapidement la tête vers moi, sûrement pour vérifier si je dors toujours, et un sourire dessine ses lèvres.
- Comment tu te sens ?
Je m'étire, baille, avant de me frotter les yeux. Je relève le siège qui était mis en position couché.
- Déboussolée, j'essaie de comprendre comment je me suis retrouvée ici.
- Oh, tu t'es endormie sur moi, j'ai mis un peu de temps à m'en rendre compte. Je n'ai pas voulu te réveiller alors je t'ai porté jusqu'à la voiture.
Je rougis, je me suis endormie sur elle. Elle a dû me porter. Comme un enfant. J'ai rarement été aussi gênée de toute ma vie.
- Mon dieu, je ne voulais pas faire ça, j'espère que ça ne t'a pas dérangé.
- Tu es plutôt mignonne quand tu dors, enfin si on passe outre la petite trace de bave sur mon t-shirt. Oh et aussi ! Tu fais des bruits quand tu dors, comme des petits gémissements, c'est vraiment mignon ça, on aurait dit un petit chiot.
